Les images des Champs Elysées et de la place Charles de Gaulle, saccagés et en flammes, sont honteuses pour notre pays. Jacquerie d’un peuple au bord du désespoir comme l’affirment les commentaires? Complot de « l’ultra-droite », comme n’a cessé de le marteler le pouvoir? En vérité, il faut y voir la quintessence de la faillite d’un régime politique. Gilets jaunes ou casseurs? La violence, répugnante, se répand quand nul ne croit plus au pouvoir des urnes. Cette lamentable révolte est le fruit des élections biaisées de 2017, d’un second tour minable qui a privé les Français de choix respectable et d’un débat d’idées digne de ce nom, puis de la vertigineuse abstention aux législatives, abolissant de fait, la crédibilité de la démocratie française. Quand le Parlement en tant que creuset du débat démocratique, disparaît comme anéanti, les désaccords s’expriment dans la rue et par la violence. Cette catastrophe est aussi le fruit de la morgue et de l’arrogance d’une infime caste dominante qui, des « sans-dents » aux « fainéants », engluée dans son impuissance, a besoin du mépris et de la provocation pour exister. Elle résulte de la destruction de la politique au sens noble du terme, du gouvernement de la cité en vue du bien commun. La vie publique n’est plus que postures et propagande, ivresse de la vanité. Le pouvoir, dans l’objectif de sa perpétuation, n’a de cesse que de fuir la réalité et d’enfermer les Français dans une bataille imaginaire entre les lumières de la modernité réformatrice et les ténèbres du « populisme ». L’équipe dirigeante vit désormais dans l’obsession de mettre en valeur « l’ultra-droite » et le « lepénisme » pour s’ériger en rempart républicain. Mais qui est assez naïf pour se laisser abuser? Et pour croire à la « transformation de la France » alors que les déficits, le chômage, les impôts et les taxes, la dette publique ne cessent d’augmenter? Le spectacle immonde d’hier sur les Champs Elysée n’a rien d’un accident. Il correspond à une déliquescence générale de l’autorité, de la démocratie, de la solidarité nationale, de la crédibilité de la parole publique. Il traduit l’anéantissement de la confiance en l’autorité gouvernementale, la médiocrité morale et intellectuelle de la classe dirigeante. La tragédie n’en est malheureusement sans doute qu’à ses débuts.
Maxime TANDONNET