Les cambrioleurs défoncent le portail de l’atelier d’insertion d’Emmaüs à la voiture-bélier
L’Atelier de Pierre, une des antennes du groupe Emmaüs œuvrant dans la réinsertion par l’activité professionnelle, quartier du Vernet à Perpignan, a été à nouveau la cible de cambrioleurs dans la nuit de vendredi 11 à samedi 12 novembre. Si les auteurs ont été arrêtés aussitôt et n’ont pu emporter les objets de valeur, » le préjudice moral et social est grave « pour les bénévoles.
C’est le cinquième cambriolage dont l’Atelier de Pierre, une association de la fondation Emmaüs implantée dans le secteur du polygone Nord à Perpignan, est victime. Et, vraisemblablement, le plus violent.
Dans la nuit de ce vendredi 11 à samedi 12 novembre 2022, vers 4 heures du matin, des jeunes gens se sont servis d’un véhicule Peugeot 306 comme voiture-bélier afin de percuter et totalement défoncer le grand portail d’entrée de cet atelier de tri de vêtements, qui travaille à la réinsertion sociale et lutte à la fois contre le gaspillage textile.
De là, les voleurs ont tenté de déplacer le coffre-fort de l’association de plus de 500 kg qui se trouvait à l’intérieur du local afin de l’emporter, emboutissant un camion, faisant chuter un échafaudage… Or, ils n’ont pas eu le temps de terminer leurs grandes manœuvres que des voisins, alertés par le vacarme, ont appelé la police. Les services de la BAC, immédiatement sur les lieux, ont ainsi surpris les trois suspects sur les lieux. Deux d’entre eux ont été interpellés et placés en garde à vue, le dernier a réussi à s’échapper. Les mis en cause devraient être présentés ce lundi en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Perpignan afin de répondre de leurs actes.
« Notre camion de ramassage des textiles ne pourra pas sortir pendant bon moment »
Au vu des dégâts, les bénévoles de l’Atelier de Pierre se constitueront partie civile mais « le préjudice est surtout moral et social » expliquent la présidente, Rosette Beltran, la secrétaire Ghislaine Vidal et la trésorière Claudine Vilar. « On est écœurées », poursuivent-elles. « La mission de l’atelier est d’aider les gens en difficulté à s’insérer, grâce à 6 salariés permanents. C’est un rôle important. Ces jeunes qui visent des associations à but social ne se rendent pas compte que l’on aide des gens comme eux. Nous, on est bénévoles, on donne de notre temps, de notre énergie, de notre personne et on n’est pas jeunes et on doit faire face à des exactions pareilles. Une fois, ils ont essayé de faufiler un petit à travers les barreaux de la grille, une autre fois ils ont essayé de faire passer un enfant par la boîte aux lettres… »
Et les trois femmes de déplorer : « Cette fois, ils n’ont pas pu prendre les objets de valeur et la recette mais le camion ne peut plus sortir de l’atelier et il sera immobilisé un moment le temps de faire les réparations sur le portail. Sachant que ce véhicule sert au ramassage des textiles pour le magasin solidaire où nous vendons à bas prix mais qui sert aussi à alimenter les vestiaires pour d’autres associations quand nous sommes sollicités pour des situations d’urgence. Sans compter que l’on est privé de récupérer certains dons car les gens ne peuvent plus entrer. Il va falloir trouver une solution. Au vu les difficultés que l’on a par ailleurs vu le contexte actuel, ça rajoute encore des obstacles. C’est à croire que plus rien n’a de valeur. C’est décevant et c’est grave ».
À propos de l’Atelier de Pierre
L’objet de l’Association : « L’Association a pour objet de mettre en œuvre les orientations d’Emmaüs-International, Emmaüs Europe et d’Emmaüs France dans l’esprit du Manifeste Universel d’Emmaüs. Elle développe des actions de solidarité dans le but de lutter contre l’injustice sociale, et les diverses formes d’exclusion, notamment par la création d’emplois et d’activités solidaires au travers de structures d’aide à l’insertion professionnelle et sociale. » L’Atelier de Pierre a pour vocation de réinsérer des personnes en difficulté, des femmes en majorité, par le biais de la collecte, la récupération et le réemploi de produits textiles.
Différentes manipulations comme le tri, le sériage, le conditionnement, le lavage et la vente sont mises en place et permettent d’acquérir des compétences qui deviennent transposables.
Sur le plan humain, nous permettons à des femmes et à des hommes en situation de rupture de conserver ou de retrouver du lien social. L’échange et le partage avec d’autres personnes de tous milieux et origines, la solidarité active, donnent conscience de pouvoir soi-même aides les autres.
À côté de la formation propre à l’Atelier, nous aidons dans un premier temps à la résolution de problèmes liés au logement, les gardes d’enfants, les finances et la santé.
Nous pouvons ensuite les accompagner dans la mise en place d’un projet professionnel cohérent, de reprendre contact avec des entreprises par des stages, de sivre des formations qualifiantes.
En 2016, l’Atelier de Pierre a été reconnu comme Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale. (ESUS)
Un peu d’histoire
Au commencement, pour l’Abbé Pierre et les compagnons, la fripe (textile d’occasion) n’était pas un déchet mais une matière première réutilisable avec laquelle on devait pouvoir occuper du monde et venir en aide à des familles défavorisées. 50 ans plus tard, ce constat toujours d’actualité par rapport à un contexte économique et social désastreux dans les PO, pousse la Communauté Emmaüs Catalogne à s’engager encore un peu plus.
En 2002 elle décide de la création d’un atelier d’insertion, l’Atelier de Pierre, pour élargir l’activité de la Communauté.
Et, en 2004, l’Atelier de Pierre démarrait son activité de récupération – tri – recyclage.
Cantonnée dans la Communauté au démarrage, les premiers emplois permanents et en insertion sont créés. Très vite le besoin d’espace se fait sentir : les quantités récupérées augmentent et le personnel avec. Pour faire face à ces nécessités l’Atelier se délocalise en 2006 dans une zone artisanale de Perpignan, le Polygone Nord, avec atelier d’un côté et boutique de l’autre.
En 2010, l’ADP a pris ses marques et devient un opérateur reconnu : il faut encore une fois passer à un local plus grand (autour de 800m²) pour faciliter l’activité. Les zones de travail et de stockage sont mieux délimitées, les activités de tri sont plus aérées, les déplacements et manutentions facilités.
L’Atelier peut afficher un bilan globalement positif tant par son évolution que ses résultats en insertion auprès de ses salariés sans oublier la valorisation des déchets.