Grand emprunt : la recherche, l’innovation et l’investissement dans l’immatériel et la connaissance

Lors d’un débat organisé mercredi 17 février 210, par l’association Dauphine Discussion Débat et Le Figaro, quatre invités de poids, dont Alain Juppé et François Hollande, sont tombés d’accord sur ce point : pour croître, la France a besoin de repenser son modèle industriel, et est appelée à investir toujours davantage dans l’immatériel et la connaissance.

L’amphithéâtre de Paris-Dauphine était plein à craquer mercredi soir, et pour cause : l’avenir de la France et notamment de la montée en puissance de ses universités devaient constituer le cœur d’un débat sur le Grand emprunt (30 milliards d’euros), une initiative annoncée par Nicolas Sarkozy en juin 2009. Or, les participants à ce débat ont trop longuement ferraillé à propos d’une toute autre question. Fallait-il prendre le risque de charger davantage la barque de l’endettement tricolore à travers un tel programme ?

Alain Juppé, co-président de la Commission sur le Grand emprunt, François Hollande, président du Conseil général de Corrèze, Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes et enseignant à Paris-Dauphine, Olivier Ferrand, fonctionnaire du ministère de l’Economie qui fut le rapporteur de ladite commission : les quatre participants à la conférence sont toutefois tombés d’accord sur un point. En l’occurrence, la nécessité de générer un surcroît de croissance grâce au puissant levier que représentent les efforts en matière de recherche et d’innovation, partant du principe que « l’Etat a de moins en moins de marge de manœuvre budgétaire pour investir», ainsi que l’a rappelé Alain Juppé. Jean-Hervé Lorenzi chiffre ainsi les effets bénéfiques du Grand emprunt : « Si on obtient 0,5 % de croissance supplémentaire, ce sera déjà énorme ! »

Derrière les propos tenus par les uns et les autres se dessine une inquiétude commune
sur la place de la France dans la nouvelle architecture mondiale industrielle et commerciale, alors que les USA tonifient leurs capacités d’investissements et que les économies émergentes fondent leur dynamisme sur des coûts de main d’œuvre défiant toute concurrence. Les bouleversements vont s’accélérer à vitesse grand V, comme on peut l’observer par exemple dans l’aéronautique. L’Européen EADS n’est-il pas le premier avionneur mondial ? Pour l’instant, oui, mais ce ne sera plus forcément vrai demain, car le Brésil et la Chine se dotent chacun d’un constructeur aéronautique ambitieux.

C’est donc la recherche qui fera la différence dans cette ravageuse compétition mondiale : «Il s’agira de produire une nouvelle génération d’avions, avec des matériaux composites et consommant toujours moins de carburant ». Pour Olivier Ferrand, les grands chantiers qui ont permis à notre pays d’aller de l’avant ces dernières années datent de recherches entreprises dans les années 1960 et 1970 : le nucléaire, le TGV, l’aéronautique, etc. Il faut maintenant permettre à des secteurs cruciaux, tels que l’agroalimentaire, les énergies renouvelables, l’électronique, le numérique de se développer pour donner un nouvel élan à l’appareil productif. Le défi, inexorable, auquel est confronté la France est d«Assurer la transition d’un modèle industriel vers l’immatériel et la maîtrise de la connaissance», a plaidé le rapporteur de la Commission sur le Grand emprunt.

Un regret, que plusieurs des participants au débat ont relevé : la France n’aurait pas dû être la seule à souscrire un grand emprunt, car il aurait fallu envisager l’avenir de la recherche et de l’innovation à l’échelle européenne, considérant que le Vieux continent tout entier est en perte de vitesse face aux nouveaux acteurs mondiaux…

Author: Redaction