Histoire: la guerre de Trente ans (Arte)

Arte diffusait hier soir, de 21H à 23H50, un documentaire sur la guerre de Trente ans qui a dévasté l’Europe de 1618 à 1848. « Chaos: En 1618, une révolte protestante éclate à Prague, la capitale de la Bohême, qui fait partie du vaste Saint Empire romain germanique. Les rebelles chassent leur roi catholique et se dotent d’un souverain calviniste, Frédéric V, qui épouse Élisabeth Stuart, la fille du roi d’Angleterre. L’empereur catholique Ferdinand II veut éradiquer cette résurgence protestante. Les armées se préparent à entrer en guerre et recrutent des mercenaires. Le jeune Peter Hagendorf s’engage pour sa part dans l’armée du royaume de Bohême, où, dans les églises, les calvinistes détruisent des œuvres d’art, avec l’assentiment du roi. À Anvers, le peintre Pierre Paul Rubens se désole de cette furie iconoclaste. » Le film est d’une qualité exceptionnelle. Il bascule sans cesse entre la grande histoire, celle des empereurs, des rois et des batailles, et l’histoire simple des individus pris dans la tourmente et victimes dans leur chair de la folie humaine. On suit Rubens, le père Joseph (conseiller de Richelieu), Peter Hagendorf, soldat protestant, engagé dans les armées catholiques du Saint Empire romain germanique qui tient son journal de bord. Rien n’est simple: derrière la religion se profilent les rapports de force entre les Etats et l’éternel tourbillons des passions humaines. L’histoire  est infiniment plus chaotique et imprévisible que n’importe quel roman sorti de l’imagination d’un individu. L’histoire est faite pour être aimée, offrir des moments d’évasion et de bonheur intense. Elle s’apprend, mais aussi elle se raconte, ou plutôt, elle s’apprend en se racontant et elle s’adresse à tous. Le meilleur livre, le meilleur film d’histoire est celui qui touche le plus grand nombre.  S’instruire par le plaisir: quel plus grand bonheur peut-il y avoir sur cette terre? Tout change mais rien ne change jamais: le contexte, les technologies, les idéologies n’ont plus aucun rapport d’un siècle sur l’autre. Mais l’homme reste toujours exactement le même: ivresse du pouvoir, tyrannie de la vanité, démence collective qui entraîne le chaos. Il faut aimer l’histoire, jusqu’à la passion et s’y abandonner pour déchiffrer le présent et l’avenir. Et pour mille émissions grotesques et minables que diffuse la télévision, il se trouve parfois un pur joyau de culture, de plaisir et d’intelligence. Celui-ci est à ne pas manquer. La suite samedi prochain!

Maxime TANDONNET

Author: Redaction