La situation à la frontière entre la France et l’Italie est décrite comme « explosive » par le président du Département des Alpes-Maritimes. Dans une lettre du 23 août adressée à l’Élysée et Matignon, Charles Ange Ginésy tire de nouveau la sonnette d’alarme. Il avait déjà, il y a quatre mois, appelé la France à mettre en place des mesures d’urgence face à la vague migratoire. En mai, il s’était tourné vers le ministre de la Justice et le ministre de l’Intérieur, évoquant une « saturation » des services de protection de l’enfance du département face à l’afflux de mineurs isolés.
Il y a eu une nette augmentation de 40% du nombre de jeunes pris en charge au premier trimestre 2023 par rapport à la même période l’année précédente. Bien qu’une baisse ait été observée en juin, le nombre de mineurs isolés venant d’Italie a explosé. Pour mettre cela en perspective, au 18 août, le département a accueilli 4.333 mineurs non accompagnés, alors que le chiffre total pour 2022 était de 4.908.
La situation actuelle a créé un engorgement et détourné les ressources de l’aide sociale à l’enfance. Selon le président du Conseil départemental, le département semble être la « la victime collatérale d’une frontière passoire ». Malgré d’importants investissements humains et financiers, les services départementaux en charge de ces jeunes sont à bout de souffle, comme mentionné dans sa lettre. Il estime qu’il est impératif que le gouvernement et le président interviennent, car « ce n’est plus acceptable et ce n’est plus tenable. Les moyens humains mobilisables ne le permettent plus ». Charles Ange Ginésy insiste sur la nécessité pour l’État d’agir. « Aujourd’hui, je dis stop ! »
Ces jours-ci, il n’est pas rare que la police française intercepte plus de 300 étrangers en l’espace de 24 heures. Au total, 19.405 personnes ont fait l’objet d’une non-admission depuis janvier. Interpellées dans la zone frontalière, elles se sont vu notifier un refus d’entrée. C’est 12 % de plus que sur la même période l’an dernier. Si l’on prend la totalité des interpellations d’étrangers en situation irrégulière dans le département des Alpes-Maritimes, y compris hors zone frontière, l’augmentation bondit à 22 %, avec un total de 25.369 personnes arrêtées.