Voici un ouvrage bienvenu en cette cinquantième année du décès de Georges Pompidou. Le dictionnaire est un livre épais de 700 pages. Il nous parle de Georges Pompidou à travers plus de 150 rubriques qui concernent le personnage. J’y ai activement contribué! Mais ce n’est pas pour cette raison que je le recommande.
Le dictionnaire est bien écrit, clair, couvre mille aspects de la vie et de l’œuvre de l’ancien président, sa passion pour l’art et la littérature, ses compagnons, sa vie privée, son action politique et internationale, sa conception de l’intérêt national. Les auteurs sont des historiens, des journalistes politiques, écrivains, quelques responsables politiques et des témoins.
Le succès de Georges Pompidou en ce moment n’est pas si difficile à comprendre. Il incarne sans doute la dernière période vraiment heureuse et sans nuage des Français, une époque de prospérité, de rayonnement international, de puissance industrielle et de relative concorde nationale par delà les différences d’idées. La France d’alors est aimée, écoutée et respectée en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique. Elle est une passerelle entre l’Ouest et l’Est. Georges Pompidou, héritier du général de Gaulle, avec un tout autre style, fut aussi le dernier président populaire, aimé de son peuple avec des taux de confiance de 60 à 70%
Pompidou est une sorte d’anti-modèle des politiciens au pouvoir actuels. « Les peuples heureux n’ont pas d’histoire disait-il, je souhaiterais que les historiens n’aient pas trop de choses à dire sur mon mandat. » Voilà: l’anti-narcisse, l’anti-bavard, l’anti-Guignol. A une période où la France était prospère et respectée, l’institution présidentielle était une sorte de rocher protecteur plutôt que l’espace d’une mise en scène continue, grotesque et mégalomane qui ne sert qu’à couvrir l’effondrement et l’impuissance. Voici pourquoi les Français le regrettent profondément aujourd’hui. Et voici pourquoi ce dictionnaire Georges Pompidou est passionnant et salutaire!
MT