Les propos du président Hollande, prononcés le 16 décembre sur le ton de la boutade lors du dîner du CRIF au sujet de l’Algérie ont provoqué un tollé en France et dans ce pays. "Il en est rentré sain et sauf (Valls) c’est l’essentiel". Un chef de l’Etat s’exprime au nom de la Nation, forgée dans la tragédie de souffrances indicibles. Sa parole est donc sacrée. Le président de la République, qui exerce le pouvoir d’envoyer des jeunes gens à la mort pour la défense des intérêts de la France ou de l’humanité, se détourne de sa mission en s’adonnant publiquement à la plaisanterie, c’est-à-dire à la parole légère destinée à provoquer le rire. Nous connaissons depuis une trentaine d’années, une crise de l’institution présidentielle, qui a perdu l’essentiel de ses pouvoirs gouvernementaux, avec le transfert de la compétence monétaire à Bruxelles et du pouvoir normatif – les lois et la réglementation – à Bruxelles mais aussi au Conseil constitutionnel et aux tribunaux. Nous sommes désormais confrontés à une crise de la parole présidentielle, décrédibilisée par l’affaire Léonarda, une répétition de propos incantatoires sur une amélioration la situation de l’emploi qui ne convainc personne, une blague enfin qui oblige le président, c’est-à-dire la France, à s’excuser auprès d’un pays avec lequel nos relations depuis son indépendance en 1962, ont un caractère extrêmement passionnel sinon orageux. L’image de François Hollande ne pourra jamais se redresser en quelques années, tant son passif est désormais imprimé dans l’inconscient collectif des Français. Cela n’exclut d’ailleurs en rien sa réelection en 2017, à la faveur d’un violent courant protestataire et d’un parti républicain déchiré par ses honteuses rivalités nombrilistes. Que serait un grand président en 2017? Une personnalité capable – justement par son comportement et sa parole – de susciter un climat de confiance, de respect et de consensus, assez visionnaire pour piloter le pays dans le naufrage des institutions européennes et la tempête de la mondialisation, de s’appuyer sur un Premier ministre puissant, autoritaire et déterminé à accomplir en son nom l’œuvre de redressement nécessaire. En trois ans et demi, un tel personnage peut-il émerger et s’imposer dans l’opinion? C’est toute la question…
Maxime TANDONNET