L’euphorie gagne toujours plus fort les milieux de la France dite d’en haut, les médias, la presse, les éditoriaux, la haute administration, les dîners en ville… Elle est quasiment irrésistible, comme un torrent fou. Nous sommes dans la « recomposition », le renouvellement, la révolution… Il faut voir le bonheur qui se lit partout sur les visages de la France d’en haut, l’enthousiasme, la féérie. Et pourtant, par-delà l’écran de fumée médiatique, le vertige de l’illusion, le phénomène politique auquel nous assistons n’est rien d’autre que la paroxysme des plus affligeantes dérives du régime politique: l’hyperprésidence absolue, avec cette illusion venimeuse du pouvoir concentré dans le visage d’un seul homme, l’écrasement du gouvernement, par un assemblage des plus hétéroclites et contradictoires destiné à brouiller les repères, une assemblée nationale en voie n’anéantissement, composée de néophytes sans expérience et d’une future majorité soumise, asservie, dont la seule légitimité sera l’étiquette « majorité présidentielle ». L’actualité politique et dominée par les comportements les plus dégradants: trahisons, retournements de veste, calculs politiciens. La politique, au sens noble du terme, le débat d’idées, achève de se désintégrer dans le culte de la personnalité, les manipulations, l’intoxication médiatique, les anecdotes, les polémiques. Sur le fond des sujets graves, tels l’autorité de l’Etat, la lutte contre la terreur, le redressement de l’économie, la sécurité, la maîtrise des frontières, la transformation de l’Europe, la réforme de l’éducation nationale, nous cherchons en vain, sur tout l’échiquier politique, une idée, un projet nouveau. Le néant s’est installé partout comme un poison. La France, une fois de plus est trahie par ses élites, intoxiquées à la bêtise, la vanité et l’ignorance. Nulle part ne se fait entendre la moindre voix de sagesse, de vision, d’espérance. Une grande vague de bêtise, de nihilisme et d’aveuglement est en train de submerger le pays.
Maxime TANDONNET