Il y a quelques jours, l’association Welfarm diffusait une vidéo montrant des cas de maltraitance contre des juments enceintes élevées pour leur sang en Amérique du Sud.
Inconnues du grand public, les fermes à sang consistent à élever des juments pour les engrosser plusieurs fois par an et pratiquer sur elles des saignées. En effet, les juments gestantes produisent une hormone particulière qui, une fois injectée à d’autres bêtes, permet de synchroniser l’ovulation des femelles d’un bétail. Les juments sont donc engrossées plusieurs fois par an, on les saigne jusqu’à 10 litres de sang deux fois par semaine pour pouvoir prélever l’hormone, puis elles sont avortées sans anesthésie au bout de quatre mois de gestation.
Lorsque les juments atteignent l’âge de quatre ans, celles qui ont survécu sont tuées afin d’alimenter le commerce de la viande chevaline, notamment à destination de la France, sans que les consommateurs soient informés des conditions de vie de ces animaux !
L’hormone en cause rapporte gros : 10 000 euros la tonne ! Le sang est ensuite vendu à des multinationales pharmaceutiques européennes qui une fois de plus, montrent qu’elles ne respectent aucune réglementation française et européenne quand elles importent des produits depuis les pays extra-européens.
L’association Welfarm pointe du doigt l’illégalité de ces pratiques puisque ces fermes à sang ne respectent pas nos lois qui exige que les animaux soient surveillés par un vétérinaire pendant les trois mois qui précèdent les prélèvements de sang. C’est donc une défaillance de plus pour l’Union Européenne qui ne contrôle pas les directives qu’elle émet en matière de protection animale.
Si l’existence de ces méthodes pose question en elle-même, s’y ajoute la maltraitance contre ces juments, qui sont parquées dans des box et battues à coup de barre de fer. L’association qui a dénoncé ce scandale a donc retrouvé dans les élevages infiltrés des animaux amaigris, blessés, voire des cadavres jonchant le sol.
Alors que les négociations entre l’Union Européenne et le Mercosur vont bon train et qu’il est déjà en partie appliqué, les marchés européens vont s’ouvrir totalement sans qu’un contrôle sanitaire et réglementaire ne soit mis en place ! Ces révélations nous prouvent encore une fois que la mondialisation sauvage n’est pas contrôlable. Les consommateurs européens sont mis devant le fait accompli alors qu’ils refuseraient de consommer des animaux nés avec cette hormone ou de la viande chevaline élevée dans de telles conditions.
La France et l’Union Européenne ne doivent plus importer de marchandises dont ils ne peuvent contrôler parfaitement les conditions de production, a fortiori lorsqu’ils touchent directement à l’alimentation humaine, à la santé des consommateurs et à la dignité animale.
Par ailleurs, l’Union Européenne doit encourager la recherche afin de trouver une alternative aux saignées de juments, qui sont une pratique cruelle, avec par exemple une hormone de synthèse, pour mettre fin à ces pratiques particulièrement cruelles.
Anne-Sophie FRIGOUT
Déléguée Nationale à la dignité animale