Le Conseil européen ne parvient pas à se mettre d’accord sur les prochains dirigeants de l’UE, en particulier à la Commission. La vérité, c’est que la classe politico-médiatique européenne, ou plus particulièrement française, refuse d’admettre l’évidence. L’Europe politique, la solidarité européenne est à l’agonie. Les Allemands sont, de fait, dans une logique de puissance hégémonique et de suprématie que nul n’acceptera jamais, les Britanniques sont en train de partir, les Français et les italiens sont en guerre larvée, l’Espagne fait jeu à part, les pays de l’Est, Pologne et Hongrie, sont entrés en dissidence. Il reste les institutions communes, la Commission, la Cour de Justice, les directives et les règlements. Un outil sans ouvrier, un moteur sans carburant, une organisation sans âme ne peut que dépérir à très court terme. L’Union européenne n’est plus qu’un champ clos d’affrontements violents entre des intérêts nationaux en dehors de toute vision prospective. Elle ne cherche même plus à sauver les apparences. Ce n’est pas être eurosceptique ni anti-européen que d’ouvrir les yeux et de faire un simple constat. Ce qui frappe, c’est l’étrange aveuglement à la fois des fédéralistes et des souverainistes. Les uns font naufrage dans l’imposture en vendant le rêve d’un monde qui n’existe pas. Les autres combattent un monstre impuissant et agonisant alors que les vrais problèmes sont désormais ailleurs. L’Europe, au sens de l’idéal de paix et d’unité authentique d’un continent face aux grands périls de l’heure (environnement, immigration, communautarisme, violence et terroriste, déclin démographique et économique), dans le respect des nations et avec le soutien et la confiance des peuples, est évidemment à repenser et à rebâtir, avec le Royaume-Uni. Mais avant d’y songer, il faut pouvoir ouvrir les yeux et nous en sommes bien loin.
Maxime TANDONNET