Jeudi 25 juin 2015 se tenait la journée de sensibilisation à l’approche scientifique des addictions organisée par la protection judiciaire de la jeunesse en partenariat avec la MILDECA, l’Association l’Arbre des Connaissances et l’INSERM. Cette rencontre entre professionnels de la PJJ et chercheurs visait à faire connaître les mécanismes de l’addiction et à promouvoir et encourager le projet Apprentis Chercheurs MAAD consistant à proposer aux jeunes un regard scientifique sur les addictions à l’alcool et aux drogues.
En ouverture de cette journée, Madame Jourdain Menninger, présidente de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives a rappelé que la lutte contre les addictions était une « cause nationale ». Alors que l’Observatoire des drogues et des toxicomanies a mis en évidence une augmentation des consommations en population générale et chez les plus jeunes, elle a insisté sur la nécessite de « maintenir le cap de la stratégie gouvernementale axée sur une prévention scientifique, éducative, à la hauteur de l’enjeu et des besoins des groupes de populations les plus vulnérables aux conduites addictives ». Face à la complexité des facteurs qui poussent à la consommation et des ressorts à utiliser pour s’en sortir, la MILDECA cherche à impulser des rapprochements entre la communauté scientifique et les décideurs politiques.
Au cours de cette journée, les participants, essentiellement des éducateurs, professeurs techniques, infirmiers promotion de la santé, venus de toute la France se sont vu présenter par des chercheurs de l’INSERM les mécanismes scientifiques, sociaux et environnementaux qui président aux addictions.
Revenant sur la notion d’addiction, Bertrand Nalpas, directeur de recherche à l’INSERM a tenu à rappeler que seules les addictions à l’alcool, au tabac et aux drogues seraient abordées au cours de la journée. Mickaël Naassila (directeur de recherche à l’INSERM) a ensuite expliqué les mécanismes neurobiologiques des addictions tandis que Nicolas Ramoz (chargé de recherche à l’INSERM) est intervenu pour présenter le rôle de la génétique et de l’épigénétique dans celles-ci. Maria Melchior, également chargée de recherche à l’INSERM a conclu la matinée en s’attachant à l’influence des facteurs environnementaux.
L’après-midi Jérémie Cordonnier de l’association l’Arbre des connaissances a présenté aux participants le projet Apprentis Chercheurs. Créée en 2004, l’association qui a vocation à faire le lien entre la science et la société a lancé le programme il y a une dizaine d’années. Encadrés par des professionnels de la recherche, les binômes constitués d’un élève de 3ème et de 1ère se retrouvent 10 mercredis après-midi dans l’année dans l’un des quelques trente centres de recherches de France pour mener un projet scientifique présenté en fin d’année lors des congrès Apprentis Chercheurs.
C’est à partir de cette expérience que le projet Apprentis Chercheurs MAAD (Mécanismes des Addictions à l’Alcool et aux Drogues) a vu le jour en 2012 avec le soutien de la MILDECA permettant à 38 jeunes de travailler sur la thématique de l’addiction dans cinq villes françaises (Paris, Amiens, Marseille, Poitiers et Bordeaux).
C’est à cette démarche que la PJJ a voulu s’associer en créant un partenariat visant à intégrer des jeunes pris en charge par ses équipes au sein du projet Apprentis Chercheurs MAAD. « Ce projet piloté par l’INSERM et mis en œuvre par l’association l’Arbre des connaissances s’inscrivait dans une démarche plus large, celle de PJJ promotrice de santé qui consistent à s’appuyer sur les aspects sociaux et environnementaux des déterminants de santé » a rappelé son directeur adjoint Hugues Tranchant. Et de conclure : « Bien sûr ces labos sont peu nombreux et ne peuvent offrir qu’un nombre limité de place. Déployer autant d’énergie pour si peu, diront certains, peut paraître déraisonnable et inutile, mais on sait l’immense pouvoir des petits gestes et la force des symboles ».
Les participants ont ensuite pu partager l’expérience de Victor, premier jeune issu de la PJJ à participer au programme Apprentis Chercheurs MAAD. Jean-Luc Cecchet, responsable de l’UEMO Lafayette à Paris qui accueillait Victor et Marie Delort son éducatrice ont fait part de leur enthousiasme concernant ce projet malgré les difficultés à le mettre en œuvre. En effet, Marie Delort a insisté sur le fait que le vrai challenge pour Victor était de « tenir sur la durée et de faire l’expérience de la continuité ». Malgré son absence à quelques séances et sa difficulté à en faire un bilan positif, le binôme qu’il formait avec une jeune collégienne a fonctionné et l’équipe espère que l’expérience le réconciliera avec la scolarité. Pour sa part, Philippe Faure, directeur de recherches au CNRS, qui a reçu Victor au sein de son laboratoire se dit tout à fait prêt à accueillir de nouveaux jeunes issus de la PJJ : « Initialement on se pose des questions. Maintenant on envisage le partenariat sans aucun problème ».
La fin de la journée s’est conclue sur une présentation par Morgane Le Bras – de l’association l’Arbre des Connaissance – des différentes filières des métiers de la recherche et qui a rappelé la nécessité de changer les représentations et d’encourager ces jeunes à envisager ces métiers qui sont ouverts à tous niveaux d’études et souvent mal connus.
