« Une ère nouvelle pour l’Europe » proclame le discours politico-médiatique dominant. Les ministres français s’en donnent à cœur joie: l’un prévient Poutine: « pas un pas de plus! » L’autre menace la Russie de « guerre économique » en vue de son « effondrement » et recule la queue basse quand un dirigeant russe lui répond que la guerre économique pourrait se transformer en véritable guerre. L’Allemagne annonce son réarmement massif et jongle avec les milliards d’euros. La présidente allemande de la Commission européenne décide des livraisons massives d’armes à l’Ukraine: en quoi la Commission européenne est-elle compétente sur les questions militaires? La présidente du PE annonce en grande pompe que la candidature de l’Ukraine à l’UE va être examinée dans l’urgence. La plupart des experts s’enthousiasment à l’idée que l’Europe serait en train de s’unir dans l’opposition à l’invasion de l’Ukraine. Malheureusement, cette ivresse n’est que la contrepartie de la peur – atomique – et de l’impuissance. La grandiloquence, les coups de menton, la valse annoncée des milliards d’euros, les gesticulations et les livraisons d’armes ne sont que le paravent de la faiblesse. L’exubérance vaniteuse n’est que l’autre face de la peur. Par-delà les postures et le spectacle, l’heure est particulièrement dramatique. Le vent de folie ou de bêtise qui souffle sur les esprits masque mal la tragédie en cours. Nul, parmi les experts et les dirigeants politiques (semble-t-il) n’avait rien vu venir de cette invasion. Cet aveuglement qui se poursuit et témoigne du déclin intellectuel des élites dirigeantes est de bien mauvais augure pour la suite. Les Etats-Unis font profil bas: l’inanité de leur réaction à la suite des menaces atomiques de Poutine contre l’Europe est préoccupante. Que feront-ils, si… Rien n’est plus incertain. L’effondrement économique de la Russie sera inévitablement celui de l’Europe occidentale. Si, comme il apparaît de plus en plus clairement, l’invasion de l’Ukraine relève d’un acte de folie sanguinaire de dirigeants russes aux abois et indifférents au sort de leur peuple, la menace nucléaire sur l’Europe, à plus ou moins long terme, n’a rien d’une plaisanterie. Un ours de papier? Aux dents nucléaires! Des jours bien sombres sont devant nous… Encore faudrait-il commencer par regarder la réalité en face, aussi sinistre soit-elle, plutôt que de fanfaronner bêtement et vainement.
MT