Le discours de Nice de M. Fillon

000_ig3exLe discours de Nice de M. Fillon a été largement caricaturé ou biaisé dans sa présentation. Dès lors, il me paraît utile de le reproduire ici dans son intégralité. Dès lors que ce discours est présenté comme fondateur de sa campagne présidentielle, il faut que chacun puisse se forger une idée de son contenu. Mon sentiment personnel? La candidat Républicain fait preuve de beaucoup de courage, d’audace et de lucidité en donnant la priorité à la question de l’immigration et de l’intégration qui préoccupe les Français, conte les sirènes du conformisme. Ses propositions à cet égard sont fortes, sérieuses, travaillées, conciliant réalisme, fermeté, justice et humanité. Elles sont le résultat d’un travail et d’une réflexion approfondie de personnes de son entourage qui à l’évidence connaissent le dossier sur le bout des doigts et seront les mieux placées ensuite pour proposer des mesures conciliant le réalisme, la nécessaire maîtrise des flux et le respect des principes de la France. Cependant, sur le ton général du discours, si j’avais un conseil à donner au candidat républicain, c’est de sublimer sa parole, sur la forme et le fond, en dépassant le « je ». Il aurait à gagner à en faire une œuvre collective et pas seulement individuelle. L’idée de citer au moins une fois Nicolas Sarkozy, dont il fut le Premier ministre pendant cinq ans, voire Jacques Chirac, Pompidou et de Gaulle, donnerait de la perspective à son discours. J’en reviens à ma conviction intime: le « je » présidentiel est désormais une notion périmée, qui conduit au narcissisme élyséen, c’est-à-dire la solitude, l’isolement, l’inefficacité, le lynchage médiatique, le repli, l’échec humiliant et désespérant. Une politique, à mes yeux, ne peut réussir aujourd’hui qu’à travers une intense mobilisation collective: le Président et son entourage certes, mais aussi et surtout un Premier ministre, un gouvernement, une majorité, la confiance d’une Nation. M. François Fillon aurait, à mes yeux, tout avantage, en une seconde étape de sa campagne, de passer du « je » au « nous ».

Maxime TANDONNET

Mes amis, mes chers compatriotes,
C’est à Nice et c’est avec vous que repars en campagne.
A cette ville que j’aime et à vous tous, j’adresse mes vœux de bonheur et de succès pour cette nouvelle année qui commence.
Je suis parmi vous, avec le cœur encore serré par la tragédie du 14 juillet.
De ce souvenir monte en moi une volonté inflexible de défendre nos valeurs.
Si les Français me font confiance, je prendrai tous les moyens et je solliciterai tous les Etats vo- lontaires, de Washington à Moscou, d’Ankara à Téhéran, pour détruire l’Etat islamique et ses ram- ifications terroristes.
Dans ce combat, j’aurai besoin de nos compatriotes musulmans pour faire le ménage contre ceux qui instrumentalisent leur foi.
Nous sommes la France, nous sommes Nice, et jamais nous ne baisserons la tête devant ceux qui veulent abattre notre liberté.
C’est nous qui les battrons parce que nos valeurs sont plus belles et plus fortes !
A vos côtés, je puis dire cette phrase simple et belle : « je suis Français et j’en suis fier ».
Comme vous, je me sens l’héritier d’une Histoire, d’une culture, d’un patrimoine, d’un drapeau, et ce drapeau est suffisamment large pour fédérer tous les Français qui veulent, à nos côtés, servir leur pays.
Cela s’appelle le patriotisme, et n’en déplaisent à certains, nous le revendiquons, nous l’assumons et nous irons au bout de notre conviction : la France doit être aimée et impérativement redressée.
Durant trois mois nous avons vécu au rythme des primaires et vous avez donné une formidable leçon de démocratie à tous ceux qui doutaient de nous.
Après ma victoire, je m’étais fixé trois objectifs.
D’abord rassembler toutes les forces et les sensibilités de ma famille politique.
C’est fait : après la compétition des primaires, les Républicains font bloc.
Je salue fraternellement tous les militants et les élus qui m’ont rejoint sans état d’âme.
J’aurai besoin d’eux, j’aurai besoin de leur engagement et j’aurai besoin des Alpes Maritimes !
Mon second objectif était d’unir la droite et le centre autour de ma candidature.
C’est fait et je remercie les élus et sympathisants de l’UDI qui, avec un grand sens des re- sponsabilités, ont décidé de se battre à mes côtés.
Nous avons quelques différences entre nous, mais ce qui nous uni est tellement plus fort que ce qui nous distingue, et surtout, ce que nous avons à faire pour la France est bien plus important que toutes nos affaires partisanes.
Enfin, je devais mettre en place une équipe de campagne ouverte à tous. C’est fait !
Maintenant, mes amis, nous sommes en ordre de bataille et nous allons foncer ensemble.
Je laisse les sondages aux sondeurs, les scénarios écrits d’avance aux scénaristes, je ne crois qu’une chose : la victoire récompensera le camp le plus décidé, le plus convaincu.
Ma détermination est de fer et je ne doute pas de la vôtre.
Vous êtes des militants de la France et pour la France je vous demande une mobilisation et une résolution sans faille.
Ne cédez à aucune intimidation, ne marchez jamais à l’ombre, affirmez ce que vous voulez et ce que vous êtes.
On vous accuse de vouloir redresser la France de façon radicale. Assumez et ripostez car c’est vous qui avez raison de penser que la situation réclame du courage.
On vous accuse de défendre les valeurs de la liberté, de l’autorité, de la famille, du travail. As- sumez et ripostez car vous n’avez pas à vous excuser d’avoir du bon sens.
Je compte sur vous et vous pouvez compter sur moi pour ne pas changer ce que je crois et ce que je veux.
Il y a deux mois, je n’étais pas le candidat de l’establishment et je n’ai pas l’intention de le deve- nir : je vais repartir sur le terrain, replonger dans le quotidien des Français pour les écouter, les convaincre et les rassembler.
Je veux leur faire partager ma volonté d’action, pas la solder en affadissant mes convictions.
La démocratie, ça n’est pas des convictions pour les primaires, d’autres convictions pour les pré- sidentielles et pourquoi pas encore des convictions pour les législatives !
Je me bats pour redresser notre pays, pas pour ruser avec lui, et, une fois au pouvoir, pour passer entre les gouttes.
Je l’avais dit et je le répète, je relève un pari difficile pour un peuple si longtemps abreuvé d’illusions politiques et de douces promesses : le pari de la vérité et du changement de fond.
Alors certes, inéluctablement, presque mécaniquement, la radicalité et la franchise de mon projet m’exposent aux blâmes et aux caricatures de ceux qui sont mous et flous.
Les balles sifflent de partout. Visiblement, je gène certains.
« Tous contre Fillon !», « tous contre la droite », tous contre ces « pauvres » électeurs de la primaire qui, nous répète-t-on, ne représentent que 4 millions de Français.
Mais il ne suffit pas d’être contre encore faut-il avoir quelque chose à dire. Qu’ont-ils à dire et à proposer ceux qui nous mitraillent ?
Rien de nouveau mais surtout rien de fort pour répondre à l’urgence d’un pays qui décroche et qui souffre.
Devant mes propositions, le système se rebiffe et use des arguments les plus fallacieux. Rien d’anormal, si ce n’est que le débat est bas.
Contre le redressement national, mes adversaires ont rédigé leurs tracts : « sang et larmes » « purge », « casse sociale », et pourquoi pas l’apocalypse !
La casse sociale, elle est là, sous nos yeux, mais on préfère étouffer la réalité plutôt que de la re- garder en face.
6 millions de Français qui pointent à Pole emploi ; 2 millions de jeunes qui ne sont ni à l’Ecole, ni en formation, ni en emploi ; la pauvreté qui augmente faute de croissance ; des quartiers dé- glingués par la délinquance ; des campagnes abandonnées ; des classes moyennes et des familles qui n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois ; un système de santé débordé ; les plus beaux actifs de la France rachetés par l’étranger ; 2000 milliards de dettes pour nos enfants…
Tout ça c’est la réalité, tout ça c’est maintenant, tout ça c’est le bilan de François Hollande, bi- lan qu’il a lui-même jugé tellement catastrophique qu’il a renoncé à se représenter.
Oui, tout cela crève les yeux, mais rien n’y fait : 40 ans que la gauche nous rejoue le film de la « casse sociale » ; 40 ans qu’elle instrumentalise la peur contre tout changement ; 40 ans qu’elle croit pouvoir traiter les fonctionnaires et les ouvriers comme des clientèles électorales, avec maintenant pour acolyte l’extrême droite qui joue la même partition que l’extrême gauche.
Derrière ces postures, la faillite nous guette et la colère monte mais ces gens-là vous disent qu’il ne faut rien changer.
Avec les primaires de la gauche, dénommées primaires de la « Belle alliance populaire » – prière de ne pas rire ! – on est en plein déni et en plein dans le vieux logiciel socialiste.
Comme disait Edgar Faure, « l’immobilisme est en marche, rien ne l’arrêtera ! ».
C’est la course de lenteur entre celui qui dépensera le plus, celui qui réformera le moins et celui qui promettra le beurre et l’argent du beurre.
Evacués Hollande et les résultats calamiteux de son quinquennat, oubliés les déficits, finis les en- gagements européens, ravalées les déclarations d’amour aux entreprises, aux orties le 49.3 et la Vème République !
Quel que soit le vainqueur de ces primaires, il y aura bien, entre nous, une différence de fond : moi, je veux redresser la France ; à gauche, on veut l’assister dans son déclin, Mr Macron com- pris.
Je dénonce cette capitulation et rien ni personne ne m’empêchera de lui opposer un chemin plus grand et plus droit.
Je suis gaulliste. Que voulez-vous, on ne se réinvente pas et, au surplus, je n’ai qu’une patrie et qu’une vie pour la servir !
Je veux incarner la fierté d’une nation qui ne se laisse pas abattre.
C’est mon combat, et je viens vers vous, porté par la confiance que fait naître en moi cette incroy- able aventure d’un pays qui par sa bravoure, sa culture, son goût du progrès, a réussi à se placer parmi les cinq plus grandes puissances du monde.
Nous sommes les héritiers d’une Nation bâtie par des femmes et des hommes qui ont travaillé sans relâche, et tout nous commande de faire aussi bien qu’eux.
Cette nation millénaire est montée sur les barricades pour la justice, s’est sacrifiée pour son indé- pendance afin que le peuple français soit toujours libre de dire « je suis là et j’exige le respect ». Exigez ce respect !
Exigez-le de toutes vos forces car le réveil national est d’abord entre vos mains.
Depuis trois ans, je sillonne notre pays.
« Laissez-nous travailler, laissez-nous réussir, qu’on nous fiche la paix », voilà ce que m’ont dit les milliers de Français que j’ai rencontrés.
Notre peuple n’est pas fatigué, c’est le système qui est complètement usé, avec cette incroyable accumulation de règles, de normes, de soupçons qui vampirisent les volontés.
La bureaucratie a envahi nos vies.
Tout est encadré, nivelé, passé à la moulinette d’une logique pernicieuse : mieux vaut, nous dit-on, la paperasse que l’audace, mieux vaut parait-il le chômage et les 3000 pages du code du travail que l’assouplissement de l’emploi, mieux vaut le diktat syndical que le référendum d’entreprise, mieux vaut un champ en jachère que quelques arpents non déclarés, mieux vaut les écrous administratifs que la responsabilité, mieux vaut -on vous le dit, on vous le répète- une circulaire qu’une initiative…
Eh bien non !
Mieux vaut pour moi le risque d’oser que l’uniformité dans la médiocrité. Voilà ce que je crois et voilà ce que m’ont dit tous les salariés et agents publics.
C’est ce système que je veux changer en redonnant au pays sa liberté !
Oui, avec vous mes amis, j’assume la première valeur de notre devise républicaine.
Et d’ailleurs, si cette valeur de la liberté n’est pas portée par la droite, alors qui la portera ? Surement pas les socialistes qui de tout temps ont préféré l’égalitarisme mou. Et surement pas l’extrême droite, dont le projet économique est un copier-coller de celui de l’extrême gauche.
Pour la liberté et pour le plein emploi, je veux concentrer le code du travail sur ses principes fon- damentaux et renvoyer le reste au dialogue social.
Je donnerai aux entreprises et à leurs salariés le pouvoir de négocier pleinement entre eux les heu- res et les conditions du travail.
Moi je fais le pari de la vraie négociation sociale, dans les entreprises, là où entrepreneurs et salar- iés savent de quoi ils parlent.
Et parce que l’Etat doit donner l’exemple d’une nation qui se retrousse les manches, nous ré- tablirons dans les administrations publiques les 39 heures.
Là aussi il y aura des négociations car chacun devra bénéficier des fruits de cet effort, mais cela se fera car je veux une fonction publique performante, au service d’un Etat fort.
Par la liberté, je donnerai à ceux qui veulent entreprendre le pouvoir de le faire en renforçant le statut des autoentrepreneurs et en créant celui de travailleur indépendant.
Avec le numérique, c’est le début d’une nouvelle économie qui va dynamiser les générations à venir, avec un potentiel d’un million d’emplois nouveaux.
Par la liberté, je donnerai aux investisseurs de France le goût d’investir ici, chez nous, pour nos industries, pour nos emplois.
Je baisserai massivement les charges et j’allégerai la fiscalité qui pèse sur l’investissement.
Je suis un patriote : je préfère supprimer l’ISF que de voir l’économie française sans capitaux, passer sous contrôle étranger.
Plutôt que de nous rouler par terre pour attirer les fortunes du Qatar et les fonds de pensions amé- ricains, je veux des fortunes françaises qui investissent pour la France.
N’en déplaise à ceux qui pensent que le bonheur est de marcher à genoux, c’est la liberté qui est le meilleur carburant des sociétés vivantes ; c’est la liberté qui créera des initiatives et des emplois ; c’est la liberté qui relancera l’ascenseur social aujourd’hui bloqué dans le sous-sol de ce système qui vous explique depuis trop longtemps qu’il vaut mieux l’ombre pour tous que la lumière pour ceux qui veulent en sortir.
Les jeunes n’ont pas peur de la liberté. Ils n’ont que rage pour cet immobilisme poussiéreux qui les englue.
Les chômeurs n’ont pas peur de la liberté. Ils ont peur de rester coincés au chômage. L’autoentrepreneur, l’artisan, le jeune agriculteur, eux qui s’endettent et se lancent, ils n’ont pas peur de la liberté. Ils la réclament à cor et à cris.
Je parle de liberté, oui, et j’en parle pour les sans grade, les sans carnets d’adresse, les oubliés, les déclassés, les humiliés, les courageux, les intrépides, les audacieux, bref, ceux pour qui la liberté est une opportunité de prendre leur destin à pleine main.
Et celui qui la prend s’engage pour réussir sa vie et pour prouver qu’il existe en lui une flamme ; et de fil en aiguille, de flamme en flamme, c’est tout un peuple qui se redresse et se met à gagner. En cinq ans, nous pouvons élever notre compétitivité et égaler l’Allemagne, en cinq ans nous pou- vons réduire notre chômage en dessous de 7%, remettre nos finances publiques à l’équilibre et d’ici 10 ans nous pouvons être la 1ère puissance européenne.
Alors oui, mes amis, liberté à la Liberté. Mais la liberté sans l’autorité, c’est l’anarchie.
Je veux rétablir l’autorité de l’Etat, l’autorité de la loi, la nécessité de l’ordre.
Qu’un père de famille puisse gagner dix fois moins que le dealer qui trafique au pied de son im- meuble, c’est une honte.
Que nos policiers puissent être attaqués aux cocktails Molotov, ça n’est pas un fait divers, c’est un scandale.
Qu’un de vos concitoyens, tout près d‘ici, se croit autorisé à décider de son propre chef, quels étrangers peuvent entrer et résider en France, c’est le contraire de la démocratie et de la Ré- publique.
Nul n’est au-dessus de la loi !
La loi et la sécurité doivent être partout et pour tous, avec des forces de l’ordre modernisées et une Justice ferme et rapide.
Nos forces sont sous-équipées, et elles le sont notamment sur tout ce qui relève des nouvelles technologies pour cerner et chasser la délinquance.
Nos forces s’éreintent dans des tâches administratives. Elles doivent passer plus de temps sur le terrain.
Pour cela, la tranquillité publique commande de renforcer le rôle des maires et des polices munic- ipales qui sont au plus près des populations.
Et puis, il faut une justice rapide et ferme.
Chacun est responsable de ses actes ! Un voyou est un voyou avant d’être une prétendue victime de la société.
Le sentiment d’impunité des délinquants est le résultat d’un manque de fermeté et de civisme qui devraient s’exercer à tous les niveaux : dans la famille qui doit assumer ses devoirs ; à l’Ecole qui ne doit rien céder devant l’indiscipline et l’inculture des caïds en herbe ; dans les prétoires où la Justice doit passer vite et nette.
L’impunité zéro doit être la règle.
Je veux rétablir les peines planchers pour les récidivistes.
Un délit : une sanction ! Voilà la règle qui doit être parfaitement claire pour les délinquants.
Cette fermeté retrouvée réclame de reprendre le programme de construction de places de prison interrompu par Hollande et Taubira.
Vous m’aurez compris : j’en appelle à un nouvel état d’esprit face à la violence et à une mobilisa- tion nationale pour qu’à chaque coin de rue nos policiers et gendarmes se sentent respectés, soutenus et le terroriste comme le délinquant réprouvés, coincés, pourchassés.
La peur doit changer de camp et nul ne doit pouvoir se dire que le mal rapporte plus que le bien.
Mes amis,
Il y a des lieux en France où le sentiment d’appartenir à la même nation s’est disloqué. Les replis identitaires avancent et l’intégration recule.
L’unité nationale commande une autre politique de l’immigration.
Il ne faut pas céder aux injonctions de la bien-pensance, qui nous adresse toujours le même mes- sage, qui se veut angélique et qui est en réalité inconscient : liberté pour les migrants et honte aux frontières.
Non, la France est généreuse mais elle n’est pas une mosaïque et un territoire sans limite ; c’est une Nation, en droit de choisir qui peut la rejoindre, en droit aussi d’exiger des étrangers qu’ils se plient à ses règles et à ses coutumes.
Il existe chez nous, depuis la chrétienté, une tradition de l’hospitalité pour les victimes de persécu- tions politiques.
Il existe aussi une tradition d’ouverture aux talents venus d’ailleurs.
Je pense à Romain Gary, venu de l’Est de l’Europe s’installer à Nice avec sa mère quand il était enfant, et qui toute sa vie voudra être plus français que tous les Français, s’acharnant à réussir par les littérature et par les armes.
Mais ces traditions d’ouverture doivent être raisonnables et raisonnées.
Nous comptons 6 millions de chômeurs et près de 9 millions de pauvres.
Dans ce contexte, l’immigration doit être fermement contrôlée et réduite au minimum.
Il faut tout d’abord ramener notre politique d’asile à l’aune de sa seule ambition et mettre fin à son détournement.
L’asile sert à protéger les victimes politiques ; il sert aux personnes qui ont fui les persécutions ou les guerres dans leurs pays.
L’accueil des véritables réfugiés est un devoir, mais ne nous laissons pas déborder par ceux qui n’ont pas ce statut.
Les demandes d’asile ont explosé depuis 2012.
Les crises du Proche-Orient n’expliquent pas cette augmentation massive, car 70 % des demandes sont rejetées comme infondées.
Ce qui est en cause, c’est la multiplication des détournements de procédures nourris par les filières et les passeurs. La méditerranée est devenue le tombeau de dizaine de milliers d’êtres humains, femmes et enfants.
Ces passeurs de faux rêves sont des passeurs de morts qu’il faut traquer et neutraliser.
Ce qui est en cause aussi, c’est la longueur des procédures qui permettent aux illégaux de s’installer et de viser la régularisation de leur situation.
Seuls 4% des déboutés de l’asile sont effectivement éloignés ; les autres se maintiennent en France contre la loi.
Je veux reconstruire le système de l’asile pour mettre fin à ces abus.
Il faudra veiller à ce que les demandeurs d’asile puissent présenter leur demande à l’étranger, dans nos consulats, dans les pays qui leur servent de premier refuge.
Il faut, en second lieu, réduire la durée d’instruction des demandes d’asile. Obligation sera faite aux demandeurs de former leur demande dans un délai de 15 jours après l’entrée sur notre territoire, sous peine de la voir traiter par une procédure accélérée.
La durée maximale d’examen d’une demande d’asile devra être limitée à 120 jours au total, voies d’appel comprises.
Pour être contrôlé, l’hébergement des demandeurs d’asile sera assuré dans des centres dédiés, gérés par l’Etat ou pour son compte par des associations.
Enfin, ceux des demandeurs d’asile dont la demande aura été définitivement rejetée devront impérativement être éloignés du territoire.
La décision de rejet devra s’accompagner immédiatement de la notification à l’intéressé d’une obligation de quitter le territoire français.
Pour faciliter leur éloignement, ceux des demandeurs d’asile dont la demande apparaîtra manifestement infondée ou qui sont originaires de pays réputés sûrs, seront placés en rétention administrative pendant l’examen de leur demande, de manière que leur éloignement soit garanti en cas de rejet de leur demande.
Il faudra généraliser le passage dans les centres de rétention administrative.
Si nécessaire, mon gouvernement renégociera la directive « éloignement » pour tirer les conséquences de ce qui était prévisible : l’assignation à résidence privilégiée par Monsieur Valls est un échec qui ajoute encore aux difficultés de maîtrise des procédures d’asile.
Penser qu’un étranger en situation irrégulière quittera de lui-même le territoire national est naïf. La durée maximale de la rétention administrative devra être portée de 45 jours à 180 jours.
A ceux qui pousseront des cris d’orfraie en entendant cette proposition, je rappelle que cette durée est de 18 mois en Allemagne et qu’elle est illimitée au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.
Ce délai de six mois permettra d’organiser, en collaboration avec les autorités des pays d’origine, le retour effectif de leurs ressortissants.
On ignore souvent que le retour dans leur pays des étrangers en situation irrégulière est soumis à la délivrance d’autorisations par les pays dont ils sont les ressortissants.
Or ces pays freinent parfois la délivrance de ces documents, par mauvaise volonté ou par lenteur administrative.
C’est pourquoi, je veux que la coopération des pays d’origine à notre politique d’immigration soit une condition de l’aide au développement que nous leur versons et du nombre de visas que nous délivrons à leurs ressortissants.
Il s’agit d’assurer une forme de réciprocité pour faire respecter notre souveraineté.
En revanche, je ne crois pas moralement possible de limiter le droit à la scolarisation des enfants d’immigrés clandestins. Les enfants ne sont pas responsables. C’est l’honneur de la République que d’assurer cette scolarisation.
Une politique sérieuse de l’immigration repose aussi sur le règlement des situations de crise comme celle de Calais.
Le gouvernement de François Hollande a tardé à démanteler les campements, en leur laissant prendre une ampleur inconnue jusque-là.
Il n’a pas négocié avec le Royaume-Uni un rééquilibrage des accords du Touquet de 2003 pour traiter les causes du problème.
C’est une exigence pour nous : les Britanniques doivent prendre toute leur part dans l’accueil de ces migrants, y compris les mineurs isolés, qui veulent traverser la Manche.
En 30 ans, la population de l’Afrique va plus que doubler.
Avec solennité, je dis que l’immigration en France n’est pas l’avenir de l’Afrique. L’avenir des Africains est dans le développement de leurs pays, dans la création d’emplois en Afrique !
L’aide au développement peut y participer dans le cadre d’un nouveau partenariat entre la France et le continent africain.
La France y apportera sa maîtrise des technologies les plus modernes en particulier dans l’accès à l’énergie avec l’initiative remarquable de Jean-Louis Borloo, ses capacités de formation de la main d’œuvre africaine et, si nécessaire, des financements ciblés.
Mais c’en est fini de la période où la question de l’immigration était passée sous silence dans les discussions bilatérales entre la France et chaque pays africain, au motif qu’il s’agissait des questions trop complexes ou trop sensibles.
La question de l’immigration ne doit plus être un tabou dans nos relations avec les pays d’origine.
A l’évidence, mes amis, l’ampleur des enjeux migratoires commande une coordination européenne.
Je le répète depuis 2012, il faut réformer les accords de Schengen.
Je veux que les frontières extérieures de la zone Schengen soient de véritables frontières, où les contrôles des voyageurs, notamment non européens, seront systématiques.
Si les étrangers doivent attendre 2 heures pour entrer, ils attendront 2 heures, comme dans n ‘importe quel aéroport aux Etats Unis !
Quant aux pays membres de Schengen qui ne satisfont pas aux exigences d’un contrôle rigoureux aux frontières extérieures, ils doivent sortir de l’espace Schengen.
Dans le contexte de guerre contre le totalitarisme islamique, tant que les frontières de l’Europe ne seront pas protégées par nos partenaires, la France rétablira durablement de vrais contrôles à ses frontières nationales.
Ici à Nice, cet engagement prend tout son sens.
Dans le contexte terroriste que connaît l’Europe, il y a quelque chose d’aberrant à savoir que l’auteur de l’attentat de Berlin a pu gagner la Hollande, puis la Belgique, la France, et enfin l’Italie.
Je ne condamne personne mais le moins qu’on puisse dire, est que nous avons impérativement besoin de développer nos systèmes et nos échanges d’information, et de tirer les conséquences du développement de la vidéo-surveillance.
Il ne suffit pas d’équiper nos gares ou nos aéroports en caméras de vidéo-surveillance, encore faut- il exploiter de manière rigoureuse les images issues de la vidéo-surveillance.
La France doit non seulement lutter contre l’immigration illégale mais elle doit aussi réduire son immigration légale au strict minimum.
Les délivrances de visas et de titres de séjour n’ont cessé de dériver ces dernières années : le nombre de visas accordés en 2015 a augmenté de 40 %, par rapport à 2012.
Pour reprendre les choses en main, il faut que le Parlement puisse adopter chaque année des quotas limitant le nombre d’étrangers qui pourront être admis en France, en fonction de nos besoins économiques et de nos capacités d’intégration.
Concrètement, cela signifie qu’un visa de long séjour ou une carte de séjour pourront être refusés lorsque le contingent annuel sera dépassé ; la demande devra alors être examinée l’année suivante.
C’est en fixant ces plafonds que nous pourrons limiter strictement l’immigration familiale, dont le regroupement familial.
Si, pour assurer cette politique, il faut réviser la Constitution mais aussi faire bouger les lignes de l’interprétation que la Cour européenne des droits de l’Homme donne de la Convention européenne des droits de l’Homme, eh bien je prendrais mes responsabilités devant le peuple français.
Ces quotas d’immigrants tiendront compte non seulement des besoins de la France mais aussi des capacités d’intégration à la société française.
Ces capacités seront vérifiées dans le pays d’origine, tant pour les visas de long séjour que pour les cartes de séjour, en prenant en compte la maîtrise de la langue française et l’adhésion aux valeurs de la République.
Il faudra enfin, et c’est le bon sens même mais il a été complètement perdu de vue au cours des années, que ceux des étrangers qui, une fois arrivés en France, ne respectent pas leur parcours d’intégration, puissent être sanctionnés, par le non renouvellement de leur titre de séjour.
Et puis, je veux prendre en compte les conséquences des migrations à l’intérieur de l’Union européenne, et notamment les effets d’une concurrence mal maîtrisée.
La directive sur les travailleurs détachés a progressivement installé sur notre territoire un véritable dumping social au cœur de l’Europe. C’est le cas dans le transport par camion, dans la construction où des milliers d’emplois français sont concurrencés de façons inéquitables.
Nous renégocierons cette directive et je ne céderai pas sur un principe : en Europe, pour un travail égal, le salaire doit être égal et les cotisations sociales aussi.
Trop souvent, l’immigration est encouragée par l’attractivité de notre système social.
Il n’est pas acceptable qu’un étranger vienne en France dans le seul but de bénéficier de la solidarité nationale.
Je veux que le bénéfice de toutes les prestations sociales soit conditionné à une durée de résidence préalable pour les étrangers en situation régulière.
Ceux-ci ne pourront donc postuler aux allocations logement et familiales qu’au bout de deux ans. Ce délai permettra de vérifier la volonté d’intégration du nouvel arrivant et d’apprécier s’il est réellement autonome financièrement.
Pour les étrangers en situation irrégulière, il faut mettre fin au dérapage financier de l’aide médicale d’Etat, dont le coût dépasse le milliard d’euros, et dont le nombre de bénéficiaires a augmenté de 50 % depuis 2012.
Cette aide médicale d’Etat sera supprimée et remplacée par la seule prise en charge des urgences médicales et des maladies infectieuses.
Lorsque la France a fait confiance à des étrangers et que ceux-ci la trompent et ne respectent pas ses lois, l’Etat doit être de la plus grande fermeté.
Il en va de son autorité et de la crédibilité de notre politique.
C’est pourquoi je propose qu’un étranger condamné pour des crimes et délits puisse être expulsé du territoire français vers son pays d’origine.
Enfin, pour les étrangers qui, après s’être installés durablement en France et espèrent en obtenir la nationalité, il faut définir notre exigence : c’est l’assimilation, c’est-à-dire la volonté d’être pleinement membre de notre famille nationale.
L’acquisition de la nationalité française est un honneur. Elle se mérite. Elle se mérite, pour l’essentiel, par un patient effort pour adopter nos valeurs, nos coutumes, nos traditions.
Qui dit assimilation dit une maîtrise de la langue française parce que c’est bien le minimum quand on prétend devenir Français.
Qui dit assimilation dit aussi respecter les principes fondamentaux de la République. Respecter l’égalité hommes-femmes, partout, sans condition.
Respecter la liberté de conscience comme la liberté d’expression.
Respecter l’autorité de l’Etat et des lois, s’approprier une histoire, un drapeau.
Etre assimilé, c’est tout simplement aimer la France.
Nous devons revoir nos procédures d’accès à la nationalité.
Nous sommes l’un des pays qui permet le plus facilement à des ressortissants étrangers d’acquérir sa nationalité.
En quatre ans, le nombre de naturalisation par décret a augmenté d’un tiers, pour concerner 113 000 nouveaux Français en 2015.
Les instructions de Monsieur Valls pour augmenter le nombre de naturalisations seront donc abrogées.
La durée minimale de résidence en France exigée d’un candidat à la naturalisation sera portée à 8 ans, comme c’est le cas en Allemagne.
La République pourra s’opposer à toute entrée dans la communauté nationale dès lors que l’assimilation du postulant à la nationalité ne sera pas établie.
Les étrangers qui ont fait l’objet d’une condamnation pénale verront leur demande écartée.
L’acquisition de la nationalité sur simple déclaration à la suite d’un mariage ne sera possible qu’après 5 ans de vie commune et l’assimilation du conjoint étranger fera l’objet d’une vérification.
Les jeunes nés en France de parents étrangers pourront, comme c’est le cas aujourd’hui, accéder à la nationalité française mais cet accès devra être le fruit d’un choix, mûri par chacun de ces jeunes et formalisé dans une déclaration de volonté de devenir Français.
Voilà la politique d’immigration que je veux pour notre pays.
Je la crois nécessaire à notre unité et nécessaire à la fraternité des liens qui doivent unir les Français et ceux des étrangers qui nous rejoignent avec sincérité et espoir en la France.
Mes amis, maintenant je vais relever avec vous le défi du redressement national.
Ce défi, je le gagnerai si toutes celles et tous ceux qui en ont assez des mensonges, assez du dé- clin, se lèvent.
Je m’attaque au consensus, je m’attaque au confort du conservatisme, je m’attaque à une citadelle, et je ne pourrai la percer qu’avec l’appui de tous ceux qui veulent, avec moi, enclencher la révolu- tion du bon sens.
Alors, je donne rendez-vous à toutes celles et tous ceux qui ont la tête sur les épaules.
J’appelle tous ceux qui ont des valeurs solides.
J’appelle tous ceux qui savent que le bonheur est une conquête.
J’appelle tous ceux qui ont dans le cœur la fierté d’être français.
Sur le chemin de la victoire nous traverserons les vents contraires ; nous passerons à travers les bourrasques ; nous franchirons tous les ponts.
Vous êtes partant et je le suis, alors j’irai, avec vous, chercher les cœurs vaillants.
Nous irons au-devant de toutes les forces françaises, et nous les réveillerons, nous les soulèverons, nous les entrainerons, et vous verrez qu’elles nous porteront au-delà de nos propres espérances. Nous serons alors, tous ensemble, la France en action !
Vive la France et vive la République.

Author: Redaction