Nous sommes nombreux à juger sévèrement la vie politique nationale, ou plutôt médiatisée, de l’extrême droite à l’extrême gauche: chute dans la démence narcissique, obsession carriériste, ivresse du culte de la personnalité qui renvoie aux heures les plus sombres de l’histoire. Nous sommes nombreux à ressentir de l’écœurement face à la dictature des polémiques, de la communication à outrance, le bavardage pathologique, des manipulations, les volte-face et des postures. Nous sommes nombreux à déplorer l’effondrement du politique – le gouvernement de la cité – et du sens du bien commun.
Pour autant, il est essentiel d’éviter la tentation de la généralisation. L’écœurement légitime face au spectacle médiatisé ne doit pas se transformer en dégoût général de la vie publique. La France tient encore debout grâce à l’engagement et au dévouement de milliers d’élus, députés, sénateurs, maires, conseillers régionaux et départementaux, qui se consacrent au bien public dans la discrétion et la modestie, en dehors d’une ambition personnelle maladive. La politique connaît la même fracture que la Nation, entre ses élites médiatisées et sa majorité silencieuse. Le témoignage de Julien Aubert est précieux à cet égard. Il n’est pas de la « politique d’en haut » auprès de la France dite « d’en haut », mais il est de la politique « d’en bas », avec la France dite « d’en bas ». Voilà un député de moins de quarante ans qui ne doit strictement rien à personne, ni à son nom de famille, ni à son réseau personnel, ni au parrainage d’un notable de la politique. Il ne s’est jamais livré à la courtisanerie ni à la flagornerie et n’a pas eu besoin de trahir pour réussir. Au départ démuni de tout soutien, il a su gagner simplement la confiance des électeurs du Vaucluse, sur le terrain. Son récit est important car il exprime me semble-t-il, l’avenir de la politique au sens noble du terme.
« Il est des souvenirs qui vous marquent pour la vie. Il faisait encore beau ce samedi de septembre 2011, lorsque j’ai débarqué en gare d’Avignon avec ma valisette, plein d’espoir à l’idée d’obtenir le Graal: l’investiture de l’UMP dans la cinquième circonscription du Vaucluse, nouvellement créée après le redécoupage […]
Je ne connaissais plus personne dans le département, sinon mon père et ma grand-mère mais j’avais le feu sacré. Je n’avais aucune expérience de terrain, ni aucun goût pour les jeux d’appareil partisan. Il m’a fallu convaincre un à un les responsables locaux, les adhérents et les militants de mon parti, puis les électeurs, que je pouvais faire l’affaire, qu’on pouvait me donner ma chance. J’ai cru en ma bonne étoile et l’histoire s’est bien terminée. Lorsque j’ai été élu de justesse député du Vaucluse en pleine vague rose, le 17 juin 2012, face au patron départemental des socialistes, j’ai eu droit à mon lot de félicitations. J’étais en quelque sorte un rescapé, compte tenu du nombre des députés sortants battus […]
La politique meurt du copier-coller des idées classiques véhiculées par les partis traditionnels. Alors que le peuple a soif de rupture, sa classe politique lui propose du mièvre, du tiède, du réchauffé […] A défaut d’avoir un programme pour les primaires de 2016 et les présidentielles de 2017, j’en profite pour exposer modestement quelques idées rarement défendues sur les plateaux de télévision avec une priorité: guérir la France de sa fièvre antidémocratique ».
Maxime TANDONNET