Hommage à Arnaud Beltrame

Que dire de plus qui ne soit pas dérisoire dans le contexte de la nouvelle tragédie qui vient de frapper la France? Le geste du lieutenant-colonel de gendarmerie, Arnaud Beltrame, qui donne sa vie en prenant la place des otages en vertu de sa conception du devoir, est celui d’un héros, au sens le plus authentique du terme. Il fait penser au sacrifice des premiers résistants, par exemple Honoré d’Estienne d’Orves, fusillé à 41 ans par la Wehrmacht . Il fait penser au geste de Maximilien Kolbe, prêtre polonais qui prend la place d’otages massacrés par les nazis dans un camp de concentration. Il est presque surréaliste que dans cette avalanche de lâcheté et de médiocrité qui nous submerge au quotidien, puisse subsister une poignée de héros, prêts à donner leur vie pour des inconnus et pour l’honneur de leur pays, un Français sur 10 000, un sur 100 000; mais cela existe, la preuve en est faite. Depuis six mois,  plus personne ne parlait du danger terroriste ou islamiste. Un couvercle de béatitude optimiste était tombé sur le pays. Ceux qui disaient « attention! » étaient traités de pessimistes, de ringards, de ronchon, n’ayant rien compris au nouvel ordre optimiste qui rayonne sur la France. Après la nuit, la lumière, il fallait oublier, se saouler de béatitude. Et le sang vient de couler à nouveau, au fond de la province. Il n’existe pas de plus grand mensonge que celui selon lequel la France doit « s’habituer à vivre avec le terrorisme ». Telle est la grande imposture – l’appel au fatalisme – de ces dernières années. Le terroriste islamiste était, comme toujours, connu, fiché. Nous savons qu’après la défaite de daesh au Moyen-Orient, l’Europe dont la France qu’ils haïssent plus que tout, sera leur prochain champ de bataille. Nous savions que cela allait se reproduire et que le pays allait devoir sortir de sa torpeur. Le sacrifice d’Arnaud Beltrame ne doit pas être « pour rien ». Nous pensons infiniment à lui, à sa vie fauchée et à ses proches. Notre admiration, notre reconnaissance est sans fin. Il est de ces gestes qui sauvent l’honneur d’une nation, de l’humanité. Le lieutenant-colonel est au côté d’Estienne d’Orves et de Maximilien Kolbe. Comment se montrer digne de ce sacrifice?

Maxime TANDONNET

Author: Redaction