La fièvre de Lassa est une zoonose endémique de Afrique de l'Ouest. Responsable de plus de 100000 cas et de près de 5000 décès chaque année, cette fièvre hémorragique est causée par le virus de Lassa. L'homme est infecté par un petit rat péri-domestique, Mastomys natalensis, lorsqu'il entre en contact avec les excréments du rongeur. Des chercheurs du Laboratoire « Origine, structure et évolution de la biodiversité » (Muséum national d'Histoire naturelle/CNRS) et « Evolution et diversité biologique » (CNRS/Université Toulouse III-Paul Sabatier/ENFA) ont étudié le rôle des changements environnementaux et des perturbations anthropiques en Guinée dans le développement de cette maladie émergente. Grâce à la génétique des populations et un calibrage moléculaire à l'horloge moléculaire, ils ont pu retracer la phylogéographie de cette maladie, qui est aussi l'une des plus fréquemment importées en Europe. Ils ont ainsi montré que la fièvre de Lassa est apparue il y a 750 à 900 ans au Nigéria et s'est propagée en Afrique de l'Ouest il y a seulement 170 ans. Cette arrivée récente, au milieu du XIXe siècle, est probablement due à l'intensification des échanges commerciaux lors de la colonisation des régions côtières de l'Afrique. Les chercheurs mettent aussi en évidence un lien entre les déplacements de réfugiés et les cas d'épidémie. Ces résultats ont été publiés la semaine dernière dans la revue PloS One.