Les dirigeants du pays sont en déplacements permanents, le chef de l’Etat à Tulle, Nantes, Angers, aux 24 heures du Mans où il a dû partir sous les sifflés, le Premier ministre à Poitiers, Berlin, la Réunion, Mayotte. La vérité, c’est qu’ils ne cherchent plus à gouverner le pays et à régler ses grands problèmes, les 6 millions de chômeurs, l’insécurité, l’immigration, la crise scolaire. Devant le désastre annoncé ils n’ont plus qu’une idée en tête, sauver non pas la France, mais leur belle image. A ce sujet, la partie est perdue d’avance. Les sondages montrent que les Français ne veulent rien de précis dans l’offre politique actuelle. Malgré le climat de dégoût général, aucun engouement lepéniste n’est à noter. Sarkozy ne convainct pas, ni Fillon, ni Lemaire. Un match « retour » des présidentielles Hollande/Sarkozy/Le Pen serait à la fois grotesque et dramatique pour les Français, signe de surplace, d’immobilisme, de fracture entre l’opinion et les élites du pays. Du néant politique, peut-il naître quelque chose de positif? Le peuple n’est pas dupe, même dans une crise mentale aussi profonde, aussi dramatique, il n’est pas prêt à accepter n’importe quoi, la démagogie, la propagande, la folie narcissique. Il n’est pas détenteur d’une sorte d’infaillibilité d’essence surnaturelle et se trompe parfois. Cependant, dans sa globalité et le dépassement de ses clivages, il voit plutôt juste, lucide, clairvoyant. Tout est à reconstruire, mais en partant des enjeux, des idées, d’un projet collectif et non des personnages du feuilleton. Les Français l’ont bien compris, le bon sens n’est pas une légende, et c’est en cela que du néant peut sortir quelque chose de positif.
Maxime TANDONNET