Marisol TOURAINE a répondu aux questions du Parisien au sujet de la vaccination, dans une interview publiée ce samedi 1er août.
Vous pouvez lire l’interview ci-dessous ou sur le site du Parisien.
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La ministre de la Santé met en avant le risque sanitaire que font prendre les parents hostiles à la vaccination à l’ensemble de la population.
Que répondre au doute qui se répand face à la vaccination ?
MARISOL TOURAINE. Que la vaccination est fondamentale ! Cela peut sembler loin à certains, mais c’est grâce à elle que l’on a pu faire disparaître la polio par exemple, qui provoquait en moyenne 400 décès par an, jusque dans les années 1960.A l’inverse, lorsqu’elle recule, certaines maladies reviennent. On l’a mesuré ce printemps,encore, face à l’épidémie de rougeole qui s’est déclarée dans quatre écoles en Alsace, où des enfants n’étaient pas vaccinés.
Comprenez-vous que la défiance augmente ?
Plusieurs facteurs l’expliquent, parmi lesquels l’épisode de la grippe A(H1N1) de 2009, qui a incontestablement marqué un tournant. Elle prend également corps au sein d’une interrogation plus générale vis-à-vis des médicaments. Si l’idée qu’un médicament puisse provoquer des effets secondaires peut paraître acceptable face à un mal à soigner, que le risque zéro n’existe pas pour un vaccin semble insupportable. Un vaccin ne guérit pas : il vise à empêcher la survenue d’une maladie, dont les conséquences, graves, paraissent lointaines et que certains perdent de vue quand ils évaluent son bénéfice.
Pourquoi la vaccination, recommandée est-elle essentielle ?
Les premières victimes du refus de vaccination sont les populations les plus fragiles, enfants, personnes âgées. Prenez la grippe. Contrairement à ce que véhicule l’imaginaire collectif, il ne s’agit pas simplement d’un mauvais moment à passer. Elle peut tuer, et le vaccin permet réellement de sauver des vies. Plus généralement, il faut bien comprendre que se vacciner n’est pas un geste de confort, ni uniquement un choix individuel. C’est un enjeu collectif. En décidant de ne pas vacciner son enfant, on fait non seulement courir un risque à ce dernier, mais à son entourage, à l’ensemble de la population. Avec le risque de voir réapparaître certaines maladies contagieuses et mortelles, qui ont aujourd’hui complètement disparu.
Quelles mesures envisagez-vous ?
J’ai déjà pris une série de mesures en faveur de la vaccination dans le projet de loi de modernisation du système de santé — en l’ouvrant aux centres d’examens de santé et en élargissant aux sages-femmes la possibilité de la réaliser. Nous avons confié à la députée Sandrine Hurel la mission d’identifier tous les blocages et de soumettre des préconisations. A la remise de son rapport, à l’automne, je souhaite que s’engage un débat public sur le sujet. Les modalités restent à fixer, mais il est capital qu’il y ait des échanges et des réponses aux questions des citoyens, dans une complète transparence. Ne rien cacher est la meilleure manière de combattre ceux qui jouent sur des peurs scientifiquement infondées. Pour ce travail, je souhaite avancer avec les médecins : s’ils sont massivement favorables à la vaccination, et ils en sont des acteurs essentiels, ils ont eux-mêmes besoin d’être informés, formés, accompagnés.
Faut-il être plus clair et plus directif dans le calendrier vaccinal ?
Le doute est beaucoup plus élevé en France que dans la plupart des pays européens. C’est un climat dont il faut tenir compte. C’est pourquoi je souhaite un débat. Je ne vais pas le fermer avant de l’avoir ouvert ! Pour parvenir à un système vaccinal sans faille, il faut absolument parvenir à l’adhésion de chacun, et il ne suffit pas d’asséner des objectifs pour convaincre.