La casserole est devenue un nouvel emblème de la politique française. Pendant 48 heures, il n’était plus question que d’elle. Les casseroles ne font pas avancer la France a déclaré le chef de l’Etat. Il semblerait (à vérifier) qu’elles aient été interdites à certains endroit en tant que dispositif sonore portatif des fonctionnaires réprimant le port des casseroles à ce titre dans les manifestations. Nous fabriquons des casseroles qui font avancer la France a répondu (justement) un fabriquant de casseroles à l’occupant de l’Elysée. Un ministre a pour sa part démenti toute forme de prohibition de cet outil: les casseroles ne sont pas interdites. Bref, la politique française est à l’heure de la casserole. Attention le mot n’est pas utilisé ici au sens figuré de casserole, ou de mise en cause pour corruption. Non, il doit être pris au sens littéral d’un objet familier de cuisine. En réalité, il semblerait que les petits marquis à la tête du pays ne supportent pas le bruit des casseroles quand ils sortent de leurs palais. Ce mode de protestation populaire les incommode. La casserole, vil objet du quotidien, n’est pas assez prestigieuse au regard de leur magnificence. Et cela en dit beaucoup sur la réalité de ce qu’est devenue la politique française: l’obsession du paraître de la classe dirigeante, le naufrage dans une sorte de vanité obsessionnelle, maladive, peur de mêler leur belle image au son des casseroles, et puis l’autoritarisme de bas étage: l’idée même d’interdire la casserole dans les manifestation reflète jusqu’au vertige la dérive, non pas autoritaire, mais autoritariste, du gouvernement de ce pays – et enfin le mépris du peuple. Une forme de nihilisme aussi, quand les dirigeants en viennent à s’occuper du bruit des casseroles dans les manifestations plutôt que de l’intérêt général. Le niveau de ridicule qu’on atteint en ce moment dépasse toute limite. Ce serait comique si ce n’était pas si tragique pour le pays.
MT