Le pire est à venir

L’objectif n’est pas de faire peur, mais de se préparer au moins mentalement. Dix millions de personnes au chômage, (même « partiel »), soit un tiers de la population active, des centaines de milliers de petits commerces, entreprises de restauration, PME ruinés, plus de 20 000 morts, la liberté d’aller et venir saccagée, l’explosion de violence dans les banlieues: la France comme le monde occidental connait un ébranlement titanesque. Le virus n’est sans doute que l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. La crise de civilisation couvait. Attention! Nous n’en sommes sans doute qu’au début de la catastrophe. Une dépression au moins aussi violente que celle de 1929 aura un impact tout aussi stratosphérique. 1929 a fortement contribué à produire l’apocalypse de 1939-1945. Nous sommes aujourd’hui au bord d’un abîme dont les profondeurs sont inaccessibles à la conscience. L’accélération brutale de la décomposition d’une société, la désintégration des solidarités planétaires, européennes conduisent  d’indescriptibles vagues de violences et de désespoir collectif. Un volcan se réveille et commence à cracher sa lave. De vertigineux  chamboulements politiques et internationaux sont inévitables. Nous assistons au retour de la force de l’histoire décrite par Charles Péguy.« C’est ici le plus grand mystère peut-être de l’événement, mon ami, c’est ici proprement le mystère et le mécanisme même de l’événement, historique, le secret de ma force, mon ami, le secret de la force du temps, le secret temporel mystérieux, le secret historique mystérieux, le mécanisme même temporel, historique, la mécanique démontée, le secret de la force de l’histoire, le secret de ma force et de ma domination… » Péguy (Clio, dialogue de la vertu et de l’âme païenne). Oui mais que proposez-vous? En ce moment, les marchands de mots magiques et de remèdes-miracle prospèrent: « plus d’Europe », ou « plus de souveraineté », voire les deux à la fois (bravo!), la « décentralisation », la « déconcentration », le « renforcement de l’Etat », ou son « démantèlement », plus de « capitalisme », ou plus de « socialisme », apurer le pays des « énarques », ou des « journalistes » ou des « experts », ou des « politiciens »… Cette plongée dans la banalité ne pèse rien devant l’ouragan qui nous emporte et la violence insatiable de l’histoire, ce grand fauve irascible et indomptable. Un ou des héros surgiront de l’apocalypse ou du néant, comme toujours en pareilles circonstances, mais sous une forme tout aussi imprévisible que la nature des événements qui viennent vers nous comme une grande vague.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction