Dans un dossier intéressant, nos confrères du Point expliquent que la France, contrairement à la plupart des autres pays au monde, ne s’est pas dotée d’outils permettant de cibler ses politiques d’intégration. Non seulement elle ignore le nombre précis d’immigrés qui se trouvent sur son sol (un rapport parlementaire avait montré, en 2018, que les immigrés clandestins pesaient 8 % à 20 % de la population de la Seine-Saint-Denis), mais elle n’a aussi qu’une idée vague de leur répartition géographique.
« Au début des années 2000, la France a décidé de changer sa méthode de recensement de la population », explique au Point le démographe Gérard-François Dumont. « Le recensement n’est plus exhaustif, mais organisé selon un échantillonnage unique au monde. Chaque année, 8 % des communes de plus de 10.000 habitants sont recensées. Au bout de cinq ans, on atteint 50 %… Les données arrivent de façon tardive, les maires râlent car le recensement ne correspond pas à ce qu’ils constatent sur le terrain. »
Autre particularité relevée par nos confrères du Point : la France, contrairement à ses voisins, ne dispose d’aucun registre communal – une obligation dans la plupart des pays, où chaque nouvel arrivant dans une municipalité, même clandestin, doit se faire connaître auprès de la mairie afin d’ouvrir ses droits au logement, à l’école, aux prestations sociales… « Comment peut-on développer des politiques d’intégration sans connaissance fine de la population qui vit sur le territoire ? » s’agace le spécialiste. « La question de l’intégration se pose au niveau local. Où déployer des centres d’apprentissage de la langue française, si l’on ignore où sont les gens ? On sait que le taux de chômage des immigrés venus du Maghreb ou de Turquie est moitié supérieure au taux de chômage de la population native. Comment aider leur intégration dans la vie économique, sans actions spécifiques, locales ? »
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