« La peine de mort sociale »

M. Bock-Côté dans le Figaro : « Ces exécutions sont devenues monnaie courante en Amérique du Nord. Elles méritent qu’on élargisse la réflexion. Elles sont au cœur du nouvel espace public apparu avec les réseaux sociaux, où la foule lyncheuse s’est substituée au peuple démocratique et procède à son lynchage quotidien. Elle s’alimente de propos tronqués, d’extraits d’émissions décontextualisées, de citations anciennes ou nouvelles rarement comprises, et bien souvent, de propos décrétés scandaleux et nauséabonds par les nouvelles autorités morales – propos qui tournent en boucle sur les réseaux sociaux et rameutent une foule numérique excitée par des progressistes qui rêvent au nettoyage éthique de l’espace public, pour en bannir à jamais les «propos haineux» sous le signe d’une purge rédemptrice. » Dans un impressionnant article du Figaro, Mathieu Bock-Côté, intellectuel québécois, dénonce un phénomène totalement banalisé en Amérique du Nord: la peine de mort sociale. Toute parole, toute phrase, même détournée de son contexte, jugée non conforme à l’idéologie dominante, vaut à son auteur un violent lynchage médiatique ou sur les réseaux sociaux, nettoyage éthique comme le sociologue le dit si bien. Un morceau de phrase présenté comme non conforme à l’idéologie globale d’un monde sans frontières, sans nation, le culte du « genre », l’interchangeabilité des individus, le libre arbitre individualiste et le narcissisme absolu, entraîne un déchaînement de violence verbale et une mise à mort sociale. Ce totalitarisme d’un genre nouveau frappe bien évidemment aussi l’Europe en particulier la France. Entre la mise à mort sociale et la mise à mort physique, la marge est étroite comme en témoignent les suicides de personnes, souvent d’enfants ou d’adolescents, dont l’honneur et l’image personnelle sont ainsi sacrifiés. Le mélange des technologies de la communication et la banalisation de la nouvelle idéologie dite « progressiste », ressuscite dans le monde occidental des réflexes collectifs qui rappellent les chasses aux sorcières en tout genre et les heures les plus sombres de l’histoire de l’humanité.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction