Leçons de l’histoire

imagesHier, en rentrant d’un long voyage en train, j’ai lu "l’histoire passionnée de la France" de Jean Sévillia (Perrin 2013), une longue fresque synthétique, des origines à nos jours qui met l’accent sur la chronologie et le rôle des grands hommes, à l’inverse des normes de l’enseignement contemporain. Ce genre de vision panoramique de l’histoire invite à la réflexion sur le pouvoir, les hommes. Voici, pêle-mêle, quatre pensées sans prétention, qui me sont venues (ou revenues) à l’esprit au fil de cette lecture.

  • La notion de "France éternelle" a un aspect mythique. Notre pays est réellement né vers l’an 1000, avec l’avènement des Capétiens, les premiers à avoir l’idée de l’unité politique d’un territoire correspondant plus ou moins à sa géographie actuelle. Certes, elle aura une fin un jour comme toute entité humaine. Mais construire un pays, une solidarité humaine autour d’une organisation politique et d’une volonté commune est une oeuvre de très longue haleine, une construction extrêmement complexe – parfois sanglante. Envisager d’en finir avec cette entité – par fusion ou par éclatement – en l’absence de solution de rechange, ouvrirait sans doute la voie à la pire des barbaries.
  • D’ailleurs, notre époque qui se veut mondialisée, sans frontières, ouverte, se rapproche à certains égards de l’ancien Moyen-âge, entre la fin de l’Empire romain et l’émergence des Etats européens à partir des XIème et XIIème siècle. C’est une période de confusion, de superstition – la peur de l’an Mille, de l’Enfer –, d’invasions, de violences anarchiques, où les tyrannies locales issues de la féodalité l’emportent sur toute forme d’autorité centrale, où la loi du plus fort, la loi de la jungle domine tout le reste. Vie publique et intêrets personnels sont totalement confondus (d’où les partages à répétition de l’empire ou des royaumes francs et le système des apanages), le pouvoir étant livré à une sorte de chaos moral sans foi ni loi (assassinats, réglements de compte, trahisons…)
  • L’inconnue et l’imprévisibilité sont des facteurs clés de l’histoire qui marche constamment à l’aveuglette, au jour le jour. Les dirigeants ne cessent de se tromper. Ils prennent des initiatives en fonction de considérations présentes, dans l’ignorance des conséquences parfois monstrueuses de leurs choix qui le plus souvent conduisent au pire. Ainsi, exemple parmi tant d’autres, la politique de la Révolution puis de l’Empire napoléonien focalisée sur l’abaissement de l’Autriche, de sa dynastie des Habsbourg et du "Saint Empire", ouvre directement la voie à l’impérialisme prussien, source d’une succession de catastrophes pour la France et toute l’Europe.
  • Dans le conflit entre la raison et la folie, en filigrane du déroulement de l’histoire, c’est presque toujours la folie qui l’emporte en un premier temps, à l’origine du chaos et de la barbaries – les guerres de religion, les massacres de la Révolution, les conquêtes napoléoniennes, les tueries européennes du XXème siècle. La raison est constamment étouffée par la tyrannie de passions d’autant plus violentes qu’elles sont absurdes et éphémères. Ce n’est qu’après l’épuisement de la folie que la raison émerge des ruines avant le déferlement d’une nouvelle vague, inévitable, de démence et on ne voit pas comment le cycle pourrait un jour s’interrompre tant il semble co-substantiel à l"humaine nature" depuis au moins 12 000 ans, le début de l’histoire.

Maxime TANDONNET

 


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Author: Redaction