La droite républicaine peut-elle s’en sortir et comment? (Pour Atlantico, avec M. Bruno Jeanbart)

Un récent sondage Harris Interactive pour Commstrat révèle qu’en cas de second tour entre Emmanuel Macron et Marine le Pen, l’électorat LR autour de Xavier Bertrand se dirigerait pour 38% vers le président de la République et 21% vers Marine le Pen. Plus parlant encore, l’électorat des Républicains de 2017 ne se dirigerait dès le premier tour qu’à 51% vers le président de la région Hauts-de-France, et se diviserait presque identiquement (respectivement 21 et 18%) entre Emmanuel Macron et Marine le Pen. Comment expliquer cette crise d’un parti qui ne parvient pas à s’unifier autour d’un champion pour la présidentielle ? 

Les fondements électoraux de la droite LR ou assimilée sont bien loin d’être catastrophiques. Les résultats nationaux des dernières élections municipales de 2020 ont montré que ce courant politique était dominant dans le pays : 2,65% à l’extrême gauche ; 29, 63% à la gauche ; 4,38% aux Verts ; 15,98% au Centre (dont 2,22% à LREM, le parti du chef de l’Etat) ; 33, 71% à la droite ; 3,33% à l’extrême droite. Bien sûr, ces résultats ne reflètent qu’imparfaitement le rapport de force dès lors qu’ils prennent en compte des situations locales. Cependant, un tel vote effectif des citoyens vaut mieux que les multiples sondages ne portant que sur des « intentions ». Tout le problème de la droite est celui de « l’incarnation ». Depuis que Nicolas Sarkozy et François Fillon ont quitté la scène, ils n’ont pas été remplacés. LREM à travers M. Macron et le RN à travers Mme le Pen ont un candidat tout désigné. Ce n’est pas le cas de LR. La tragédie de ce courant est sa difficulté à se mettre d’accord sur un chef reconnu…Cette difficulté recouvre aussi l’éternelle fracture interne à la droite LR entre une tendance libérale/centriste et un courant souverainiste. D’où l’impasse actuelle…

– Une alliance avec le rassemblement national semblant peu envisageable pour les Républicains, quelles solutions s’offrent à eux pour que le premier parti de France en nombre total d’élus ne soit pas le grand absent de la présidentielle de 2022 ? Une alliance avec La République en Marche est-elle la seule solution, et si oui quelle forme prendrait-elle ?

Un ralliement au macronisme serait définitivement suicidaire pour LR. Une nouvelle majorité à dominante LR élue dans la foulée de la présidentielle se trouverait en position de soumission totale vis-à-vis de l’Elysée. Et ce serait au prix d’un vertigineux retournement de veste. La droite se rallierait ainsi à tout ce qui fait l’essence du macronisme : repentance obsessionnelle, multiculturalisme, PMA sans père remboursée, IMG à neuf mois pour détresse psycho-sociale, éoliennes à outrance… En outre, cette volte-face reviendrait à endosser l’échec fondamental du macronisme, sa promesse de « nouveau monde » devenue cauchemar : affaiblissement des libertés et de la démocratie, débâcle économique et financière, sociale, sanitaire. LR tient-il à être assimilé à ce fiasco historique ? Et alors, quel plus beau cadeau en faveur des extrémismes démagogiques de gauche comme de droite qui détiendraient le monopole de l’opposition. Enfin, une telle opération serait lue par l’opinion comme une combinaison politicienne de bas étage. Elle ne ferait qu’amplifier le dégoût envers la politique qui touche 80% des Français et l’abstentionnisme.

– Comment restaurer la loyauté des électeurs à un parti dont, dès le premier tour, la base électorale se détache, et dont les prédictions montrent que les consignes de vote ne seront probablement pas suivies ?

 Malheureusement, je ne connais pas la solution miracle… Il me semble tout de même que malgré des sondages préoccupants, les chances de LR sont réelles pour les élections présidentielles et législatives. L’expérience montre que lors des scrutins nationaux, rien ne se passe généralement comme prévu. Un autre sondage IFOP de septembre 2020 soulignait que seulement 32% des électeurs souhaitaient un nouveau duel Macron/le Pen. La droite doit donc s’adresser aux 68% qui n’en veulent pas. Il me semble qu’il lui faudrait prendre résolument le contre-pied de ce que représente le tandem Macron/le Pen : une forme de totémisation de la politique réduite à l’adoration de gourous. Certes la droite aura besoin d’un porte-drapeau pour les présidentielles mais elle doit refuser le naufrage dans le culte de la personnalité et mettre l’accent sur le débat d’idées et sur un engagement collectif d’une équipe rassemblée au service du redressement de la France sur les grands sujets de préoccupation des Français : sécurité, dette publique, fragmentation de la société, maîtrise de l’immigration, lutte contre le chômage, la pauvreté et l’effondrement scolaire. J’ignore si cela suffira mais je ne vois pas d’autre solution.

 

Author: Redaction

La droite républicaine peut-elle s’en sortir et comment? (Pour Atlantico, avec M. Bruno Jeanbart)

Un récent sondage Harris Interactive pour Commstrat révèle qu’en cas de second tour entre Emmanuel Macron et Marine le Pen, l’électorat LR autour de Xavier Bertrand se dirigerait pour 38% vers le président de la République et 21% vers Marine le Pen. Plus parlant encore, l’électorat des Républicains de 2017 ne se dirigerait dès le premier tour qu’à 51% vers le président de la région Hauts-de-France, et se diviserait presque identiquement (respectivement 21 et 18%) entre Emmanuel Macron et Marine le Pen. Comment expliquer cette crise d’un parti qui ne parvient pas à s’unifier autour d’un champion pour la présidentielle ? 

Les fondements électoraux de la droite LR ou assimilée sont bien loin d’être catastrophiques. Les résultats nationaux des dernières élections municipales de 2020 ont montré que ce courant politique était dominant dans le pays : 2,65% à l’extrême gauche ; 29, 63% à la gauche ; 4,38% aux Verts ; 15,98% au Centre (dont 2,22% à LREM, le parti du chef de l’Etat) ; 33, 71% à la droite ; 3,33% à l’extrême droite. Bien sûr, ces résultats ne reflètent qu’imparfaitement le rapport de force dès lors qu’ils prennent en compte des situations locales. Cependant, un tel vote effectif des citoyens vaut mieux que les multiples sondages ne portant que sur des « intentions ». Tout le problème de la droite est celui de « l’incarnation ». Depuis que Nicolas Sarkozy et François Fillon ont quitté la scène, ils n’ont pas été remplacés. LREM à travers M. Macron et le RN à travers Mme le Pen ont un candidat tout désigné. Ce n’est pas le cas de LR. La tragédie de ce courant est sa difficulté à se mettre d’accord sur un chef reconnu…Cette difficulté recouvre aussi l’éternelle fracture interne à la droite LR entre une tendance libérale/centriste et un courant souverainiste. D’où l’impasse actuelle…

– Une alliance avec le rassemblement national semblant peu envisageable pour les Républicains, quelles solutions s’offrent à eux pour que le premier parti de France en nombre total d’élus ne soit pas le grand absent de la présidentielle de 2022 ? Une alliance avec La République en Marche est-elle la seule solution, et si oui quelle forme prendrait-elle ?

Un ralliement au macronisme serait définitivement suicidaire pour LR. Une nouvelle majorité à dominante LR élue dans la foulée de la présidentielle se trouverait en position de soumission totale vis-à-vis de l’Elysée. Et ce serait au prix d’un vertigineux retournement de veste. La droite se rallierait ainsi à tout ce qui fait l’essence du macronisme : repentance obsessionnelle, multiculturalisme, PMA sans père remboursée, IMG à neuf mois pour détresse psycho-sociale, éoliennes à outrance… En outre, cette volte-face reviendrait à endosser l’échec fondamental du macronisme, sa promesse de « nouveau monde » devenue cauchemar : affaiblissement des libertés et de la démocratie, débâcle économique et financière, sociale, sanitaire. LR tient-il à être assimilé à ce fiasco historique ? Et alors, quel plus beau cadeau en faveur des extrémismes démagogiques de gauche comme de droite qui détiendraient le monopole de l’opposition. Enfin, une telle opération serait lue par l’opinion comme une combinaison politicienne de bas étage. Elle ne ferait qu’amplifier le dégoût envers la politique qui touche 80% des Français et l’abstentionnisme.

– Comment restaurer la loyauté des électeurs à un parti dont, dès le premier tour, la base électorale se détache, et dont les prédictions montrent que les consignes de vote ne seront probablement pas suivies ?

 Malheureusement, je ne connais pas la solution miracle… Il me semble tout de même que malgré des sondages préoccupants, les chances de LR sont réelles pour les élections présidentielles et législatives. L’expérience montre que lors des scrutins nationaux, rien ne se passe généralement comme prévu. Un autre sondage IFOP de septembre 2020 soulignait que seulement 32% des électeurs souhaitaient un nouveau duel Macron/le Pen. La droite doit donc s’adresser aux 68% qui n’en veulent pas. Il me semble qu’il lui faudrait prendre résolument le contre-pied de ce que représente le tandem Macron/le Pen : une forme de totémisation de la politique réduite à l’adoration de gourous. Certes la droite aura besoin d’un porte-drapeau pour les présidentielles mais elle doit refuser le naufrage dans le culte de la personnalité et mettre l’accent sur le débat d’idées et sur un engagement collectif d’une équipe rassemblée au service du redressement de la France sur les grands sujets de préoccupation des Français : sécurité, dette publique, fragmentation de la société, maîtrise de l’immigration, lutte contre le chômage, la pauvreté et l’effondrement scolaire. J’ignore si cela suffira mais je ne vois pas d’autre solution.

 

Author: Redaction

La droite républicaine peut-elle s’en sortir et comment? (Pour Atlantico, avec M. Bruno Jeanbart)

Un récent sondage Harris Interactive pour Commstrat révèle qu’en cas de second tour entre Emmanuel Macron et Marine le Pen, l’électorat LR autour de Xavier Bertrand se dirigerait pour 38% vers le président de la République et 21% vers Marine le Pen. Plus parlant encore, l’électorat des Républicains de 2017 ne se dirigerait dès le premier tour qu’à 51% vers le président de la région Hauts-de-France, et se diviserait presque identiquement (respectivement 21 et 18%) entre Emmanuel Macron et Marine le Pen. Comment expliquer cette crise d’un parti qui ne parvient pas à s’unifier autour d’un champion pour la présidentielle ? 

Les fondements électoraux de la droite LR ou assimilée sont bien loin d’être catastrophiques. Les résultats nationaux des dernières élections municipales de 2020 ont montré que ce courant politique était dominant dans le pays : 2,65% à l’extrême gauche ; 29, 63% à la gauche ; 4,38% aux Verts ; 15,98% au Centre (dont 2,22% à LREM, le parti du chef de l’Etat) ; 33, 71% à la droite ; 3,33% à l’extrême droite. Bien sûr, ces résultats ne reflètent qu’imparfaitement le rapport de force dès lors qu’ils prennent en compte des situations locales. Cependant, un tel vote effectif des citoyens vaut mieux que les multiples sondages ne portant que sur des « intentions ». Tout le problème de la droite est celui de « l’incarnation ». Depuis que Nicolas Sarkozy et François Fillon ont quitté la scène, ils n’ont pas été remplacés. LREM à travers M. Macron et le RN à travers Mme le Pen ont un candidat tout désigné. Ce n’est pas le cas de LR. La tragédie de ce courant est sa difficulté à se mettre d’accord sur un chef reconnu…Cette difficulté recouvre aussi l’éternelle fracture interne à la droite LR entre une tendance libérale/centriste et un courant souverainiste. D’où l’impasse actuelle…

– Une alliance avec le rassemblement national semblant peu envisageable pour les Républicains, quelles solutions s’offrent à eux pour que le premier parti de France en nombre total d’élus ne soit pas le grand absent de la présidentielle de 2022 ? Une alliance avec La République en Marche est-elle la seule solution, et si oui quelle forme prendrait-elle ?

Un ralliement au macronisme serait définitivement suicidaire pour LR. Une nouvelle majorité à dominante LR élue dans la foulée de la présidentielle se trouverait en position de soumission totale vis-à-vis de l’Elysée. Et ce serait au prix d’un vertigineux retournement de veste. La droite se rallierait ainsi à tout ce qui fait l’essence du macronisme : repentance obsessionnelle, multiculturalisme, PMA sans père remboursée, IMG à neuf mois pour détresse psycho-sociale, éoliennes à outrance… En outre, cette volte-face reviendrait à endosser l’échec fondamental du macronisme, sa promesse de « nouveau monde » devenue cauchemar : affaiblissement des libertés et de la démocratie, débâcle économique et financière, sociale, sanitaire. LR tient-il à être assimilé à ce fiasco historique ? Et alors, quel plus beau cadeau en faveur des extrémismes démagogiques de gauche comme de droite qui détiendraient le monopole de l’opposition. Enfin, une telle opération serait lue par l’opinion comme une combinaison politicienne de bas étage. Elle ne ferait qu’amplifier le dégoût envers la politique qui touche 80% des Français et l’abstentionnisme.

– Comment restaurer la loyauté des électeurs à un parti dont, dès le premier tour, la base électorale se détache, et dont les prédictions montrent que les consignes de vote ne seront probablement pas suivies ?

 Malheureusement, je ne connais pas la solution miracle… Il me semble tout de même que malgré des sondages préoccupants, les chances de LR sont réelles pour les élections présidentielles et législatives. L’expérience montre que lors des scrutins nationaux, rien ne se passe généralement comme prévu. Un autre sondage IFOP de septembre 2020 soulignait que seulement 32% des électeurs souhaitaient un nouveau duel Macron/le Pen. La droite doit donc s’adresser aux 68% qui n’en veulent pas. Il me semble qu’il lui faudrait prendre résolument le contre-pied de ce que représente le tandem Macron/le Pen : une forme de totémisation de la politique réduite à l’adoration de gourous. Certes la droite aura besoin d’un porte-drapeau pour les présidentielles mais elle doit refuser le naufrage dans le culte de la personnalité et mettre l’accent sur le débat d’idées et sur un engagement collectif d’une équipe rassemblée au service du redressement de la France sur les grands sujets de préoccupation des Français : sécurité, dette publique, fragmentation de la société, maîtrise de l’immigration, lutte contre le chômage, la pauvreté et l’effondrement scolaire. J’ignore si cela suffira mais je ne vois pas d’autre solution.

 

Author: Redaction

La droite républicaine peut-elle s’en sortir et comment? (Pour Atlantico, avec M. Bruno Jeanbart)

Un récent sondage Harris Interactive pour Commstrat révèle qu’en cas de second tour entre Emmanuel Macron et Marine le Pen, l’électorat LR autour de Xavier Bertrand se dirigerait pour 38% vers le président de la République et 21% vers Marine le Pen. Plus parlant encore, l’électorat des Républicains de 2017 ne se dirigerait dès le premier tour qu’à 51% vers le président de la région Hauts-de-France, et se diviserait presque identiquement (respectivement 21 et 18%) entre Emmanuel Macron et Marine le Pen. Comment expliquer cette crise d’un parti qui ne parvient pas à s’unifier autour d’un champion pour la présidentielle ? 

Les fondements électoraux de la droite LR ou assimilée sont bien loin d’être catastrophiques. Les résultats nationaux des dernières élections municipales de 2020 ont montré que ce courant politique était dominant dans le pays : 2,65% à l’extrême gauche ; 29, 63% à la gauche ; 4,38% aux Verts ; 15,98% au Centre (dont 2,22% à LREM, le parti du chef de l’Etat) ; 33, 71% à la droite ; 3,33% à l’extrême droite. Bien sûr, ces résultats ne reflètent qu’imparfaitement le rapport de force dès lors qu’ils prennent en compte des situations locales. Cependant, un tel vote effectif des citoyens vaut mieux que les multiples sondages ne portant que sur des « intentions ». Tout le problème de la droite est celui de « l’incarnation ». Depuis que Nicolas Sarkozy et François Fillon ont quitté la scène, ils n’ont pas été remplacés. LREM à travers M. Macron et le RN à travers Mme le Pen ont un candidat tout désigné. Ce n’est pas le cas de LR. La tragédie de ce courant est sa difficulté à se mettre d’accord sur un chef reconnu…Cette difficulté recouvre aussi l’éternelle fracture interne à la droite LR entre une tendance libérale/centriste et un courant souverainiste. D’où l’impasse actuelle…

– Une alliance avec le rassemblement national semblant peu envisageable pour les Républicains, quelles solutions s’offrent à eux pour que le premier parti de France en nombre total d’élus ne soit pas le grand absent de la présidentielle de 2022 ? Une alliance avec La République en Marche est-elle la seule solution, et si oui quelle forme prendrait-elle ?

Un ralliement au macronisme serait définitivement suicidaire pour LR. Une nouvelle majorité à dominante LR élue dans la foulée de la présidentielle se trouverait en position de soumission totale vis-à-vis de l’Elysée. Et ce serait au prix d’un vertigineux retournement de veste. La droite se rallierait ainsi à tout ce qui fait l’essence du macronisme : repentance obsessionnelle, multiculturalisme, PMA sans père remboursée, IMG à neuf mois pour détresse psycho-sociale, éoliennes à outrance… En outre, cette volte-face reviendrait à endosser l’échec fondamental du macronisme, sa promesse de « nouveau monde » devenue cauchemar : affaiblissement des libertés et de la démocratie, débâcle économique et financière, sociale, sanitaire. LR tient-il à être assimilé à ce fiasco historique ? Et alors, quel plus beau cadeau en faveur des extrémismes démagogiques de gauche comme de droite qui détiendraient le monopole de l’opposition. Enfin, une telle opération serait lue par l’opinion comme une combinaison politicienne de bas étage. Elle ne ferait qu’amplifier le dégoût envers la politique qui touche 80% des Français et l’abstentionnisme.

– Comment restaurer la loyauté des électeurs à un parti dont, dès le premier tour, la base électorale se détache, et dont les prédictions montrent que les consignes de vote ne seront probablement pas suivies ?

 Malheureusement, je ne connais pas la solution miracle… Il me semble tout de même que malgré des sondages préoccupants, les chances de LR sont réelles pour les élections présidentielles et législatives. L’expérience montre que lors des scrutins nationaux, rien ne se passe généralement comme prévu. Un autre sondage IFOP de septembre 2020 soulignait que seulement 32% des électeurs souhaitaient un nouveau duel Macron/le Pen. La droite doit donc s’adresser aux 68% qui n’en veulent pas. Il me semble qu’il lui faudrait prendre résolument le contre-pied de ce que représente le tandem Macron/le Pen : une forme de totémisation de la politique réduite à l’adoration de gourous. Certes la droite aura besoin d’un porte-drapeau pour les présidentielles mais elle doit refuser le naufrage dans le culte de la personnalité et mettre l’accent sur le débat d’idées et sur un engagement collectif d’une équipe rassemblée au service du redressement de la France sur les grands sujets de préoccupation des Français : sécurité, dette publique, fragmentation de la société, maîtrise de l’immigration, lutte contre le chômage, la pauvreté et l’effondrement scolaire. J’ignore si cela suffira mais je ne vois pas d’autre solution.

 

Author: Redaction

La droite républicaine peut-elle s’en sortir et comment? (Pour Atlantico, avec M. Bruno Jeanbart)

Un récent sondage Harris Interactive pour Commstrat révèle qu’en cas de second tour entre Emmanuel Macron et Marine le Pen, l’électorat LR autour de Xavier Bertrand se dirigerait pour 38% vers le président de la République et 21% vers Marine le Pen. Plus parlant encore, l’électorat des Républicains de 2017 ne se dirigerait dès le premier tour qu’à 51% vers le président de la région Hauts-de-France, et se diviserait presque identiquement (respectivement 21 et 18%) entre Emmanuel Macron et Marine le Pen. Comment expliquer cette crise d’un parti qui ne parvient pas à s’unifier autour d’un champion pour la présidentielle ? 

Les fondements électoraux de la droite LR ou assimilée sont bien loin d’être catastrophiques. Les résultats nationaux des dernières élections municipales de 2020 ont montré que ce courant politique était dominant dans le pays : 2,65% à l’extrême gauche ; 29, 63% à la gauche ; 4,38% aux Verts ; 15,98% au Centre (dont 2,22% à LREM, le parti du chef de l’Etat) ; 33, 71% à la droite ; 3,33% à l’extrême droite. Bien sûr, ces résultats ne reflètent qu’imparfaitement le rapport de force dès lors qu’ils prennent en compte des situations locales. Cependant, un tel vote effectif des citoyens vaut mieux que les multiples sondages ne portant que sur des « intentions ». Tout le problème de la droite est celui de « l’incarnation ». Depuis que Nicolas Sarkozy et François Fillon ont quitté la scène, ils n’ont pas été remplacés. LREM à travers M. Macron et le RN à travers Mme le Pen ont un candidat tout désigné. Ce n’est pas le cas de LR. La tragédie de ce courant est sa difficulté à se mettre d’accord sur un chef reconnu…Cette difficulté recouvre aussi l’éternelle fracture interne à la droite LR entre une tendance libérale/centriste et un courant souverainiste. D’où l’impasse actuelle…

– Une alliance avec le rassemblement national semblant peu envisageable pour les Républicains, quelles solutions s’offrent à eux pour que le premier parti de France en nombre total d’élus ne soit pas le grand absent de la présidentielle de 2022 ? Une alliance avec La République en Marche est-elle la seule solution, et si oui quelle forme prendrait-elle ?

Un ralliement au macronisme serait définitivement suicidaire pour LR. Une nouvelle majorité à dominante LR élue dans la foulée de la présidentielle se trouverait en position de soumission totale vis-à-vis de l’Elysée. Et ce serait au prix d’un vertigineux retournement de veste. La droite se rallierait ainsi à tout ce qui fait l’essence du macronisme : repentance obsessionnelle, multiculturalisme, PMA sans père remboursée, IMG à neuf mois pour détresse psycho-sociale, éoliennes à outrance… En outre, cette volte-face reviendrait à endosser l’échec fondamental du macronisme, sa promesse de « nouveau monde » devenue cauchemar : affaiblissement des libertés et de la démocratie, débâcle économique et financière, sociale, sanitaire. LR tient-il à être assimilé à ce fiasco historique ? Et alors, quel plus beau cadeau en faveur des extrémismes démagogiques de gauche comme de droite qui détiendraient le monopole de l’opposition. Enfin, une telle opération serait lue par l’opinion comme une combinaison politicienne de bas étage. Elle ne ferait qu’amplifier le dégoût envers la politique qui touche 80% des Français et l’abstentionnisme.

– Comment restaurer la loyauté des électeurs à un parti dont, dès le premier tour, la base électorale se détache, et dont les prédictions montrent que les consignes de vote ne seront probablement pas suivies ?

 Malheureusement, je ne connais pas la solution miracle… Il me semble tout de même que malgré des sondages préoccupants, les chances de LR sont réelles pour les élections présidentielles et législatives. L’expérience montre que lors des scrutins nationaux, rien ne se passe généralement comme prévu. Un autre sondage IFOP de septembre 2020 soulignait que seulement 32% des électeurs souhaitaient un nouveau duel Macron/le Pen. La droite doit donc s’adresser aux 68% qui n’en veulent pas. Il me semble qu’il lui faudrait prendre résolument le contre-pied de ce que représente le tandem Macron/le Pen : une forme de totémisation de la politique réduite à l’adoration de gourous. Certes la droite aura besoin d’un porte-drapeau pour les présidentielles mais elle doit refuser le naufrage dans le culte de la personnalité et mettre l’accent sur le débat d’idées et sur un engagement collectif d’une équipe rassemblée au service du redressement de la France sur les grands sujets de préoccupation des Français : sécurité, dette publique, fragmentation de la société, maîtrise de l’immigration, lutte contre le chômage, la pauvreté et l’effondrement scolaire. J’ignore si cela suffira mais je ne vois pas d’autre solution.

 

Author: Redaction