La tyrannie des illusions

téléchargement (6)Il est particulièrement inquiétant de constater l’extraordinaire basculement de la vie politique dans le monde des illusions et des manipulations. Je l’observe tous les jours et la vois glisser à vue d’oeil loin du réel, dans un univers de mirages, de chimères, d’ombres chinoises. Souvent, au regard de l’histoire politique française, j’ai l’impression que l’on ne s’est jamais autant moqué des gens qu’aujourd’hui. Les exemples foisonnent tous les jours. L’usage du 49-3 au Parlement? On voudrait nous faire croire en un acte d’autorité fondamental destiné à sauver le pays. Qu’en est-il? Une refonte globale du contrat de travail pour relancer l’embauche? Une coupe sombre dans les prélèvements obligatoires? Un « grand soir fiscal » en faveur de l’entreprise? Que nenni ! Assouplir légèrement l’idiote interdiction française du travail du dimanche, l’ouverture prudente des professions réglementée et la libéralisation du transport en car… Cela ne mérite même pas une loi, mais une simple autorisation donnée par le maire devrait suffire. Dans l’opposition, un grand débat s’ouvre sur le « droit du sol ». Or, cette question est fondamentalement, objectivement sans intérêt, comme je l’ai  écrit dans le Figaro. La suppression du « droit du sol » mettrait le feu au pays mais ne réglerait pas d’un iota ses difficultés d’intégration et de maîtrise de l’immigration, au contraire. Agiter les chiffons rouges sert à faire oublier les profondes fractures de la société française, que nul n’a su régler et les défis que nul n’a envie relever: les 6 millions de chômeurs, la ghettoïsation, la désintégration, les jeunes dans l’exclusion, la violence, l’incapacité à réguler efficacement les frontières, dans une monde en pleine décomposition, l’impuissance chronique du pouvoir politique à traiter des problèmes véritables, le renoncement à tenter – au moins – d’agir sur le réel. Autrefois, la propension à jongler avec les passions caractérisait les seuls courants extrémistes tandis que les politiques « de gouvernement » tentaient de coller aux faits. Désormais, la fuite dans les limbes est générale. Tout n’est que scandale, postures, provocation, frime, duperies, exagérations, polémique, idole de pacotille d’un jour et lynchage haineux le lendemain. Les politiques (sur le plan national) dans l’ensemble, donnent le sentiment de ne plus vouloir s’occuper de la réalité, du concret. La politique de la raison se meurt.  Le monde réel est tellement plus complexe, ingrat et moins rémunérateur en terme électoral, que celui des passions.  Ils vivent dans un univers de chimères où ils veulent entraîner les masses comme un troupeau aveugle et les manipuler. Et les pôles de résistance potentielle s’amenuisent au fur et à mesure que l’intelligence collective et le sens critique s’affaiblissent dans un climat de désintérêt et d’abêtissement général, résultat du saccage de l’éducation nationale, notamment de l’enseignement de l’Histoire, depuis des décennies.

Si j’écris cela, comme je le ressens, ce n’est pas par pessimisme ou désespoir mais au contraire dans l’espoir de contribuer, même à échelle infime, à une prise de conscience. 

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction