Dans le Haut-Rhin, les habitants se sont opposés au projet de construction d’un nouvel incinérateur dès l’an 2000. Et leur combat a été couronné de succès puisque le projet a été abandonné en 2006. À la place, une nouvelle politique des déchets a été élaborée : moins polluante et plus économique. Cette démarche de réduction des déchets a été récemment saluée par le ministère de l’Écologie puisque le syndicat mixte de Thann Cernay est l’un des lauréats de l’appel à projets Territoire zéro déchet zéro gaspillage.
« Non à l’incinérateur d’Aspach Le Haut. » C’est sur ce mot d’ordre que la population du pays de Thur Doller, dans le Haut-Rhin, s’est mobilisée il y a 15 ans. « Le projet industriel de troisième incinérateur était surdimensionné. Nous sommes frontaliers de la Suisse et de l’Allemagne, nous sommes allés voir comment faisaient nos voisins pour réduire les ordures ménagères », explique Michel Knoerr, président du syndicat mixte Thann Cernay, lauréat de l’appel à projets Territoire zéro déchet zéro gaspillage. Grâce au dynamisme de l’association Acces (Actions citoyennes pour une consommation écologique et solidaire) et à une forte mobilisation citoyenne, le projet d’incinérateur est abandonné dès 2006. Une réflexion a alors été menée sur les déchets afin qu’un volume d’ordures bien plus faible se retrouve dans les incinérateurs. « Aujourd’hui, se félicite Michel Knoerr, les incinérateurs ont des vides de four ». En somme, ils ne tournent pas à plein régime.
Pour parvenir à réduire les ordures générées par les habitants, un véritable audit des pratiques des habitants en matière de déchets a été réalisé. Et, à partir de 2007, une redevance incitative a commencé à être mise en place. « Nous appliquons le principe du pollueur-payeur : plus le volume estimé des déchets est faible, plus le bac fourni est petit, et plus le prix payé est bas », explique Michel Knoerr. Et cela marche. En 2009, les habitants jetaient en moyenne 221 kg d’ordures ménagères résiduelles chaque année. Un chiffre tombé, en 2014, à 96 kg.
Entretemps, en 2010, le syndicat mixte de Thann Cernay a ajouté un bac destiné aux biodéchets, c’est-à-dire aux restes de repas, aux poissons, aux viandes, aux cartons souillés, etc. La réduction des ordures destinées à l’incinération a été immédiate : en 2010, les 221 kg en moyenne ont été réduits à 133 kg. Les biodéchets, eux, ont pesé dès la première année 45 kg. « Plus on affine les consignes de tri, mieux les habitants trient », affirme Michel Knoerr. Le compost obtenu est revendu aux agriculteurs ou même aux particuliers à un tarif avantageux. Un bel exemple d’économie circulaire.
Autre piste importante, les consignes de tri des emballages se sont affinées dès 2012. Le territoire du syndicat mixte de Thann Cernay fait partie d’un programme pilote proposé par Éco-emballages qui permet aux habitants de placer dans le sac jaune tous les emballages, y compris les films plastiques souples, mais aussi les barquettes. Le poids des sacs jaunes s’alourdit un peu plus chaque année grâce à cette mesure.
« Nous avons de bons résultats, mais nous pensons pouvoir aller bien plus loin. La population est en attente », explique Guy Staedelin, vice-président, en charge du plan climat au syndicat mixte du Pays Thur Doller. Grâce à la labellisation Territoire zéro déchet zéro gaspillage et à une collaboration avec le syndicat mixte et la Maison de l’emploi et de la formation, une brigade de 6 « ambassadeurs du tri seniors » vient d’être formée. 3 hommes et trois femmes, anciennement chômeurs en fin de droit, vont pendant 6 mois aller, 20 heures par semaine, à la rencontre des habitants des immeubles pour les sensibiliser aux consignes de tri. La politique de réduction des déchets s’accompagne ainsi de créations d’emplois.
Crédits photo Une : SMTC.