L’avenir de l’UMP

sans-titreMon entretien de ce jour sur Atlantico:

1. Interviewé par Valeurs Actuelles, Jean-François Copé annonce la naissance "d’une nouvelle génération UMP". "Sur le fond, l’UMP a accompli une mue considérable. Le 25 janvier, nous adopterons une ligne politique ambitieuse (avec) un véritable projet de société cohérent, pour réparer les dégâts causés par la gauche", affirme le président de l’UMP. Mais quelle est cette ligne qu’entend aujourd’hui défendre Jean-François Copé ?

L’UMP se voit confrontée à une équation délicate: d’une part tenir compte de la sensibilité profonde de l’opinion, sa déception face à la tournure prise par la construction européenne et ses résultats,  ses inquiétudes devant  l’insécurité et l’immigration; d’autre part éviter une fracture avec la frange "centriste" représentée dans ses instances dirigeantes. Etre à l’écoute de l’évolution de la société française est vital pour l’avenir du mouvement, sinon il se condamne à être débordé et à dépérir. Cette prise de conscience est en ce moment au coeur des réflexions du mouvement même si les combats d’arrière-garde ne manquent pas. A mes yeux, c’est à tort que l’on parle de "droitisation" car les aspirations profondes de la société française, sur la maîtrise de l’immigration, par exemple, transcendent le clivage droite-gauche et touchent une large majorité de citoyens. Le plus difficile pour l’UMP est de définir une position sur l’Europe. La position fédéraliste de plusieurs de ses dirigeants est archaïque et suicidaire pour le mouvement qui doit revenir aux bases d’une Europe des Nations et à l’écoute des citoyens, s’il veut retrouver sa crédibilité dans ce domaine.

2. Quelle est sa vision de la société. En quoi se distingue-t-elle de celle de François Fillon ou Nicolas Sarkozy ?

Franchement c’est très difficile à dire. La vision de la société que propose l’UMP me paraît  voisine de celle qui a prévalu pendant le dernier quinquennat, privilégiant les valeurs d’autorité, de travail. Les grands sujets du moment sont l’économique et social, l’ordre (sécurité immigation), l’éducation.  Sur ces  thèmes, je ne vois pas bien ce qui distingue François Fillon de Jean-François Copé et de Nicolas Sarkozy comme président de la République. On ne peut pas opposer  un Fillon modéré et un Copé radical. Le Premier ministre s’est par exemple avancé sur la suppression des 35 heures et le retour à la retraite à 65 ans. L’essentiel tient à des oppositions de style, de caractère, avec un François Fillon qui renvoie à une image tranquille et un Copé fonceur, déterminé à mener à "combat idéologique" contre la gauche, l’ancien chef de l’Etat étant lui dans une position tout à fait particulière.

3. Cette ligne est-elle conforme à la droite décomplexée que Jean-François Copé entend porter ?

Oui bien entendu. Elle se nourrit du rejet de la politique actuelle par une forte majorité de Français, qui ont l’impression de subir à matraquage fiscal sans précédent, une perte de pouvoir d’achat et une augmentation continue du chômage. La baisse des prélèvements obligatoire donc la réforme de l’Etat s’imposent à l’opposition comme une priorité absolue. A mon avis, les termes de "droite décomplexée" se heurtent cependant à une limite. Le pays est profondément malade des divisions idéologiques, polémiques et déchirures de ces derniers mois, de la guerre civile froide qui sévit en ce moment. Il ressent un besoin d’unité et de pacification de la vie publique qui ne peut se réduire au combat entre une "droite décomplexée" contre une "gauche décomplexée" car les Français ne supportent plus la dégradation du climat de la vie publique. A cela aussi, l’opposition doit proposer des réponses, sans renoncer évidemment à conduire les profonds bouleversements nécessaires.

4. 130 milliards de baisse de dépenses publiques, "plus de liberté, plus de travail, plus de mérite, moins d’assistanat", etc. Jean-François Copé a-t-il amorcé un virage libéral ?

Le discours est libéral, mais est-ce vraiment nouveau? Le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui partent à la retraite a été la ligne constante du quinquennat de Nicolas Sarkozy, de même que la valorisation du travail, avec les heures supplémentaires défiscalisées, et la lutte contre l’assistanat. Maintenant, le véritable enjeu, c’est justement de préciser où l’on va trouver ces 130 milliards, comment les économies seront réalisées. L’actualité souligne les limite de l’incantation, des effets d’annonce, de la comunication à outrance et là aussi, si l’opposition veut gagner en crédibilité, il faudra qu’elle s’engage sur un projet précis.

5. De qui s’entoure-t-il aujourd’hui ? A l’UMP et en dehors ? 

Jean-François Copé dipose autour de lui d’une petite équipe qui le suit depuis longtemps. Par ailleurs, l’UMP anime des groupes de travail thématiques auxquels participent de nombreux experts, dont beaucoup proviennent des anciens cabinets ministériels ou de jeunes cadres du secteur privé ou public qui veulent préparer l’alternance. Les clivages de chapelle ne me paraissent pas avoir une grande importance dans la préparation du projet dont la responsabilité a été confiée à Hervé Mariton une personnalité venue du courant libéral, et plutôt indépendante à cet égard.

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Maxime TANDONNET

Author: Redaction