La belle duperie

L’actualité politique de ces derniers jours est placée sous le signe de la « droitisation » ou de la nouvelle inspiration supposée « sarkozyste » du quinquennat actuel. L’immense majorité des commentateurs se sont ralliés à cette vision des choses. Cette nouvelle mode relève de la pure mystification. Que le président Sarkozy exprime la continuité républicaine à travers son successeur est une chose. Parler d’une convergence des deux quinquennats en est une autre: mensongère. Qu’un quarteron d’opportunistes se soit rallié à la présidence Macron ne suffit pas à qualifier celle-ci, dans sa dernière phase, de sarkozyste. L’actuelle présidence est un mélange de vanité hystérique et d’impuissance radicale. Les slogans tapageurs – nouveau monde, transformation de la France, nouveau chemin – ne suffisent pas à en couvrir le vide sidéral. Qu’en restera-t-il au total? Le vide absolu, le néant, pas la moindre esquisse d’une réforme réussie. Au moins, la quinquennat Sarkozy a essayé de faire quelque chose, par exemple les peines planchers, la rétention de sureté, le rattachement de la gendarmerie au ministère de l’Intérieur, la lutte contre l’immigration illégale (loi de 2011), la suppression de la taxe professionnelle, la détaxation des heures supplémentaires et l’allègement de l’impôt sur l’héritage, le passage de l’âge de la retraite de 60 à 62 ans, l’autonomie des universités, etc. Certes, il s’est achevé dans la catastrophe électorale et toutes ces réformes utiles ont été abrogées ou souillées. Mais au moins, la présidence sarkozyste aura essayé – au moins essayé – de faire quelque chose d’utile et d’intéressant pour le pays. L’actuelle n’a strictement rien à voir, se limitant à la poursuite d’un long naufrage dans le chaos permanent, la violence et l’impuissance chronique engagé sous le quinquennat Hollande, sous le voile d’une phénoménale débauche de frime narcissique. Mais le plus effroyable, dans le paysage politique dévasté de ce pays, c’est bien que la duperie semble fonctionner auprès de certains esprits. Et le fond de l’abîme n’est peut-être pas encore atteint. Avant que ne survienne la prise de conscience nécessaire, la plus forte probabilité est aujourd’hui la poursuite d’un écroulement de deux années supplémentaires, puis un quinquennat supplémentaire de macronisme voire de lepénisme. Ensuite, dans sept ans, quand la France sera bien au fond du gouffre, peut-être qu’une prise de conscience surviendra enfin sur la nécessité de repenser radicalement les fondements de la politique française en mettant fin à une autocratie hors sol et impuissante et restaurer une démocratie digne de ce nom tournée vers l’intérêt général et non la sublimation ou la réélection d’un individu.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction