Avez-vous vu le sondage qui émerveille le monde politico-médiatique ce matin? Il annonce une remontée spectaculaire de la cote de popularité de l’exécutif… D’autres sondages donnent une percée vertigineuse du Front national aux élections régionales. J’en suis à me demander ce que peuvent bien valoir, devant le grand tribunal de l’histoire, des points de popularité ou des sièges gagnés dans le malheur des autres, dans le sang et les larmes d’un pays. Ce matin à la radio, la déferlante de propagande atteignait des niveaux tels que je n’aurais jamais imaginé dans notre vieille démocratie. La jubilation des commentateurs faisait étrange à attendre. Ils sublimaient la petite fille de le Pen candidate dans le midi, pour avoir elle même encensé le « pater familias« (sic) de la France, c’est-à- dire le président de la République présenté en homme providentiel, sauveur de la Nation. Tout un rêve de la France médiatique qui se réalise… Car ceci n’a évidemment qu’un but, en finir avec le camp de l’alternance potentielle, celui que l’on ne sait même plus comment nommer – la droite, l’opposition libérale, les républicains, les Modérés (comme dans l’entre-deux-guerres) -, privé de leader, privé de discours, privé d’énergie, privé même de nom -, et assurer au parti socialiste, dont on se demande ce qu’il a encore de socialiste d’ailleurs, un siècle et demi sous les dorures de la République. Nous avons un infime espoir: que les Français soient bien plus intelligents que ce que laissent entendre les commentaires savants et les sondages et qu’ils ne tombent pas dans le piège de la grande manipulation. Mais surtout, que les dirigeants et les responsables politiques français, droite et gauche confondues, prennent conscience de la gravité de la situation. Il n’est plus question de chercher une simple alternance politique gauche/droite, avec le retour des vieux crabes, les mêmes idées un peu relookées, un vague programme. Non, il faut une refondation totale, radicale de la morale politique, des institutions de la République, de la conception de l’Europe, de l’Etat, de la culture, un brassage généralisé pour le renouvellement de la classe dirigeante. Il faut en finir avec tout culte de la personnalité, odieux et débilitant voué à très mal finir, indigne de la démocratie et de la France contemporaine, remettre le bien commun au centre de la politique, rendre le pouvoir au peuple à travers la démocratie représentative et directe, interdire la professionnalisation de la politique – après dix ans, tu dégages et tu passe à autre chose, comme les battus et les corrompus qui doivent disparaître – imposer l’impartialité absolue des médias publics, chargés de l’information et non de la propagande. Bon, mais qui peut entendre la vérité en ce moment?
Maxime TANDONNET