Pour la deuxième fois en quelques mois, le Conseil Constitutionnel s’est opposé à la présentation d’un RIP ou référendum d’initiative populaire. Après le RIP sur les retraites, retoqué en mai 2023, c’est le RIP sur l’immigration qui est balayé par les « sages » car à son tour, prétendu non conforme à la Constitution. Tout ceci est franchement absurde, minable, malhonnête. Je ne parle pas ici du fond des projets. La droite LR, une fois encore, a été mal inspirée. C’est quelque chose que je n’ai jamais cessé d’écrire ou de dire depuis toujours: prendre le sujet de l’immigration par le biais de la mise en cause des droits des étrangers en situation régulière – alors que la vraie question de la maîtrise des flux migratoire est la lutte contre l’immigration illégale et la maîtrise des frontières – est simplement idiot, contradictoire, une banale imitation de la toute lepénienne « préférence nationale ». Mais tel n’est pas le sujet que je voulais aborder aujourd’hui, c’est celui du RIP. On prétend, donner au peuple la possibilité de choisir son destin en passant par dessus les corps constitués. Et par deux fois, sur ces questions cruciales, un organisme, incarnation même du corps constitué, désigné par le pouvoir politique, présenté comme juridictionnel, s’oppose frontalement à des tentatives de faire s’exprimer le peuple sur des sujets cruciaux pour lui, sous des prétextes juridiques, dont, pour les retraites comme pour l’immigration, chacun sent bien qu’ils recèlent des intentions politiques. Il faut reconnaître aussi la nullité des responsables politiques. Sur les retraites, la droite LR s’était farouchement, obstinément opposée au RIP en invoquant sa contrariété avec la Constitution. Son cynisme ou sa sottise de l’époque lui est revenue en boomerang sur l’immigration. A ce titre, c’est plutôt réjouissant, dans la logique de l’arroseur arrosé. Mais idem pour la gauche: à l’origine du RIP retraite, elle était vent-debout contre le RIP immigration dont elle souhaitait la censure. Une gauche intelligente eût dit: laissons le peuple se prononcer. Mais la gauche est bête, comme la droite. Et de toute cette épouvantable sottise, de cette entreprise de tromperie de la nation, de cette grande foutaise antidémocratique, entièrement fondée sur le mépris du peuple, le mépris des gens, c’est la pourriture extrémiste sous toutes ses formes qui profite.
MT