Le grand dégoût

imagesM65792HISur les ondes, nous n’entendons plus qu’un refrain depuis 3 jours: "c’est une affaire privée". Et nous franchouillards, bien plus intelligents que les autres comme chacun sait, notamment que les Américains, les Anglais et les Allemands, nous ne nous intéressons pas à la vie privée des dirigeants! D’ailleurs (dernière trouvaille médiatique), n’est-ce pas la faute des services de sécurité qui protègent si mal le président? Et toute la classe dirigeante, de l’extrême droite à l’extrême gauche, en passant par le centriste Alain Juppé, à l’unisson, solidaire, se cale sur ce discours, piquants érigées comme un hérisson. Mais non! Ce n’est pas le problème! On est bien d’accord: chacun fait strictement ce qu’il veut avec sa vie.  Nous ne sommes en aucun cas dans une logique puritaine. Le problème, c’est le grand écart entre "la France d’en haut", cette espèce de cour monarchique dégénérée et la "France d’en bas" qui trime pour s’en sortir. Un sondage CEVIPOF du 13 juin (réalisée avant l’affaire) le souligne: 87% des Français estiment que les hommes politiques ne se préoccupent pas des "gens comme eux". 11% font confiance aux partis politiques. La politique inspire du dégoût à 31% des Français et à 36% de la méfiance. Alors quoi? Moi dans mes activités d’enseignement universitaire, à Créteil, je vois des jeunes filles et garçons, de 20 à 25 ans, de toutes origines, faut-il le préciser, qui bossent 8 heures par jour pour des stages rémunérés 1/3 du SMIC, et traversent toute la région parisienne dans les transports en commun surpeuplés, sales et dangereux pour venir suivre les cours du soir et tenter de se faire une place dans la société. Et pendant ce temps, le roi et sa cour s’amusent. Oubli de l’intérêt public au profit du culte de l’ego. Et la démocratie, la politique, la République s’effondrent dans l’indifférence générale, au profit d’un climat d’anarchie, de nihilisme,de chaos, de montée de la haine et des extrêmes. Le problème, mesdames et messieurs, il est là bien entendu! On a compris que les politiques n’allaient pas changer le monde, ni la vie. Qu’ils se montrent dignes des électeurs, dignes des citoyens, c’est vraiment le minimum…

Maxime TANDONNET

Author: Redaction