Etrangetés historiques, du Front populaire à Montcornet

 

  • M. Michel Onfray vient de créer une nouvelle revue qui sera consacrée à la défense du peuple contre la mondialisation capitaliste. Plusieurs personnalités l’auraient rejoint dans cette démarche: le pr Didier Raoult, JP Chevènement, Philippe de Villiers.  L’idée d’offrir une tribune à l’opposition anti-globalisation est judicieuse. Mais pourquoi ce titre, « Front populaire« ? Il renvoie à la majorité radicale-SFIO dirigée par Léon Blum, élue à la Chambre en mai 1936. Certes, la France lui doit des réformes sociales emblématiques, dont deux semaines de congés payés. Mais le Front populaire n’a pas laissé que de bons souvenirs. Fallait-il réduire le temps de travail de 48 H hebdomadaires à 40H alors que l’industrie de l’Allemagne hitlérienne se mobilisait pour produire des chars et des avions à des rythmes de 60H par semaine, ceux-là mêmes qui devaient terrasser l’armée française quatre ans plus tard. Cette même Chambre, élue sous le label Front populaire a voté en octobre 1938 à la quasi unanimité – sauf le PCF et une poignée d’hommes de droite dont Henri de Kerillis – la ratification des accords de Munich qui abandonnent la Tchécoslovaquie à Hitler, dans un grand élan d’euphorie (« la paix est sauvée! »)  Enfin, ce sont les députés issus de la Chambre du Front populaire, avec les Sénateurs, qui ont donné les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940 (sauf 80 parlementaires). Non, M. Onfray, franchement, vous n’auriez pas du choisir ce titre.
  • Le président de la République a célébré hier, lors d’une étrange cérémonie, le de Gaulle de Montcornet. Dans la grande débâcle de l’armée française du 12 mai au 14 juin 1940, à la tête de son régiment, le colonel de Gaulle obtient un succès militaire sur le site de Montcornet. Il n’empêche que cette bataille fait partie d’une déroute générale de l’armée française que des exploits individuels dont le sien n’ont pas suffi à empêcher. Laisser entendre que Gaulle et la résistance seraient nés à Montcornet, peut sembler hasardeux. Ils prennent vie lors de l’Appel du 18 juin 1940, l’instant sacré, et nullement avant. Il n’est jamais de bon ton de jouer avec l’histoire au prétexte de trouver des angles d’attaques originaux et de se faire remarquer. Triste cérémonie virtuelle d’ailleurs, destinée aux seuls média; emblématique cérémonie narcissique, sans le peuple.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction