M. François Bayrou a annoncé hier son alliance avec M. Macron. Ce matin les radios jubilent, s’extasient. Les commentaires sont unanimes: « un tournant dans la campagne ». Telle est la réponse paniquée du monde médiatique à la chute de M. Macron dans les sondages et surtout au dernier qui l’annonçait derrière M. Fillon, malgré la prodigieuse campagne de lynchage que celui-ci vient de subir pendant 3 semaines. Ce dernier sondage, donnant M. Fillon vainqueur de l’élection présidentielle, montre les limites de l’opération de déstabilisation dont il a fait l’objet. Il faut trouver autre chose. M. Bayrou était pour M. Juppé qui lui-même soutient M. Fillon. Donc, il passe, avec armes et bagages, en faveur de M. Macron. Comment cela s’appelle-t-il déjà? Une magouille politicienne. Quant à la candidate lepéniste, elle fanfaronne dans son grand show nihiliste fait de coups de communication et de provocations, avec la bénédiction de ce même monde médiatique qui la vénère en parlant d’elle sans arrêt tout en faisant semblant de la critiquer: paroxysme d’une hypocrisie française. Le culte de la personnalité, cette grande manipulation fondée sur l’éblouissement idolâtre des masses pour une pure figure du néant bat son plein. Depuis les années 1920 et 1930, rien n’a-t-il donc changé? Lynchage sanguinaire, magouille politicienne, culte débile et malsain de la personnalité d’un autre âge: comment la campagne électorale de 2017 a-t-elle pu tomber aussi bas? Pendant que ce spectacle immonde se déroule sous nos yeux, les grands problèmes de la France sont oubliés. Qui parle encore du chômage de masse et des 6 millions de personnes privées d’emploi? Des jeunes victimes de l’exclusion, de l’impuissance publique et de la crise du régime? Et de la réforme des institutions européennes? De l’insécurité qui explose dans nos villes, des cités en perdition, du déficit commercial, des 2000 milliards de la dette publique, de l’effondrement de l’économie française face à l’Allemagne, de la déflagration générale du Moyen-Orient et de la défense de l’Europe dans une période d’incertitude planétaire sans précédent depuis 1945? Rien: tout le monde s’en fout. Cette campagne électorale est un pur scandale, une grande comédie vénéneuse, une agonie de la démocratie et des principes de la République française.
Maxime TANDONNET