Marisol TOURAINE a été interviewée par Éric HACQUEMAND, journaliste au Parisien, et annonce la reconduction de la prime de noël.
Vous pouvez lire l’interview ci-dessous ou sur le site du Parisien en cliquant ici.
*************
En exclusivité dans notre journal, Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales, annonce le maintien de cette aide aux plus modestes, malgré la rigueur.
La décision du gouvernement se faisait attendre. Au point que, sur fond de disette budgétaire, des doutes naissaient sur la reconduction de la prime de Noël pour les ménages les plus modestes. Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, lève l’incertitude.
Quelle est la décision du gouvernement sur la prime de Noël ?
MARISOL TOURAINE. La prime de Noël est reconduite cette année pour ceux qui touchent le RSA mais aussi l’allocation de solidarité spécifique ou l’allocation transitoire de solidarité. Cela représente 152 EUR pour une personne seule et 320 € pour un couple avec deux enfants. C’est un acte fort de soutien, d’accompagnement. Au moment des fêtes, les valeurs de solidarité trouvent encore plus leur sens. Ces valeurs, avec le gouvernement, je les porte concrètement. Voilà pourquoi la prime de Noël sera de nouveau versée cette année.
Cette reconduction était-elle menacée ?
Malgré la crise, malgré les difficultés que le pays traverse, nous soutenons les plus pauvres : 1 830 000 personnes percevront cette prime versée une semaine avant Noël. La lutte contre la pauvreté fait partie des priorités que nous défendons. Le maintien de cette prime, c’est un choix de solidarité et d’humanité.
Allez-vous la revaloriser ?
Les montants versés ne bougeront pas. Mais le nombre de bénéficiaires, lui, augmente sous l’effet de la crise et du nombre d’allocataires. Cela représente un coût global de 400 M€. Ce n’est donc pas anodin.
La dernière hausse remonte à 2008…
La prime de Noël est maintenue, j’insiste. Et cette reconduction s’inscrit parmi d’autres actions de lutte contre la pauvreté. Ce n’est pas une mesure isolée, du reste. Et le reste, c’est, par exemple, la revalorisation de 10 % du RSA sur cinq ans, ce qui n’a pas été fait auparavant, la revalorisation de 25 % et 50 % des allocations familiales versées aux familles nombreuses et modestes, l’accès aux soins facilité, la garde d’enfants payée directement par la CAF… La prime de Noël vient en plus marquer un moment particulier de l’année, les fêtes. Ce n’est pas « à la place de » mais « parmi » tout un arsenal.
Nicolas Sarkozy a dit que la République, c’était aussi « le refus de l’assistanat »… Que lui répondez-vous ?
Je ne me retrouve pas dans ce genre de propos. Car la République, c’est la solidarité. J’entends trop souvent des mots qui blessent, comme l’assistanat. Moi, je parle d’accompagnement. Ce n’est pas en excluant, en divisant que nous irons de l’avant. Mais en rassemblant et en se battant pour le retour de la croissance.
Le nombre de bénéficiaires de la prime de Noël ou des Restos du coeur augmente sans cesse : votre plan contre la pauvreté n’est-il pas en échec ?
Non. Nous soutenons les associations comme les Restos du coeur. Alors que des efforts importants de réductions budgétaires sont menés, tout ce qui touche à la lutte contre la pauvreté est sanctuarisé. Ce gouvernement ne fait pas d’économies sur le dos des politiques sociales parce qu’on ne fait pas d’économies sur le dos des Français. C’est ma volonté pour les prochaines années. Partout en Europe, la pauvreté progresse, mais elle augmente moins vite en France, précisément parce que nous mettons en place ces politiques de soutien. Voilà pourquoi la droite est irresponsable quand elle appelle à leur démantèlement. Et je tiens bon pour défendre ces mesures !
Le port d’un triangle jaune pour les SDF à Marseille fait scandale. Condamnez-vous cette initiative ?
Oui. Je suis choquée. Obliger des sans-abri à porter un triangle jaune en indiquant les maladies dont ils peuvent souffrir, c’est honteux. On ne montre pas du doigt les plus pauvres. On n’écrit pas leurs maladies sur leurs vêtements. Le secret médical, en particulier, est un droit fondamental. Je souhaite que cette initiative locale soit stoppée.