Dimanche soir, sur BFM, j’écoutais le débat entre Henri Guaino et Madame le Pen. Mon ancien collègue de l’Elysée avait entièrement raison de souligner, sans jamais se départir de sa courtoisie et de sa mesure, la différence fondamentale, historique, identitaire, entre sa famille politique ou idéologique (qui est aussi la mienne) et le FN. Ensuite, emporté physiquement par le flux verbal de son opposante, il avait du mal à se raccrocher aux branches. Henri Guaino a une qualité rare : la fidélité, la loyauté à l’égard de Nicolas Sarkozy. « On n’a pas le droit de trahir, on n’a jamais le droit de trahir, personne. Les traitres il faut les combattre » écrit Charles Péguy dans Notre jeunesse (page 118, la Pléiade tome III). C’est un principe absolu, qui devrait l’emporter sur toute autre considération. A contrario, j’ai du mal à comprendre le comportement de personnalités – innombrables – qui lui doivent absolument tout et se retournent contre lui. Je songe, par exemple, à ce conseiller politique dont le bureau était voisin du mien, et qui vient d’écrire un livre hostile, fustigeant son éventuel retour, ou bien à ces jeunes femmes, tirées du néant par l’ancien chef de l’Etat, qui ont pris ostensiblement leurs distances avec lui avant d’enfourcher un autre cheval. Je ne dis pas qu’il faut être idolâtre ou le doigt sur la couture du pantalon, mais simplement honnête, correct. On a bien sûr le droit d’être en désaccord à un moment donné et de le manifester, voire même de rompre avec lui, mais alors, il faut en tirer les conséquences et lui rendre ce qu’on lui doit, en particulier mandats électifs et carrière politique.
Maxime TANDONNET