Le chaos absolu

téléchargementLa photo insoutenable du petit garçon noyé sur une plage turque, diffusée par la presse et les médias dans toute l’Europe, bouleverse les opinions publiques et, sous l’impact d’une gigantesque émotion, entraîne un revirement des classes dirigeantes qui se rallient les unes après les autres à l’annonce de « quotas d’accueil européen ». Une sorte de jubilation malsaine s’est emparée des beaux esprits: nous avons gagné, grâce à cette photo, ils ont cédé… Plusieurs questions se présentent: l’émotion suscitée par une image, aussi consternante et atroce soit-elle, doit-elle dicter une politique? D’ailleurs, que peuvent changer ces fameux « quotas » sinon déchirer les Européens et provoquer un appel d’air supplémentaire? La mauvaise conscience de l’Europe – ce mea culpa continental et auto-flagellation collective – est-elle justifiée? L’Europe est-elle, oui ou non, responsable ou plutôt coupable du sort abominable de cette famille? De fait, le continent européen s’est largement ouvert, a accueilli un million de réfugiés l’an dernier, des centaines de milliers de migrants, entraînés par des passeurs criminels, venus s’échouer sur ses côtes ou recueillis sur ses navires. Que peut-elle faire de plus, concrètement, pour éviter de telles tragédies? Organiser un gigantesque pont aérien et maritime et un transfert massif de populations? Mais à cette annonce, des millions de malheureux de toute l’Afrique et l’Asie vont se précipiter sur les aéroports et les plages, dans un engrenage illimité, entraînant de violentes émeutes pour embarquer et d’autres tragédies en cascade. Et que faire ensuite: couvrir l’Europe de camps d’accueil dans une logique de spirale sans fin? Avec quels moyens, quelles ressources, quel avenir, quelles réactions des populations européennes? La vérité, c’est que l’Europe, exactement comme les Démocraties dans les années 1933-1939, est transie de lâcheté, d’aveuglement et de peur face au retour, à la revanche impitoyable du Mal absolu qu’incarne désormais l’Etat islamique Daesh. L’émotion collective n’est autre que le voile de son renoncement et de sa faiblesse face à lui. L’histoire se répète sous des formes radicalement différentes. Le seul devoir historique de l’Europe aujourd’hui, celui de ses Etats collectivement, en tant que première puissance potentielle de la planète, est de provoquer une coalition mondiale et une intervention militaire pour tenter d’en finir avec l’Etat islamique à l’origine du chaos sanguinaire. Bien sûr que cette issue est effroyable et risquée, mais il n’existe aucune autre solution sauf à se laisser mourir. Pardon de me répéter, mais l’océan est composé d’infimes gouttes d’eau. Des voix isolées, les plus inattendues, commencent enfin à s’élever en ce sens (Eric Woerth, François Fillon, Bruno Lemaire). Le début d’une prise de conscience?  Ce matin, j’ai découvert grâce à Figaro Vox, que des intellectuels importants pensaient exactement comme moi, Pascal Bruckner en l’occurrence. Cette découverte m’a arraché à un violent et douloureux sentiment de solitude.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction