Les Français ressentent tous une impression similaire de chaos qui gagne dans le pays: violences dans la rue, ordre public bafoué, destructions, malaise qui s’étend chez les policiers, les avocats, les médecins, les gardiens de prison, les syndicats. La France dite d’en haut, dirigeante, médiatique, politique, se montre profondément désemparée, pataugeant dans une apparence d’impuissance. Non qu’elle ne dispose pas des moyens d’action, mais elle est empêtrée dans une lâcheté sans nom qui l’empêche d’esquisser le moindre geste. La France dite d’en haut a peur, comme tétanisée de frousse. Tout se passe comme si le moindre geste risquait de mettre le feu aux poudres. Ces mots ne s’adressent pas seulement aux dirigeants au pouvoir mais aussi à l’opposition qui ne propose strictement rien et qui en ce moment, fuit tout autant le réel. Le désordre a pris possession des plus hauts sommets de l’Etat où nul n’a plus moindre idée du partage des rôles et des responsabilités entre le chef de l’Etat, le Premier ministre, les ministres qui ont tant de mal à exister. Alors, pour faire oublier le mal, tout est bon : -L’incantation : « L’ordre public sera respecté! » En effet, présenté ainsi, cela ne mange pas de pain… – L’hypocrisie: un bon coup de le Pen en vedette américaine sur des paroles et des actes (la 5ème fois!), faire monter ce personnage au forceps, par tous les moyens possibles et imaginables, puis hurler au danger extrémiste. – Le sectarisme, manichéisme de bas étage, si grossier qu’ils ne font même plus semblant d’y croire: « face à la droite et à l’extrême droite, combattre le bloc réactionnaire ». Des périodes d’effondrement politique, nous en avons connu d’autres. Il suffit de se souvenir de la fin de l’ère Mitterrand en 1993-1995, ou de l’époque Chirac, en 2005-2007. Oui mais alors, une alternative se présentait. Ce qui est tout à fait nouveau, c’est le vide, le néant, l’absence d’espoir politique, de lumière visible dans le champ politico-médiatique… Mais cette absence d’espoir n’empêche pas l’espérance, l’espérance, cette « petite fille de rien du tout ». Mon espérance à moi? La fin d’une époque, l’ultime agonie de la politique spectacle, fondée sur le scandale, le culte de la personnalité, le narcissisme mégalo d’une poignée de pitres médiatisés, de l’extrême gauche à l’extrême droite, la démagogie, le jeu permanent de la grande illusion et la fuite devant le réel. J’attends une vague de fond, poussée par la force de l’histoire, et la remontée en surface du monde des réalités, celui des entreprises, des PME martyrisées, qui sont le socle de la France et offrent du travail à nos enfants, celui des responsables publics lambda, anonymes, méprisés par la France dite d’en haut, les maires et élus qui se battent pour leur commune, sans l’obsession des caméras de télévision, les préfets, les militaires, les fonctionnaires de police, les professeurs confrontés à une situation dramatique, les médecins tellement maltraités, les infirmières, les employés derrière leur guichet, etc. La conscience professionnelle, contre l’esbroufe, l’idolâtrie et la frime. Le pouvoir de la majorité silencieuse, l’émergence de nouvelles énergies et sources de renouveau, venues de la France profonde, discrète, modeste, anonyme, comment cela s’appelle-t-il déjà? Ah, oui, la démocratie.
Maxime TANDONNET