L’article 5 de la Constitution de la Ve république donne une définition claire de la mission du chef de l’Etat : « Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités. » Le chef de l’Etat se présente comme un monarque républicain, au-dessus des partis et des contingences de la vie politique, chargé de l’intérêt et de la sécurité de la Nation. En aucun cas les institutions de la République ne confient au président de la République le soin de s’occuper du tout venant. Cette tâche est celle du Premier ministre d’après les articles 20 et 21 de la Constitution : « Le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation […] Le Premier ministre dirige l’action du gouvernement. » L’intervention télévisée du chef de l’Etat du 19 octobre à propos du devenir d’une famille étrangère reconduite à la frontière, marque une étape symbolique dans la déliquescence de l’institution présidentielle, qui ne date certes pas d’aujourd’hui. Cette perversion de la Ve République conduit à la catastrophe. Le chef de l’Etat, censé incarner l’unité et l’avenir de la nation, se trouve discrédité et ravalé à un rôle factuel et anecdotique, prisonnier du quotidien, embourbé dans les querelles idéologique de sa majorité. Son impopularité franchit un nouveau record (24% Ifop-JDD). Le Premier ministre a quasiment disparu du paysage institutionnel. La France se voit ainsi comme privée de de pilote, de cap, d’avenir. Quoi de pire pour une nation prise dans la tourmente de la mondialisation? Dans la perspective d’une future alternance en 2017, voire avant, nous n’en sortirons que par un retour à la lettre et à l’esprit de la Ve république : un chef de l’Etat solide et visionnaire, dans la mission de sage et de guide de la nation (autre que tous les charognards qui se vantent aujourd’hui de viser l’Elysée) et un Premier ministre aux commandes de la politique nationale, sous le contrôle du Parlement. Le retour au septennat est bien entendu indispensable mais avant même une nécessaire révision constitionnelle, il est urgent et prioritaire d’appliquer enfin la Constitution.
Maxime TANDONNET