Instituée par l'Organisation des Nations Unies après le sommet de Rio en 1992, la Journée mondiale de l'eau a pour objectif de sensibiliser la communauté internationale aux problématiques de l'eau. Pour cette 22e édition, elle a pour thème : l'eau et le développement durable.
Comment faire face au manque d'eau ? Comment gérer l'eau pour créer l'avenir que nous souhaitons ? La journée mondiale de l'eau est l'occasion de réfléchir à ces questions et de sensibiliser la population mondiale à la manière avec laquelle nous allons gérer l'eau à l'avenir. Les impacts du changement climatique sur la ressource en eau sont déjà visibles en France : l'eau devient plus rare mais la demande en eau est en augmentation dans certaines régions. Le défi à relever est celui d'une nécessaire gestion économe de l'eau.
Une offre plus rare mais une demande plus forte
L'eau répond à cette terrible logique dans le contexte actuel de changement climatique. La France va subir plus de précipitations en hiver mais va faire face à une augmentation des périodes de sécheresse dans une large partie sud du pays. Il va falloir faire converger une offre qui va diminuer avec une demande qui, déjà par endroits, n'est pas satisfaite. L'une des mesures les plus importantes à mettre en place est le développement des économies d'eau. En tout, 20% de nos consommations actuelles peuvent être économisées d'ici 2020. Chaque collectivité est appelée à réaliser un diagnostic de son réseau afin de lutter contre les fuites d'eau. Le diagnostic doit être établi cette année au plus tard. Enfin L'Etat a assoupli sa législation afin d'offrir aux communes la possibilité de réutiliser les eaux usées pour irriguer les cultures ou arroser les espaces verts.
Jean Jouzel, climatologue : "Il faut que chaque utilisateur, qu'il travaille dans le secteur agricole, de l'énergie ou dans le tourisme, ou qu'il soit simple usager, prenne en compte le problème de l'accès à l'eau. On le voit, il existe des tensions aujourd'hui sur l'accès à l'eau et elles risquent d'aller en s'accentuant dans la partie sud de notre pays. Le monde agricole doit avoir une réflexion sur l'eau car, à moyen terme, la diminution de la ressource en eau nous interroge sur la pratique de l'irrigation. La question est : est-on obligé de cultiver du maïs dans le sud de la France ? Pourquoi ne pas choisir une culture moins gourmande en eau ?"
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Pour répondre au mieux à l'enjeu de l'eau, la France regarde vers l'avenir
Dans le cadre du projet national « Explore 2070 », tous les organismes de recherche ont été mobilisés afin d'évaluer les impacts du changement climatique sur les hydrosystèmes et la ressource en eau à l'horizon 2070 pour la métropole et l'Outre-Mer. Ces études de modélisation vont permettre d'augmenter la capacité de suivi de la ressource en eau à moyen et long termes. Plus concrètement, ce plan va pouvoir identifier des scénarios possibles d'adaptation des activités fortement consommatrices en eau. Comment optimiser le stockage d'eau ? Quelles filières agricoles privilégier dans ce contexte de rareté de l'eau ? Par quels moyens limiter l'imperméabilisation des sols ? C'est là la marque d'une volonté d'inscrire dans les programmes d'intervention des agences de l'eau, ces organismes chargés de mettre en œuvre la politique de l'eau, l'indispensable adaptation au changement climatique. L'adaptation au changement climatique passe par une réelle anticipation.
Le bassin Rhône Méditerranée et Corse préserve son eau
L'enjeu de l'eau est critique dans le sud de la France. C'est pourquoi le bassin Rhône Méditerranée et Corse a défini, il y a un an, un plan d'adaptation au changement climatique. Ce plan est conçu comme une boîte à outils permettant de proposer des mesures d'adaptation aux territoires les plus vulnérables. Les axes majeurs des actions visent à retenir l'eau dans les sols, lutter contre le gaspillage de l'eau et soutenir la biodiversité. Une série de cartographies a d'abord montré que tous les territoires sont vulnérables mais de façon inégale. La baisse de débits des rivières, conjuguée à l'augmentation de leur température et les aménagements sur les rivières rendent la Saône, le Doubs et l'Ain vulnérables à l'eutrophisation.
Le plan s'attaque au problème de l'imperméabilisation des sols : en zone urbaine, pour 1m2 imperméabilisé, 1,5 m2 de zone d'infiltration d'eau sera créée. C'est là un moyen efficace de se prémunir contre des crues trop violentes et de recharger les nappes phréatiques. Pour lutter contre les gaspillages d'eau, le plan s'est donné pour objectif de réduire les fuites d'eau dans les réseaux qui devront désormais offrir un rendement de 85%. Il appelle aussi à réduire de 20% l'eau utilisée pour l'irrigation.
Enfin, pour préserver la biodiversité, des champs d'expansion de crues sur une surface de 20% autour des lits des cours d'eau vont être recréés d'ici 2050. Et la préservation des zones humides, véritables éponges naturelles retenant l'eau dans les sols, devient une priorité.
Crédits photo Une : Laurent Mignaux/MEDDE.
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