Il est fascinant d’observer le traitement médiatique dont l’ancien chef de l’Etat fait l’objet. En dehors du Figaro et de Valeurs actuelles, la quasi totalité des médias et de la presse française prennent part à un fantastique lynchage collectif du gibier de potence. Il est bien évidement présumé innocent et accablé par les seules accusations de personnages douteux ou anciens notables d’une dictature féroce. Mais cela n’a aucune importance: il est le coupable, la victime émissaire au sens de René Girard. Prendre part à la destruction de son image, à son immolation est une nécessité impérieuse pour la meute qui se déchire ses dépouilles. Quant au financement des campagnes électorales des autres candidats vaincus ou gagnants, il n’intéresse absolument personne. Personnellement, je n’ai pas le moindre espèce de doute sur la réalité des accusations dont il fait l’objet. Mais cela n’a strictement aucune importance dans la tempête actuelle. L’essentiel, c’est de comprendre l’hallali médiatique sanglant contre Sarkozy, le passage de son statut de premier français, de 2007 à 2012, à celui de gibier de potence national en 2018. Je ne crois pas au complot destiné à l’empêcher de « revenir ». Qui peut être assez stupide pour imaginer qu’il ait l’intention de briguer un retour en politique politicienne? Non, le phénomène est plus profond, plus dramatique. Il relève de la psychologie de la foule médiatique, de l’inconscient collectif, des instincts les plus obscurs de la nature humaine: syndrome du puissant, détrôné, tombé aux mains de la foule hystérisée. La horde se reconstitue en se déchaînant contre un personnage objet de haines indicibles qui des années plus tard, retrouvent leur acuité; elle jubile de sa vengeance un peu comme la foule assoiffée de sang qui se bouscule pour être aux premières loges de l’exécution d’un condamné à mort, une scène d’autant plus excitante si l’on sait que ce dernier est innocent.
Maxime TANDONNET