Ce dispositif rassemble trois mondes parfois éloignés : celui du judiciaire, de l’insertion et de l’entreprise… ce qui n’est pas toujours une mince affaire. Jeudi 24 janvier 2019, le défi était en passe d’être pleinement réussi, grâce au projet Un jeune, un patron, un contrat. Chaque année, il doit permettre l’insertion professionnelle de 24 adolescentes et adolescents suivis par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).
« Nous avons l’objectif commun de mettre chacun des jeunes en condition de réussir. Faire en sorte qu’ils puissent trouver un travail, une formation qui convienne à leurs aspirations. Il faut leur permettre de trouver la place qu’ils méritent dans la société », a précisé, en ouverture de cette journée, Marco Scuccimarra, Procureur adjoint au tribunal de grande instance de Saint-Étienne (Loire).
Remettre les jeunes « en condition de réussir »
L’ensemble des acteurs et actrices de ce projet était réuni pour l’occasion à l’Unité éducative d’activités de jour, un établissement de la protection judiciaire de la jeunesse qui organise des activités scolaires, professionnelles, culturelles et sportives adaptées aux jeunes sous main de justice.
Le projet s’appuie en effet sur une collaboration renforcée entre la juridiction, plusieurs cheffes et chefs d’entreprises locales, l’association Emploi Loire observatoire pour l’ingénierie de projet (ELO) et les agents de la PJJ. Une partie des adolescents suivis par la PJJ bénéficiant du dispositif a ainsi pu, à cette occasion, rencontrer plusieurs patrons.
Des envies et des compétences
Mais en quoi consiste ce projet ? « Il s’agit d’amener les jeunes à accéder à l’emploi par une approche basée sur leurs compétences, ce qu’ils savent faire, ce qu’ils aiment », indique Séverine Henriot, responsable de l’appui au pilotage territorial à la PJJ de la Loire. Les jeunes sont ainsi valorisés sur leurs appétences, leurs compétences, et non jugés à partir de leur expérience professionnelle ou leur niveau d’étude.
M. Daguet, responsable de l’ingénierie de projet à l’association ELO, rencontre chaque jeune individuellement avec son éducateur, pour en déterminer le profil. « On regarde seulement les potentialités de la personne en situation de travail, que l’on fait en sorte d’éclairer et de révéler. On est sur une démarche pragmatique en misant sur la capacité de ces jeunes à apprendre en faisant », précise-t-il.
Deux contrats d’apprentissage signés
Pas de CV ni de lettre de motivation, donc. Mais un portrait mettant en évidence les potentiels du jeune, transposables au monde de l’entreprise. Et ça marche !
Alors que l’expérimentation n’a débuté réellement qu’en octobre 2018, déjà deux jeunes bénéficient d’un contrat d’apprentissage. Dix autres sont en passe de décrocher un contrat d’aide au retour à l’emploi durable. Jean Munster, délégué du Procureur, salue l’engagement de chacune et chacun : « Je veux d’abord remercier toute l’équipe de la PJJ qui a fait un travail exceptionnel. Je remercie aussi les patrons, tous très engagés, qui ont cette fibre, ces valeurs, dans un monde économique complexe ».
Et de l’engagement, il faudra en avoir, car l’objectif est ambitieux : 36 contrats en 2019. Mais la dynamique est bien lancée, à l’image de Jean-François Basson, responsable de la société SUPER, spécialisée en plomberie et toitures : « J’ai adhéré tout de suite à cette démarche. Nous formons chaque année des apprentis et bénéficions de salariés qui savent faire. Si on peut sortir ces jeunes de la mouise, on le fait. C’est un peu notre vocation de leur remettre le pied à l’étrier ».
D’ailleurs, l’un des adolescents présents va très rapidement intégrer l’entreprise.
Arnaud Fontaine