Ceci ne concerne en aucun cas la personne du président, et rien n’est, à mes yeux, plus absurde, plus odieux et absurde, que les flots d’insultes et de moqueries qui se déversent à son sujet, au sujet de sa personne, ou celle de ses proches, sur Internet. Au-delà de sa personne, qui n’a strictement rien à voir avec mon propos, il faut prendre acte de la nuisance intrinsèque d’un régime politique qui empoisonne la France, une Cinquième République dégradée, dévoyée, dégénérée. En l’état actuel des choses, il ne peut que donner le pire, quel que soit le titulaire de l’Elysée.
L’élection présidentielle se fait par une vaste opération de propagande et de manipulation médiatique: ce sont les médias qui choisissent en influençant la foule médiatisée, et qui lui vendent une image. En sublimant un personnage, un acteur, cette élection détruit toutes les sources de vie démocratique, notamment le Parlement qui devient un Parlement croupion. L’élection se fait sur une surenchère de promesses démagogiques et fondamentalement nuisibles pour l’intérêt général, par exemple la suppression de la TH ou la création d’un service national d’un mois, profondément inutile et qui va coûter une fortune. Il faut ensuite les appliquer et les financer, à n’importe quel prix.
L’image narcissique et égotique d’un homme ou d’une femme, n’importe lequel, devient le but absolu du régime, au nom de « sa trace dans l’histoire » ou de la « dignité de la fonction », notion intrinsèquement ridicule – c’est la France qui compte et non « la fonction » dès lors que tout dirigeant politique, en démocratie, n’est que l’humble serviteur de son pays et de ses habitants. La réélection présidentielle devient le but en soi du système, à n’importe quel prix.
La vie publique se transforme en spectacle médiatisé et en décors de carton-patte. Les postures et les coups de menton se substituent à l’action authentique. Au prix d’une formidable mystification, le chaos quotidien, le renoncement et l’impuissance de l’Etat sont vendus à l’opinion comme une « transformation profonde de la France ». La vanité s’impose dès lors comme le principe fondamental du régime. La fracture démocratique, entre une petite clique influente, totalement déconnectée de la réalité, et la population, plongée dans ses drames quotidiens, ne cesse de se creuser.
Ce régime, qui trahit l’intérêt général au profit de la vanité narcissique, explique en partie la chute de la France depuis plusieurs décennies (niveau scolaire, pauvreté, violence, chômage de masse, écrasement fiscal, dette publique) Mais il convient d’insister sur ce point: en l’état du régime, du système politique, fondé sur un mélange de vanité narcissique et de médiocrité (morale, intellectuelle), rien ne changera jamais, et ceux qui pensent qu’untel ou untel, de l’extrême droite à l’extrême gauche, ferait beaucoup mieux, sont victimes de la même illusion que les idolâtres et les béni-oui-oui du temps présent. Cela ne me réjouis pas, je ne fait ici que dire ma vérité.
Une prise de conscience, révolution des mentalités, réhabilitation de la démocratie, de la res publica, réveil de l’intelligence collective est le préalable à la réforme nécessaire qui consistera, fondamentalement, à en finir avec le naufrage du pays dans la vanité stérile, la médiocratie, et à réconcilier la France avec la notion d’intérêt général. Vaste programme…
Maxime TANDONNET