C’est un livre jauni par les années, dont je n’y ai pas pu trouvé la date d’édition et dont les pages se détachent, trouvé dans une boîte à livres dans un petit village du département de la Loire, qui me permet de réaliser ce modeste résumé et de vous le faire partager. Il retrace les nombreux discours du Général pendant les années de guerre, des paroles fortes, mobilisatrices, au service de la France.
Ce livre est une merveille ! Il retournera bien entendu dans la boîte à livres pour que d’autres puissent en prendre connaissance.
Discours du 18 juin 1940 :
Contexte : le 16 juin 1940, le gouvernement de Pétain, réfugié à Bordeaux, a demandé l’armistice. Le 18 juin 1940 le Général de Gaulle, lance son premier appel à la radio de Londres, dont voici un extrait :
«…Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi pour cesser le combat. Certes nous avons été, nous sommes submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l’ennemi… mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !…
Car la France n’est pas seule. Elle n’est pas seule. Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l’immense industrie des Etats Unis… ».
Discours du 22 juin 1940 (à la radio de Londres)
contexte : des ralliements affluent, on compte parmi les tout premiers : celui du colonel de Larminat, chef d’Etat major de l’armée de Syrie ; celui du colonel Magrain-Vernerey, commandant la brigade de la légion étrangère qui prit Narvick.
« … Tant que ses alliés continuent la guerre, son gouvernement [le gouvernement français] n’a pas le droit de se rendre à l’ennemi. Le gouvernement polonais, le gouvernement norvégien, le gouvernement belge, le gouvernement hollandais, le gouvernement luxembourgeois, quoique chassés de leur territoire, ont compris ainsi leur devoir… »
Discours du 2 juillet 1940 (à la radio de Londres)
De Gaulle évoque les 2 voies possibles : l’une était la voie de l’abandon et du désespoir, conduisant à la servitude, celle choisie par le Maréchal Pétain et son gouvernement, l’autre voie est celle de l’honneur et de l’espérance, choisie par le général De Gaulle et ses compagnons. Il évoque aussi le fait que beaucoup de Français se trouvent déchirés entre les deux chemins. Il les adjure de se demander ceci :
«… Jeanne d’Arc, Richelieu, Louis XIV, Carnot, Napoléon, Gambetta, Poincaré, Clemenceau, le Maréchal Foch auraient-ils jamais consenti à livrer toutes les armes de la France à ses ennemis pour qu’il puisse s’en servir contre ses Alliés… Que les bons Français se posent ces questions. Ils comprendront aussitôt où est l’ honneur, où est l’intérêt, où est le bon sens…»
Discours du 8 août 1940 (à la radio de Londres)
contexte : On annonce en France que les « responsables de la guerre » seront jugés par une Cour de justice qui se réunira à Riom
« La soi-disant Cour de justice qui se réunit à Riom n’a pas, bien entendu, pour but de châtier les vrais responsables de la défaite momentanée de la France. Il n’y a pas un homme sérieux qui puisse voir là dedans autre chose qu’une mise en scène. Les malheureux qui ont livré la France par la capitulation essayent de tromper l’opinion sur leur propre crime. Ils se hâtent donc d’inculper les autres.
Ils accusent ceux-ci d’avoir consenti à la guerre, ceux-là de l’avoir mal préparée. Ils affectent d’admettre qu’Hitler et Mussolini ne sont pas du tout ce qu’ils sont, c’est-à-dire des conquérants sans scrupules ».
Ceux qui sont, devant Dieu et devant les hommes, coupables d’avoir voulu la guerre et qui d’ailleurs le proclament hautement, portent un nom, ma foi assez connu : ils s’appellent M. Hitler et M.Mussolini.
Ceux qui chez nous sont coupables d’avoir mal préparé la guerre sont tout bonnement ceux-là même qui avaient la charge de la préparer. Cette guerre fut une guerre mécanique et nos armées furent foudroyées par la force mécanique allemande. Ceux donc qui, ministres de la guerre ou généralissimes, ont négligé de réformer à temps la force française, voilà les grands responsables de nos désastres sur les champs de bataille. Or, je crois bien qu’au moins deux de ceux-là se trouvent à présent à la tête du soi-disant gouvernement de Vichy.
Et voyez comme tout se tient et s’enchaîne. Le châtiment des premiers et le châtiment des seconds s’accompliront simultanément. Oh ! certes pas dès demain, car la justice s’avance à pas lents, mais un jour, sans aucun doute. Car s’il faut qu’il y ait un soleil, il faut aussi qu’il y ait une justice pour le monde et pour la France. La justice viendra donc. C’est la victoire qui l’apportera».
contexte : le 26 août 1940, le gouverneur du Tchad déclare que la colonie se battra aux côtés des Alliés contre l’Allemagne, l’Italie ; puis ce sont le Congo, le Cameroun, le Gabon qui se rallient à la France libre ; puis en décembre 1940, les Italiens battent en retraite sur le front grec
Discours du 9 septembre 1940 (à la radio de Londres)
« … Le fier bon sens des Français ne se trompe certainement pas sur les responsabilités du désastre… Il s’ouvrira certainement quelque jour en France un vrai procès des responsabilités. Mais il y a tout lieu de croire que certains des accusateurs d’aujourd’hui siégeront alors au banc des accusés ».
Discours du 28 décembre 1940 (à la radio de Londres)
« … Déjà de durs revers frappent l’ennemi. Et dans le monde entier, des forces immenses se lèvent pour l’écraser. Cela a été compris par tous les Alliés de la France : Polonais, Tchécoslovaques, Hollandais, Belges, Norvégiens, Luxembourgeois, Grecs. Pas un seul gouvernement des Etats belligérants n’a traité avec l’ennemi. Pas un seul, excepté celui qui se dit le gouvernement de la France ! »
Discours du 31 décembre 1940 (à la radio de Londres)
contexte : De Gaulle convie tous les Français à observer le 1er janvier qui vient « l’heure d’espérance »
« L’heure d’espérance du 1er janvier, pendant laquelle nul bon français ne paraîtra au dehors, voici ce qu’elle voudra dire : nos provinces sont à nous, nos terres sont à nous, nos hommes sont à nous. Celui qui nous prend nos provinces, qui mange le blé de nos terres, qui tient nos hommes prisonniers, celui-là est l’ennemi.
La France n’attend rien de l’ennemi, excepté ceci : qu’il s’en aille ! qu’il s’en aille vaincu ! L’ennemi est entré chez nous par la force des armes. Un jour la force des armes chassera l’ennemi de chez nous. Rira bien qui rira le dernier !
C’est cela que tous les Français vont signifier à l’ennemi en observant l’heure d’espérance »
Discours prononcé à la radio de Brazzaville le 18 mai 1941
contexte : depuis le 6 avril 1941, l’Allemagne est en guerre contre la Yougoslavie et la Grèce ; Darlan a vu Hitler à Berchtesgaden, il semble évident que Vichy va consentir à de nouveaux abandons.
« … Ainsi, les gens de Vichy livrent la Syrie aux Allemands. Demain ils en feront autant pour l’Afrique du Nord et pour l’Afrique occidentale française…
Discours du 18 avril 1942 (à la radio de Londres)
contexte : A Vichy, le 14 avril 1942, Laval remplace Darlan à la tête du gouvernement. Darlan reste ministre de la défense.
« La guerre que nous faisons n’est pas seulement une bataille entre des armées. Elle est la lutte du mensonge contre la vérité, de l’ombre contre la lumière, du mal contre le bien. Nous la gagnerons qu’à la condition d’attaquer le mal, de percer l’ombre, de poursuivre le mensonge…
A ces gens-là [le gouvernement de Vichy], comme à l’ennemi, les Français ne doivent rien, excepté de les chasser et en attendant de saboter leurs ordres et de haïr leurs figures. La libération nationale ne peut être séparée de l’insurrection nationale…
Depuis que le monde est monde, plusieurs grands conquérants ont prétendu le dominer. Aucun n’y réussit jamais. Car quelque grave erreur faussa toujours au moment décisif les calculs de chacun d’eux… »
Discours du 20 octobre 1942 (à la radio de Londres)
contexte : A un appel de Laval, pressant les ouvriers français d’aller travailler en Allemagne, le général de Gaulle lance un contre-appel au peuple français.
« Pour paralyser la France dans le combat qu’elle mène pour sa grandeur et pour sa vie, la trahison (c’est-à-dire Vichy) redouble en ce moment d’ardeur. Pour arracher à la France du travail, des matières premières, des victimes afin de les fournir au Reich, la trahison (c’est-à-dire Vichy) se hâte et se multiplie. Le Père-la-Défaite a très exactement défini le caractère de ces opérations : il s’agit, a-t-il dit de défendre la France contre elle-même ».
Discours 27 novembre 1942 (à la radio de Londres)
contexte : le 26 novembre 1942, Hitler annonce à Pétain qu’il a ordonné d’occuper Toulon et de faire démobiliser l’armée et la flotte françaises. Pour empêcher les Allemands de s’emparer de la flotte, l’amiral de Laborde en ordonne le sabotage. Le 27 novembre 1942, la plus grande partie de la flotte de Toulon se fait sauter.
« La flotte de Toulon, la flotte de France vient de disparaître. Au moment où les navires allaient être saisis par l’ennemi, le réflexe national joua dans les âmes des équipages et des états-majors. En un instant, les chefs, les officiers et les marins virent se déchirer le voile atroce, que, depuis juin 1940, le mensonge tendait devant leurs yeux. Ils ont compris en un instant à quel aboutissement en France ils se trouvaient acculés. »
Contexte : le 24 décembre 1942, l’amiral Darlan est assassiné à Alger
Discours prononcé à la radio de Londres, le 20 avril 1943
Dans la nuit de l’oppression comme au grand jour des batailles, la France pense à son avenir. Cette volonté de revivre et de reconstruire démontre la vitalité puissante de la Nation. On dirait que chaque larme ajoutée à ses larmes, que chaque combat joint à ses combats ne font qu’affermir sa conscience de ce qu’elle veut et sa foi dans ses destinées. Malgré ses épreuves terribles, notre peuple se sait et se sent assez riche d’idées, d’expériences et de force pour rebâtir, comme il l’entend, l’édifice de son avenir… ».
Allocution prononcée à Alger le 27 juillet 1943
La chute de Mussolini est le signe éclatant de la défaite certaine de l’Axe… elle est, pour la France, la première revanche de la justice. Par haine et par cupidité à l’égard de notre pays, l’Italie, entraînée par ce mauvais chef, s’est jetée dans une guerre qu’elle présumait facile.
… La nation italienne, dont tant d’affinités séculaires devaient faire notre alliée contre tous les barbares du monde, nous a frappée dans le dos quand nous tombions sur les genoux… »
Discours prononcé à l’occasion de la rentrée solennelle de l’université d’Alger, le 18 décembre 1943
« … C’est que, par delà toutes les douleurs présentes, la pensée française, avant-garde ailée de la patrie, perçoit chaque jour plus clairement les raisons qu’elle a d’espérer et découvre en même temps l’étendue de la carrière que l’avenir va lui ouvrir.
Ses raisons d’espérer, c’est en elle-même qu’elle les trouve. La pensée française sent que sous les rocs écrasants du malheur et de la tyrannie, ses sources profondes sont prêtes à jaillir plus vigoureuses que jamais… »
Allocution prononcée au cours de la réception à la villa des Oliviers, le 1er janvier 1944
« … La France, en dépit de la situation cruelle dans laquelle elle se trouve momentanément placée, est résolue à poursuivre jusqu’à la fin victorieuse, côte à côte avec tous ses vaillants alliés et réconfortée par la sympathie des peuples amis, l’effort qu’elle a entrepris depuis plus de quatre années pour la défense du droit et de la liberté de tous en même temps que pour sa propre défense.
Dieu veuille que l’année 1944 apporte à l’univers le terme de ses souffrances par le triomphe de la justice… ».
CG