« Ma famille politique » est une expression aujourd’hui répandue que je n’utiliserai jamais, car elle est hypocrite et mensongère. Une famille est un espace où les gens s’aiment ou au moins se respectent. Chacun sait qu’en politique, en dehors de quelques exceptions, tout le monde déteste tout le monde, surtout dans le même parti. Les signes et les rumeurs d’amitié ou d’affect ne sont que ralliements tactiques, signaux et manipulations destinés au grand public. Alors faute de « famille », parlons de connivence de pensée ou de projet. Les hauts responsables politiques dont je me sens le plus proche sont sur la mauvaise pente. Ils voient par le petit bout de la lorgnette. Ils présentent deux ans à l’avance leur amorce de programme présidentiel sous forme de coups médiatiques. L’un annonce qu’il abrogera la loi sur le mariage homosexuel. Il n’en fera rien. En 2017, nul, je l’espère, ne prendra le risque de déchirer de nouveau sur ce thème un pays en ruines. L’autre met en avant son programme sur l’immigration, exhibant des recettes mille fois promises et jamais appliquées comme les quotas qui ne régleraient d’ailleur rien du tout. Et puis un autre se montre en photo dans une revue qui incarne la gauche caviar bien pensante. C’est le contraire qu’il faudrait faire. Mettre la communication et les gesticulations entre parenthèses. Profiter de la traversée du désert pour réfléchir: pourquoi, depuis 35 ans, tous les gouvernements, tous, ont échoué sur les problèmes fondamentaux des Français, en particulier le chômage, l’éducation et l’insécurité? Pourquoi la violence, le communautarisme ne cessent de s’aggraver? Qu’est-ce qui ne marche pas dans notre vie collective, nos institutions, notre rapport à l’Europe et au monde? Pourquoi le malaise français, l’impuissance publique, le refus des réformes qu’ont réalisées nos partenaires européens, le pessimisme ambiant, le sectarisme suintant de bêtise, le dégoût de la politique qui s’exprime dans l’absentionnisme et la poussée du vote extrémiste et protestataire? Quelles sont les transformations profondes dont notre pays à besoin pour se remettre en route? Ils sont sur la mauvaise pente pour une raison simple. Leur horizon s’arrête à 2017: les politiques veulent l’Elysée et peu leur importe ce qui vient ensuite. Mais si les Français sentent qu’on les méprise, qu’on se moque trop d’eux, vous verrez, contre toute attente, il reconduiront les socialistes en 2017. Par désespoir, par dérision. Pour se venger.
Maxime TANDONNET