L’ARCEP soumet pour avis à la commission consultative des communications électroniques les modalités d’attribution et d’usage des fréquences 700 MHz

Paris, le 19 juin 2015

La généralisation de l’internet mobile, avec l’avènement

des smartphones et des tablettes et le lancement de la 4G, induit une croissance

exponentielle du trafic sur les réseaux mobiles. Pour soutenir cette

croissance des usages, l’attribution aux opérateurs de nouvelles bandes

de fréquences, en particulier de fréquences basses dont les propriétés

de propagation sont très favorables, est primordiale.

C’est dans ce contexte que le Gouvernement a décidé, grâce

à une modernisation de la norme de compression de la télévision

numérique terrestre (TNT), de libérer la bande 700 MHz et d’en

attribuer 2×30 MHz aux opérateurs mobiles. Cette bande sera libérée

progressivement sur le territoire, entre avril 2016 et juin 2019. Une proposition

de loi " relative au deuxième dividende numérique et à

la poursuite de la modernisation de la télévision numérique

terrestre " est d’ailleurs en cours de discussion au Parlement.

Dans ce contexte, sur la base de priorités déterminées

par les ministres chargés du numérique et dans le respect des

objectifs de la régulation fixés par la loi, l’ARCEP a pour mission

de proposer les modalités d’attribution et les conditions d’usage de

ces fréquences par les opérateurs mobiles. La procédure

est alors lancée par les ministres. L’ARCEP est responsable de la mise

en œuvre de cette procédure et de l’attribution des fréquences

aux opérateurs.

L’appel à candidatures doit être lancé en juillet

L’ARCEP a transmis pour avis hier, jeudi 18 juin, aux membres de la commission

consultative des communications électroniques (CCCE) les projets de décisions

qu’elle a élaborés en vue de l’attribution de la bande 700 MHz.

Ces projets de décisions résultent d’un processus préparatoire

mené depuis un an, en concertation avec les acteurs et les ministres

chargés du numérique. Ils font suite notamment à la "

Revue stratégique du spectre pour le très haut débit mobile

" qui a été mise en consultation publique en décembre

dernier.

Une fois l’avis de la CCCE recueilli, l’ARCEP prévoit ensuite d’adopter

sa proposition finale début juillet, afin que les ministres chargés

du numérique puissent lancer l’appel à candidatures en juillet.

La procédure d’attribution envisagée poursuit plusieurs objectifs

Les ministres chargés du numérique ont fixé des priorités

en termes de valorisation du patrimoine immatériel de l’État,

d’aménagement du territoire, de développement de l’investissement

et de préservation d’une concurrence effective et loyale.

Concernant la valorisation du patrimoine immatériel de l’État,

l’ARCEP a élaboré, en concertation avec les ministres, une procédure

qui prend la forme d’une enchère financière ascendante à

plusieurs tours. Cette enchère démarrera à un prix de réserve,

fixé par les ministres, égal à 416 millions d’euros pour

un lot de 2×5 MHz, soit 2,5 milliards d’euros pour l’ensemble de la bande.

La procédure est décrite plus en détails en annexe 1.

Conformément à la demande des ministres et du Parlement, exprimée

lors des récents débats parlementaires (projet de loi pour la

croissance et l’activité, proposition de loi relative au deuxième

dividende numérique et à la poursuite de la modernisation de la

télévision numérique terrestre, travaux de la Commission

supérieure du service public des postes et des communications électroniques)

la procédure tient le plus grand compte de la priorité à

l’aménagement numérique du territoire.

Elle prévoit ainsi des obligations de couverture du territoire aussi

élevées que celles qui prévalent dans la bande 800 MHz.

En particulier, le déploiement des fréquences de la bande 700

MHz est très largement imposé dans les zones rurales, en plus

des fréquences de la bande 800 MHz, afin d’améliorer la qualité

des services 4G dans ces zones et en prévision du déploiement,

le cas échéant, de la 5G sur ces fréquences.

De plus, l’appel à candidatures prévoit des obligations nouvelles

visant à améliorer l’accès à la data mobile dans

les trains du quotidien (TER, RER, Transilien). Ces obligations seront complétées

par un dispositif renforcé d’enquêtes de qualité de service

sur l’ensemble des lignes ferroviaires (y compris les TGV) et des métros,

afin d’inciter les opérateurs à accroitre la qualité du

service qui y est offert. Les obligations de couverture sont détaillées

en annexe 2.

La procédure entend également favoriser l’investissement

et vise à préserver une concurrence effective et loyale,

en permettant à chaque acteur de peser sur le marché mobile. Ainsi,

la bande a été découpée en 6 blocs de 2×5

MHz afin de laisser la possibilité à un grand nombre de candidats

de se voir attribuer des fréquences. Ces blocs sont cumulables, pour

que les candidats puissent offrir à leurs clients les débits les

plus élevés possibles. En revanche, afin de favoriser une utilisation

large de cette bande de fréquences et de limiter les déséquilibres

entre opérateurs, un même candidat ne pourra pas obtenir plus de

trois blocs (soit 2×15 MHz) dans la bande 700 MHz et ne pourra pas dépasser

un plafond de 2×30 MHz sur l’ensemble des bandes de fréquences

basses (700 MHz, 800 MHz et 900 MHz). Enfin, le type d’enchère envisagé

permet aux candidats de parfaitement en maîtriser l’issue : ils peuvent

à tout moment choisir de continuer ou d’arrêter les enchères,

en sachant quelle est la quantité de fréquences qu’ils se verront

attribuer.

L’attribution des fréquences est prévue d’ici la fin de l’année

2015.

Une fois l’appel à candidatures lancé, les candidats devront

déposer des dossiers de candidature à l’ARCEP à la fin

du troisième trimestre. L’ARCEP prévoit ensuite de mener la procédure

d’enchère au 4e trimestre et de délivrer les autorisations aux

lauréats avant la fin de l’année 2015.

Annexe 1 – Description de la procédure d’attribution

de la bande 700 MHz

La procédure envisagée pour l’attribution de la bande 700 MHz

est une enchère ascendante à tours multiples dont les modalités

sont les suivantes.

1. Enchère principale

L’enchère se déroule sur les 6 blocs de 5 MHz en même temps,

avec un prix unique par bloc. Tout au long de la procédure, l’ARCEP,

à la manière d’un commissaire-priseur, augmente le prix graduellement.

Au tour initial, l’ARCEP demande aux candidats combien de blocs ils sont prêts

à acquérir au prix de réserve (416 millions d’euros).

À chaque tour, l’ARCEP augmente ensuite le prix de 5 millions d’euros

(1) par rapport au tour précédent. Les candidats indiquent combien

de blocs ils sont prêts à acquérir à ce prix. Ils

ont deux possibilités : maintenir leur demande du tour précédent,

ou demander un bloc de moins. Ils ont interdiction d’augmenter leur demande

ou de la réduire de plus d’un bloc.

Tout au long de l’enchère, les candidats doivent par ailleurs respecter

un plafond :

– ils ne peuvent en aucun cas demander plus de 3 blocs ;

– de plus, leur demande ne peut pas les conduire à détenir plus

de 2×30 MHz en bandes basses (700 MHz, 800 MHz et 900 MHz).

Quand la somme des demandes des candidats est égale à 6 blocs,

l’enchère s’arrête et les blocs sont attribués au prix d’équilibre

ainsi atteint.

Par exemple :

– Les demandes des candidats évoluent de la manière suivante

:

o Candidat A : il demande 3 blocs à 416 millions d’euros. À

421 millions d’euros, il en demande toujours 3. Idem à 426…

Le prix par bloc augmente, et quand il atteint 486 millions d’euros, il

n’en demande plus que 2.

o Candidat B : il demande 3 blocs à 416 millions d’euros. À

426 millions d’euros, il n’en demande plus que 2. À 501 millions

d’euros, il n’en demande plus qu’un.

o Candidat C : il demande 3 blocs à 416 millions d’euros. À

446 millions d’euros, il n’en demande plus que 2. À 486 millions

d’euros, il n’en demande plus qu’un.

o Candidat D : il demande 3 blocs à 416 millions d’euros. À

466 millions d’euros, il n’en demande plus que 2.

– En conséquence :

o À 416 millions d’euros par bloc, la demande totale est donc de

12.

o À 426 millions, elle n’est plus que de 11.

o À 446 millions, elle n’est plus que de 10.

o À 466 millions, elle n’est plus que de 9.

o À 486 millions, elle n’est plus que de 7.

o À 501 millions, elle atteint 6.

– Le candidat A obtient donc 2 blocs. Le candidat B obtient 1 bloc. Le candidat

C obtient 1 bloc. Le candidat D obtient 2 blocs. Ils paient tous 501 millions

d’euros par bloc.

Dans le cas peu probable où la demande totale descendrait en dessous

de 6 (ce qui voudrait dire que plusieurs candidats ont réduit leur demande

pendant le même tour), un mécanisme ad hoc est prévu visant

à départager les candidats qui se retrouveraient en situation

d’égalité. In fine, 6 blocs seront attribués.

2. Enchère de positionnement

L’enchère principale permet de connaître la quantité de

fréquences obtenue par chaque lauréat ainsi que le prix des blocs.

Même si l’ARCEP garantit aux lauréats que leurs blocs seront in

fine contigus, il faut également déterminer où les fréquences

de chaque lauréat seront positionnées dans la bande : en bas de

la bande, en haut de la bande, au milieu…

Pour ce faire, l’ARCEP demande aux lauréats leurs préférences

ainsi que le montant qu’ils sont prêts à payer pour obtenir leur

premier choix. L’ARCEP positionne ensuite les lauréats dans la bande

par ordre décroissant d’enchères et en fonction de leurs préférences.

Les lauréats paient un montant égal à leur enchère

s’ils obtiennent leur premier choix, et ne paient rien s’ils obtiennent leur

dernier choix. S’ils obtiennent un positionnement intermédiaire dans

leur liste de préférences, ils paient un montant intermédiaire

(exemple avec 4 lauréats : deux tiers de son enchère si le candidat

obtient son 2e choix et un tiers de son enchère s’il obtient son 3e choix).

Par exemple :

– L’enchère principale a eu le résultat suivant : le candidat

A a obtenu 2 blocs, le candidat B 2 blocs, le candidat C 1 bloc et le candidat

D 1 bloc. Il y a donc 4 positionnements possibles, numérotés

de 1 à 4 du bas jusqu’au haut de la bande.

– Les lauréats indiquent les préférences suivantes :

o le candidat A enchérit 50 millions d’euros et a comme positionnements

préférés : 1, puis 2, puis 3, puis 4 ;

o le candidat B enchérit 40 millions d’euros et a comme positionnements

préférés : 2, puis 1, puis 3, puis 4 ;

o le candidat C enchérit 30 millions d’euros et a comme positionnements

préférés : 1, puis 2, puis 3, puis 4 ;

o le candidat D enchérit 20 millions d’euros et a comme positionnements

préférés : 1, puis 2, puis 3, puis 4 ;

– Le résultat de l’enchère de positionnement est le suivant

:

o Le candidat A obtient le positionnement 1, pour un montant de 50 millions

d’euros.

o Le candidat B obtient le positionnement 2, pour un montant de 40 millions

d’euros.

o Le candidat C obtient le positionnement 3, pour un montant de 10 millions

d’euros (1/3 de son enchère).

o Le candidat D obtient le positionnement 4, pour un montant de 0 euro.

3. Paiement des fréquences

Les lauréats paient in fine, en échange d’un droit d’usage de

20 ans, le prix atteint dans l’enchère principale ainsi que le montant

dû au titre de l’enchère de positionnement. Ce paiement est réalisé

en 4 quarts : à l’attribution des fréquences, puis à intervalles

successifs de 12 mois. En complément, ils paient chaque année

1% du chiffre d’affaires réalisé grâce aux fréquences

concernées.?

Annexe 2 – Les obligations de couverture

T1 = date d’attribution des fréquences

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(1) Ce montant est choisi ici pour illustrer la procédure et devra être

définitivement confirmé après l’avis de la CCCE

Author: Redaction