Lecture: La mafia d’Etat, Vincent Jauvert, le Seuil 2021

 

Ci-dessous, la présentation par M. Gérard Bayon du livre la mafia d’Etat de Vincent Jauvert. D’expérience, je sais que 80 à 90% des professionnels appelés communément hauts fonctionnaires, préfets, ambassadeurs, directeurs, magistrats administratifs sont d’honnêtes serviteurs de l’Etat. Il reste 10 à 20% de semi-mafieux, sans doute comme dans à peu près tous les milieux dirigeants. Des cas scandaleux, nous en connaissons tous: sortie dans la botte, pantouflage dans une grande banque ou cabinet de conseil après trois ou quatre ans, puis passage dans un cabinet ministériel et après deux ou trois ans à lécher les bottes (restons polis) d’un ministre, projection à la tête d’un fleuron industriel ou financier – sans l’ombre d’une légitimité ou d’une compétence. Ces cas existent. Ils sont un mal français. L’image honteuse qu’ils donnent du métier de serviteur de l’Etat rejaillit sur toutes la profession. Et le nouveau monde depuis 2017 n’a fait qu’aggraver ce phénomène par une politique de « politisation/soumission » à outrance de la haute fonction publique.

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Ce n’est pas le premier livre ni assurément le dernier qui dénonce régulièrement et depuis près d’un demi-siècle les dérives et la complicité qui existent entre certains hauts-fonctionnaires, ingénieurs des grands corps d’Etat et le Pouvoir.
Au travers d’exemples significatifs, nominatifs et chiffrés, dont celui de l’I.E.P. Paris et du pantouflage actuel d’E. Philippe, l’auteur dénonce ceux qui se passent continûment la rhubarbe et le séné aux frais des contribuables.
Il dénonce aussi ces fiscalistes de Bercy qui ont fait les règles fiscales et qui vont ensuite protéger des sociétés privées contre le fisc.
Il montre le dispositif de pantouflage et de rétro-pantouflage permanent et inadmissible pour certains hauts-fonctionnaires qui leur permet de tenir à jour leur carnet d’adresses tout en améliorant considérablement leurs revenus et leurs pensions de retraite.
Grace à nos politiciens, les banques, les assurances, les grandes entreprises, les cabinets d’avocats d’affaires et de lobbying etc. ont encore de beaux jours devant eux.
Le simple bon sens et l’honnêteté élémentaire devrait interdire le pantouflage s’il n’est pas accompagné de la démission de la Fonction Publique. Qui aura le courage de mettre en œuvre cette réforme pourtant très simple ?
Ces dérives ne sont pas nouvelles mais, contrairement aux promesses et engagements du candidat E. Macron, elles ne font que croitre et embellir depuis 2017. Les lois ordinaire et organique pour la confiance dans la vie politique de septembre 2017 promulguées à grand renfort de mise en scène et de publicité médiatique n’auront été, de fait que de la poudre aux yeux.
Je reprends volontiers la citation de l’historien et essayiste J. Juliard, citée par l’auteur de cette diatribe : Il ne faut pas abandonner aux démagogues la critique des élites. Rester aveugle devant leurs dérives, de crainte de favoriser le populisme, serait manifester une prudence de gribouille ».

Gérard BAYON

Author: Redaction