Ma situation professionnelle m’interdit strictement de parler de l’affaire Léonarda qui secoue le pays depuis trois jour. Je ne dirais pas un mot du dossier, respectant ainsi le devoir de réserve qui m’incombe. En revanche, l’ouragan qui balaye le pays et ébranle le gouvernement au sujet de cette histoire, la mobilisation forcenée du monde politique et médiatique, me concernent en tant que citoyen. L’idéologie des bons sentiments et de l’émotionnel, à l’encontre des décisions de l’Etat et de la justice, semble prendre l’ascendant sur l’autorité de la loi. Cette perte des repères de l’Etat de droit et des valeurs de la démocratie, ce climat de chaos qui s’est emparé du pays conduit sans doute au pire. Chacun sait que l’anarchie est la dernière étape vers le despotisme. "L’ordre et l’ordre seul, fait en définitive la liberté. Le désordre fait la servitude" a écrit Charles Péguy (les Cahiers de la Quinzaine). Le pays semble vaciller sur ses bases parce que l’Etat tente de faire appliquer le droit, tout simplement de gouverner, à l’occasion d’ un dossier individuel qui est des plus anodins. Une nation qui s’abandonne ainsi au compassionnel et cède à la dictature de l’émotion, dans un climat de lâcheté politicienne indicible, semble avoir renoncé à se diriger, ou tout simplement à exister. Elle est mûre pour la soumission et les pires aventures.
Maxime TANDONNET