« Nous aimons bien expérimenter sur nous-mêmes des solutions innovantes”, explique Yaël Guillon, le cofondateur et dirigeant du cabinet Imfusio. Dans cette entreprise de 15 personnes, non seulement les salaires des uns et des autres sont connus, mais ils sont fixés par les salariés eux-mêmes.
Cela ne se fait pas d’un claquement de doigt. Tous doivent comprendre la réalité économique de la société, donc être informés de sa situation. Chaque salarié doit aussi être capable d’estimer sa contribution, et surtout “la place qu’il accorde vraiment à l’argent”. Ce qui n’est pas si simple. C’est pourquoi Imfusio, qui s’est fait aider par un expert, organise trois fois par an une réunion où chacun indique ce qu’il estime être sa valeur.
Travaillant dans un cabinet de consultants – des rêveurs sous contrainte –, tous ont en tête l’enveloppe fixée correspondant à la situation économique de l’entreprise. “Il faut protéger le collectif. La première année, tout le monde a touché la même somme. Mais aujourd’hui, plus personne n’a le même salaire”, précise Yaël Guillon, confirmant qu’un tel changement en profondeur prend du temps, tant la rémunération est un phénomène économique, affectif et personnel, qui pose la question de ce que je vaux vraiment, à mes yeux et à ceux des autres.
La preuve ? Lors d’entretiens d’embauche, des candidats ont préféré arrêter quand on leur a présenté ce système. “Ils disaient ‘ne pas pouvoir faire ça’”, témoigne le dirigeant. À l’heure où tout le monde parle d’engagement, Imfusio a inventé un système qui repose sur quelque chose d’encore plus fort : l’adhésion à un système de valeurs… et pas seulement financières.