Jamais dans l’histoire de la République une campagne électorale n’aura débuté sous des auspices aussi détestables, dégoulinants de haine, de mensonge, de bêtise et de méchanceté. La chasse au gibier de potence est au centre des opérations avec M. Zemmour en bouc émissaire national (consentant) à la manière de René Girard. Tout cela pue l’hypocrisie à plein nez. La France d’en haut (politique, médiatique et « intellectuelle ») se livre à une étrange chasse à l’homme sur toutes les ondes et tous les médias dans une indifférence et une banalisation qui font froid dans le dos. Elle sait que l’effet du lynchage, de cette poursuite sanglante est de focaliser la campagne sur le phénomène Zemmour et donc de le faire mécaniquement grimper dans les sondages. Elle en fait ainsi l’adversaire privilégié de M. Macron assurant la réélection de ce dernier comme candidat du prétendu « Bien » face au nouveau « Mal absolu » avec une certitude encore plus totale que dans l’hypothèse d’un face-à-face avec la fade candidate lepéniste. M. Zemmour n’a pas le moindre soupçon d’une chance de l’emporter dans un deuxième tour du fait de son caractère clivant qui exclut absolument, irrémédiablement, définitivement de rassembler sur son nom 50,00001% des Français. C’est tout l’enjeu de la chasse névrotique et malsaine qui se déchaîne en ce moment. Et aujourd’hui, Mme le Pen annonce qu’élue, elle pourrait le désigner comme son Premier ministre. Ah! le bel attelage expérimenté, rassembleur et consensuel pour piloter l’appareil d’Etat: présidente le Pen et Eric Z à Matignon! Mais de qui se moque-t-on? Qui peut bien croire à de telles balivernes? Quant à l’actuel occupant de l’Elysée, candidat à sa succession, il caracole plus que jamais en tête des sondages. Non que les Français paraissent satisfaits du bilan d’un quinquennat dont il n’est jamais question. Mais sa figure omniprésente, obsessionnelle, monopolisant les médias dans un jeu de mise en scène permanente, multipliant les apparitions à tout propos, mêlant les clins d’œil bienveillants aux coups de menton dans le vide, distribuant les « annonces » et les dizaines de milliards à la tête des Français sous hypnose, les milliards chimériques dans un pays en ruines dont la dette publique atteint 116% et le déficit public 10% du PIB, et tout cela avec la complicité éblouie de 80% des relais d’opinion… Et vous appelez cela une démocratie? Les socialistes (on pourrait, pourquoi pas, imaginer un parti socialiste intelligent sur le modèle de Léon Blum, non sectaire et qui replace la question sociale au premier plan tout en tenant un discours responsable sur la sécurité et l’immigration), les socialistes ne trouvent rien de mieux que de se donner Notre-Drame de Paris comme candidate et de s’enfoncer dans leurs délires gauchisants. Et puis la « droite », multiplie les efforts de sérieux à travers son congrès virtuel. Mais le message ne parvient pas à passer dans l’opinion. Elle est comme écrasée entre la montée des délires d’une part et l’esbroufe médiatique d’autre part. Et puis, dans un contexte particulièrement flou, elle ne parvient pas à éloigner le spectre des jalousies, des haines, des arrière-pensées vénéneuses qui la rongent. Victime des trahisons de la pire engeance – les traitres hautement satisfaits de leur trahison -, elle ne parvient hélas toujours pas à allumer la moindre étincelle d’espérance. Et les Français, me diriez vous? Il serait temps qu’ils se reprennent, se réveillent, ouvrent les yeux et prouvent que le bon sens n’est pas irrémédiablement mort. Je le sais, je me répète: nous marchons tout droit à l’abîme vertigineux.
MT