Bon, je suis comme tout le monde. Depuis une dizaine de jours, je cherche une trace, une petite lueur d’espérance. Ce qui me frappe, c’est ce climat étrange, où se mélangent pêle-mêle,
*triomphe mimétique (les queues devant les kiosques, pour 7 millions d’exemplaires de Charlie),
*jubilation étrange, euphorie presque malsaine dans le contexte du deuil (le « jour de gloire », « l’union nationale »),
*manipulation extrême (l’apothéose du gouvernement),
*chape de plomb (sur les responsabilités directes, les failles, les ratés),
*indifférence totale à l’égard de l’extérieur (les massacres du Pakistan et du Niger, les exactions, églises incendiées, familles exterminées),
*puérilité absurde (comparaisons avec la Libération et 1918),
*conservatisme intégral (rejet viscéral de toute remise en cause et phobie d’un éventuel « Patriot Act« ).
* aveuglement, déni du réel (tout va bien dans notre société radieuse et rien ne doit être mis en question).
J’écoute la radio, lis les blogs des grands sages (Juppé, Chevènement, etc.), entends Rocard, Barnier, Bianco, etc. Je retrouve partout, sur toutes les ondes dominantes, sur tous les écrits, exactement, strictement la même chose, au mot près: ne surtout toucher à rien: politique de sécurité, frontières, immigration, intégration, religion…
Rien ne me fait plus horreur que le fayotage et la flagornerie. Pourtant, aujourd’hui, je dois admettre, en dehors de tout a priori, que mon ancien patron, Sarkozy, est le seul parmi les ténors de la politique française à dire quelque chose de sensé: « Il nous faut regarder la réalité en face. Comment en est-on arrivé à ce que (…) l’on tue des citoyens pour une caricature? Comment en est-on arrivé à ce que (…) l’on assassine des citoyens parce qu’ils sont juifs? Comment de jeunes Français en sont-ils arrivés à prendre les armes contre d’autres Français au nom d’un islamisme radical totalement étranger à notre culture (…) Il ne faut pas laisser la pensée unique imposer sa chape de plomb sur des débats que le pays va devoir affronter« .
Il a raison d’exiger un débat. Mais c’est lui qu’on veut faire taire en ce moment, à travers des images et polémiques misérables, comme celle de la photo de la marche sur laquelle il se serait soi-disant incrusté. Et pour l’instant, il faut bien dire que la manipulation triomphe, au-delà de tout ce qu’on pouvait imaginer, dans un climat grégaire, fataliste, apathique, résigné, comme rarement nous ne l’avons ressenti. Que foutent les Français? Qu’attendent-ils pour ouvrir les yeux? Qu’est devenu le pays de Montaigne et de Descartes?
Maxime TANDONNET